Ecris : » Les deux femmes étaient seules dans l'appartement ».
-Très bien. Je vais écrire. Mais à une condition : va faire un tour. Il fallait que tu partes, je crois ?
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Ayant avisé une annonce dans la presse, elles se rendirent dans l'immeuble. L'affiche annonçait: « Appartement à louer. Huitième étage ».
Se dirigeant vers l'ascenseur, l'une d'entre elles bouscula malencontreusement le paillasson de l'appartement du rez-de-chaussée. Voulant le remettre à sa place, Lucia remarqua une clé qui dépassait. Elle hésita à peine, se saisit de celle-ci et ouvrit la porte. Sa compagne, Virginie, n'eut pas le temps de réagir, elles se retrouvèrent toutes deux à l'intérieur.
Les volets étaient clos. Lucia les ouvrit à moitié. Elles virent un salon aux murs capitonnés tel un fauteuil Chesterfield, de cuir marron clair. Les meubles étaient tous recouverts de housses.Y régnait une odeur de renfermé qui les convainquit que ces lieux n'étaient plushabités depuis longtemps.
Elles se concertèrent rapidement : l'appartement n'était pas occupé depuis belle lurette ; elles ne courraient pratiquement aucun risque à l’ habiter, pendant la durée de leur séjour dans cette ville moyenne du sud de la France. Tout au plus faudrait-il ajouter un entrebailleur, pour ne pas être surprises pendant la nuit. Mais elles jugèrent plus prudent de laisser les volets clos, pour éviter la curiosité des voisins. Heureusement, il n'y avait pas de concierge.
Elles passèrent ainsi quarante- cinq jours dans cet appartement très confortable, profitant de la lumière du jour pendant les promenades et au travers de la lucarne des toilettes. Puis, elles prirent conscience qu'elles étaient restées beaucoup plus longtemps que ce qu'elles avaient prévu à l'origine, se rendirent compte qu'elles n'étaient plus là par goût, mais juste parce que c'était gratuit. Elles, qui se croyaient désintéressées, étaitent catastrophées, écoeurées, prenant conscience, peut-être pour la première fois, de la mesquinerie de la nature humaine, leur nature.
On sonna à la porte. Glacées, elles ne bougeaient plus appréhendant le tour de clé qui les prendrait. Il n'y en eut pas, mais une lettre glissée sous la porte.
Virginie ouvrit l’enveloppe qui laissa échapper une feuille blanche ou presque. Elle la tendit à Lucia.
Marcel nous a quitté le 29 avril 2020 et c’est avec l’accord de son épouse et avec le souvenir de tous ses amis que nous sommes très heureux et émus de continuer à faire connaître ses textes et son talent que vous retrouverez sur ce compte. N’hésitez pas à vous y abonner, à partager ses textes, et à laisser des commentaires pour faire perdurer ses textes et son souvenir.