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1Q84, Livre 1, avril-juin

De Haruki Murakami

Chroniqué par Léo
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C’est par « 1Q84 » que je viens de rentrer le travail littéraire d’Haruki Murakami. Un livre qui a fait sensation à sa sortie puisque le premier tirage s’est épuisé le jour même de sa sortie, avec plus d’un million d’exemplaires vendus en un mois, vertigineux.

L’occasion pour moi de découvrir l’auteur et de tenter de comprendre un tel phénomène. À noter avant toute chose que j’ignorais que l’histoire se déroulait sur 3 livres (bien que l’indication « livre 1 avril — juin » sur la couverture le laissait présager). Raison pour laquelle, bien que l’on ne peut que reconnaître l’écriture soignée de l’auteur, j’ai trouvé qu’il y avait de grosses longueurs…

Le livre s’articule sur deux destins.

Celui d’Aonamé une coach sportive qui a pour activité secondaire d’être une tueuse d’hommes jugés à travers le réseau à laquelle elle adhère comme étant coupable de violences conjugales et/ou de violences sexuelles. Une technique élaborée permettant de faire passer les exécutions pour des morts naturelles.

Celui de Tengo qui enseigne la mathématique et qui est également aspirant grand écrivain, en prêtant sa plume à Eri, une adolescente qui concoure à un prix littéraire qui renferme des secrets à travers ses personnages les Little people. Ils vont remporté le concours et s’apercevoir qu’Eri dont les parents semblent avoir disparu (elle est avec le professeur Ebisuno) et dont son passé récent passé dans une secte semble être l’épicentre de bien des phénomènes, parmi lesquels on croit comprendre que certains semblent être fantastiques (bien qu’ils soient très inquiétants).

Une intrigue de fond, en fil rouge, fait apparaître à travers certains détails un grand bouleversement à venir :

« Pourtant elle nageait en pleine confusion, même si elle s’efforçait de ne pas le montrer. Une succession de faits dont elle ignorait tout s’étaient produits dans des lieux dont elle ignorait tout. Jusqu’à il y a peu, le monde était encore bien ordonné, elle l’avait bien en main. Il n’y avait ni rupture ni contradiction. À présent, il partait en lambeaux. »

Comme si le monde se scindait en deux (un monde avec une lune et l’autre avec deux lunes), comme deux mondes parallèles, mais intriqués, puisque l’un peut engager des changements dans l’autre :

« À un point donné, le monde que je connaissais a disparu, ou bien s’est retiré, remplacé par un autre. Comme s’il avait été aiguillé ailleurs. En somme, la conscience qui est la mienne en ce moment appartient à celle du monde originel, lequel, cependant, a déjà cédé sa place à un autre. Les altérations qui ont eu lieu sont pour l’instant limitées. La plus grande part de ce nouveau monde a été détournée telle quelle du monde originel que je connaissais. Elle ne me porte donc pas vraiment préjudice (jusqu’ici, presque pas) dans mon quotidien. Pourtant, cette “part modifiée” aura comme conséquence de faire surgir de plus en plus d’écarts importants dans mon environnement. Les erreurs iront progressivement en s’amplifiant, et, selon les cas, ruineront la logique de mes actes et me feront peut-être commettre une faute mortelle. Si cela arrivant, cela serait pour moi, littéralement, fatal. Parallel world. ».

Et c’est à peu près tout pour cette première partie de 550 pages.

Murakami c’est du temps long et de très nombreuses pages allouées à la présentation des personnages : les 150 premières pages y sont totalement consacrées. On sauterait ces pages interminables que l’on pourrait totalement comprendre l’intrigue. J’ai eu la désagréable sensation de lire du probable remplissage pour vendre des pages, de récurrentes scènes de sexe, pour vendre également, très probablement, bien d’autres pages…dans un livre qui aborde des thématiques très actuelles, sérieuses et à enjeux comme les violences faites aux femmes et aux enfants, les sectes ou encore la quête d’alternative à nos sociétés décevantes. Ce sont ces ingrédients, ainsi que l’intrigue prometteuse qui, je pense, ont provoqué un tel raz-de-marée faisant de l’ouvrage un best-seller. 

On y lit également la culture et la psychologie japonaise, l’intérêt de l’écrivain pour Tchekov et Dickens qu’il référence à plusieurs reprises, les Ghiliak ainsi que les rapports compliqués entre les parents et les enfants, entre une génération soumise et la suivante prête à renverser la table des conventions…

Et puis c’est de nouveau tout. Définitivement.  La renommée de l’auteur me faisait m’attendre à bien plus, beaucoup plus, pour être très honnête et si je n’avais pas comme règle de ne pas juger sans avoir été au bout des œuvres, je me serais arrêté là bien déçu. Je vais donc lire les deux opus suivants avec l’espoir qu’ils seront bien plus intéressants que cette trop longue introduction. Je détesterai ressortir avec l’idée que Murakami est un simple producteur de pages à vendre.

À suivre, dans les deux autres livres parallèles qu’il me reste à découvrir… avec bien des questions en suspens, combien même elles semblent faire partie du processus d’écriture revendiqué de Murakami via Tchekov qui semble l’influencer :

« Le romancier n’est pas quelqu’un qui résout les problèmes. C’est quelqu’un qui pose les questions. » C’était sûrement Tchekhov qui avait dit cela. »

Dans l’espoir d’obtenir non pas la résolution de problèmes, mais quelques idées et pensées novatrices qui rattraperaient le coup de cette entame à mes yeux très surfaite et par conséquence frustrante.


Publié le 27/09/2025
Commentaires
Publié le 28/09/2025
J'aime bien quand la description s'étire, quand le récit n'est pas simple,quand il y a des aspérités. J'aime cette ambition et la quête de sens. C'est un livre qui bouleverse, qui provoque, qui questionne. Nous sommes plongés dans le Japon à moins que ce soit dans notre propre labyrinthe.
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