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Les contemplations, de Victor Hugo (Autrefois)
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XVIII

 

La querelle irritée, amère, à l’œil ardent,
Vipère dont la haine empoisonne la dent,
Siffle et trouble le toit d’une pauvre demeure.
Les mots heurtent les mots. L’enfant s’effraie et pleure.
La femme et le mari laissent l’enfant crier.

– D’où viens-tu ? — Qu’as-tu fait ? — Oh ! mauvais ouvrier !
Il vit dans la débauche et mourra sur la paille.
– Femme vaine et sans cœur qui jamais ne travaille !
– Tu sors du cabaret ? — Quelque amant est venu ?
– L’enfant pleure, l’enfant a faim, l’enfant est nu.
Pas de pain. — Elle a peur de salir ses mains blanches !
– Où cours-tu tous les jours ? — Et toi, tous les dimanches ?
– Va boire ! — Va danser ! — Il n’a ni feu ni lieu !
– Ta fille seulement ne sait pas prier Dieu !
– Et ta mère, bandit, c’est toi qui l’as tuée !
– Paix ! — Silence, assassin ! — Tais-toi, prostituée ! —

Un beau soleil couchant, empourprant le taudis,
Embrasait la fenêtre et le plafond, tandis
Que ce couple hideux, que rend deux fois infâme
La misère du cœur et la laideur de l’âme,
Étalait son ulcère et ses difformités
Sans honte, et sans pudeur montrait ses nudités.

Et leur vitre, où pendait un vieux haillon de toile,
Était, grâce au soleil, une éclatante étoile
Qui, dans ce même instant, vive et pure lueur,
Éblouissait au loin quelque passant rêveur !

 

Septembre 1841.

 

Publié le 15/07/2025 / 8 lectures
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