Concert pour une âme en feu
Par Mich
Un jour, j’ai entrouvert les fenêtres de mon âme,
et toutes les musiques du monde s’y sont engouffrées.
Elles ne m’ont plus quitté depuis.
Korsakov a ouvert le bal.
Un orage dans la poitrine,
des éclairs aux tempes,
des tambours aux chevilles.
J’étais vivant. Sherazade un ouragan qui mène vers la plénitude.
Puis vint Debussy,
comme une pluie fine sur l’asphalte.
On aurait dit que les gouttes chuchotaient :
“Tout va bien, tu peux rêver.”
Chopin m’a cueilli
pour une promenade lente,
entre deux soupirs de piano.
Bach, lui, n’a rien demandé.
Il est entré en majesté.
Ses messes étaient des cathédrales.
Et ses concertos brandebourgeois…
ah, ces concertos-là !
Ils reviennent,
reviennent encore,
On croit les avoir perdus,
et les revoilà,
sautillant dans les allées baroques,
violons sous le bras et clavecin dans les poches.
Ils résonnent encore et encore ne voulant laisser leurs places.
Vivaldi a fait tourner les saisons comme des robes.
Printemps, été, automne, hiver
il dansait dans mon salon.
Rossini, fidèle à lui-même,
a posé un opéra dans mon boudoir
Il y avait du champagne dans les notes,
et des chants fabuleux que Pavarotti en faisait trembler les murs
Satie, à son tour discret,
est venu déposer une Gymnopédie
sur mon oreiller.
Un seul doigt sur le piano.
Et c’était tout un monde qui respirait.
Tchaïkovski, lyrique et sensible,
Déposa un cygne sur mon lit.
Blanc. Fragile.
Il a tournoyé dans ma nuit
comme un rêve d’enfance inabouti.
Stravinsky, au contraire,
m’a réveillé d’un coup.
Le Sacre du printemps.
Pas un ballet : un cataclysme.
Je suis né une deuxième fois.
En oiseau de feu.
Et pendant ce temps,
les rhapsodies, hongroises, in blue
sautaient dans les couloirs de ma tête.
Adaggios, préludes,
chaque silence était une respiration d’éternité.
La messe en B mineur de commença à vouloir balayer le reste et le requiem de Mozart qui n’était pas encore entrer dans la danse voulait prendre l’avance et étouffer lui aussi tout le monde
Inutile dis-je vous avez tous votre place pour faire vibrer mon être.
Et là…
Berlioz s’est avancé,
la Symphonie fantastique dans la poche,
décidé à sacrer l’amour,
ou la folie,
ou peut-être les deux.
Et j’ai applaudi.
Puis Wagner, en titan,
a tout balayé.
des océans déchaînés,
des héros qui tombent
sous des éclats d’harmonie.
Enfin Holst, dans un souffle,
a murmuré :
“Regarde… ce sont Les Planètes.”
Et je les ai vues.
Mars. Vénus. Jupiter.
Chaque note, un astre.
Chaque silence, une orbite.
Et quand le silence est revenu,
je me suis surpris à sourire.
Car j’ai compris que ces musiques-là,
ces fragments d’infini,
étaient peut-être,
simplement,
ma façon à moi
de continuer à respirer.
Je me suis retrouvé
Dans les jardins de Vienne
Un rêve fou
Tous les compositeurs ensemble
Dirigeants chacun leur orchestre
Pour que je devienne
L’enfant nu parmi eux
Je ne voulais perdre aucune clé de sol, note, blanche ou croche, ni un soupir
Pour l’amour fou de ce feu d’artifice de musique où les partitions s’envolent vers les étoiles.
Un concert de vie pour la vie
Le concert pour la vie, pour l’amour de nous