Autre incontournable qui siégeait dans ma pile à lire depuis fort longtemps « Le prince » de Nicolas Machiavel, une forme de traité politique pour prendre le pouvoir… et surtout le garder.
C’est en quelque sorte en "consultant en management" que Nicolas Machiavel a écrit « Le prince » après avoir été emprisonné puis exilé pour un complot fomenté par ses amis. De la pratique à la théorie en quelque sorte.
Pour Machiavel, « le désir d'acquérir est sans doute une chose ordinaire et naturelle ». Et c’est en toile de fond avec son expérience italienne via Borgia, Sforza, les Orsini, les Visconti mais aussi l’incontournable papauté avec Jules II, que Machiavel construit son exposé. Et, préciser qu’en terme d’influence, que Nicolas Machiavel est né et mort à Florence. Si vous souhaitiez lire des livres sur cette période alors ce livre de Machiavel vous offrira de nombreuses clés pour saisir les ejeux et les stratégies menées sur cette période historique très riche.
On y découvre les sortes de principautés existantes et comment les conquérir « Il faut seulement que celui qui s'en rend possesseur soit attentif à deux choses, s'il veut les conserver : l'une est d'éteindre la race de l'ancien prince ; l'autre, de n'altérer ni les lois ni le mode des impositions: de cette manière, l'ancienne principauté et la nouvelle ne seront, en bien peu de temps, qu'un seul corps. »
Ce qui est intéressant c’est de s’apercevoir que les colonies jouent un rôle essentiel et important dans la stratégie de conquête et l’on comprend pourquoi le terme machiavélique est né par extension de l’auteur :
« e meilleur moyen qui se présente ensuite est d'établir des colonies dans un ou deux endroits qui soient comme les clefs du pays: sans cela, on est obligé d'y entretenir un grand nombre de gens d'armes et d'infanterie. (…) il ne blesse que ceux auxquels il enlève leurs champs et leurs maisons pour les donner aux nouveaux habitants. Or les hommes ainsi offensés n'étant qu'une très faible partie de la population, et demeurant dispersés et pauvres, ne peuvent jamais devenir nuisibles ; tandis que tous ceux que sa rigueur n'a pas atteints demeurent tranquilles par cette seule raison ; ils n'osent d'ailleurs se mal conduire, dans la crainte qu'il ne leur arrive aussi d'être dépouillés. En un mot, ces colonies, si peu coûteuses, sont plus fidèles et moins à charge aux sujets »
Faisant écho à des situations contemporaines que nous pouvons constater.
Ce que j’ai découvert aussi, c’est le principe de l’étisie que l’on retrouve également dans bien des situations de nos quotidiens :
« C'est une maladie facile à guérir, mais difficile à connaître, et qui, lorsqu'elle a fait des progrès, devient facile à connaître, mais difficile à guérir. C'est ce qui arrive dans toutes les affaires d'État : lorsqu'on prévoit le mal de loin, ce qui n'est donné qu'aux hommes doués d'une grande sagacité, on le guérit bientôt; mais lorsque, par défaut de lumière, on n'a su le voir que lorsqu'il frappe tous les yeux, la cure se trouve impossible. Aussi les Romains, qui savaient prévoir de loin tous les inconvénients, y remédièrent toujours à temps, et ne les laissèrent jamais suivre leur cours pour éviter une guerre : ils savaient bien qu'on ne l'évite jamais, et que, si on la diffère, c'est à l'avantage de l’ennemi. »
Une belle partie instructive est aussi consacrée aux milices et aux mercenaires que je ne vais pas développer ici mais qui en vaut aussi la lecture.
Je vous parlait plus haut de « management » et c’est aussi ce qui est intéressant dans l’ouvrage car ce sont des hommes qui agissent et qu’il est nécessaire à cet égard d’avoir des connaissances sur la nature humaine. Machiavel propose des façons de se conduire, notamment pour acquérir de la réputation, aborde la question de la cruauté et de la clémence, apporte une réflexion sur le fait d’être haï et méprisé, de l’impact des flatteurs etc…
Et comme pour beaucoup d’ouvrages, la femme en prend également pour son grade : « Je pense, au surplus, qu'il vaut mieux être impétueux que circonspect; car la fortune est femme : pour la tenir soumise, il faut la traiter avec rudesse; elle cède plutôt aux hommes qui usent de violence qu'à ceux qui agissent froidement : aussi est-elle toujours amie des jeunes gens, qui sont moins réservés, plus emportés, et qui commandent avec plus d’audace. »
Ce livre est à la fois vieux et dépassé et étrangement très au gout du jour sur certaines de ses thématiques comme citées précédemment. Ce qui en fait un livre très intéressant mais loin d’être incontournable à mes yeux, d’autant plus que l’avènement du numérique dans nos sociétés modernes a complètement redistribué les cartes et comme nous le voyons à l’heure où les conflits se développent, des enjeux et méthodes bien différentes ; tout comme les ressources qui on consdérablement changé nottament au moment de la révolution industrielle, et désormais sur les fameux composants électroniques sur laquelle repose de plus en plus nos sociétés.
Le livre est court (moins d'une centaine de pages) et c'est pourquoi je vous en recommande la lecture. Et si vous voulez une synthèse du livre, s’il vous prenait l’envie de partir à la conquête d’un vaste pouvoir, voici les erreurs à ne pas commettre :
« Ainsi Louis XII avait fait cinq fautes en Italie : il y avait ruiné les faibles, il y avait augmenté la puissance d'un puissant, il y avait introduit un prince étranger très puissant, il n'était point venu y demeurer, et n'y avait pas envoyé des colonies. »