Au Professeur Paul Lucien Lacarrière, qui a contribué à l’initiation et une meilleure connaissance des classiques modernes de la Caraïbe hispanophone en introduisant l’étude des littératures dominicaine et cubaine du XXème siècle en sciences de l’Éducation. Grâce à son invitation sur le campus de l'Université Quisqueya, j’ai pu rédiger la note du jour.
J’ai lu ce matin sur Herodote, «Joyeux 14 juillet ! La fête nationale du 14 juillet»…
Il est toujours instructif de rappeler que la France emblématique a eu, pendant de longues décennies du XXème siècle, une histoire haïtienne fantastique. Aujourd’hui, avec la toute puissance des programmes d’exil économique, soigneusement planifiés vers les États-Unis d’Amérique, l’historien honnête s’interroge si les cahiers de chansonnettes, les revues et les disques français eurent une existence quelconque à Port-au-Prince ?
L’enseignement de la langue française fut aussi chose sérieuse, à un moment de l’histoire intellectuelle d’Haïti. Je me suis offert comme exercice ce dimanche matin le rappel d’une centaine de titres et d’auteurs dont me parlait mon père, lesquels atterrirent chez nos libraires d’alors ((La Caravelle, Max Auguste, La Pléiade, Louisdhon, Aux Livres Pour Tous, l’Action Sociale, Phénix, Au Service De La Culture, etc.) sur recommandation du Docteur Pradel Pompilus. Parmi les auteurs célèbres: Albert Dauzat (linguiste); Maurice Grevisse (linguiste); Ferdinand de Saussure (linguiste). Il fut une époque où Port-au-Prince occupait une place de qualité à l’agenda des maisons d’édition françaises, qui prenaient plaisir à y dépêcher leur délégué régional. Une époque, où l’Institut Français (local Bicentenaire, Avenue Harry Truman), était un foyer de formation intense, dans notre capitale avec une dizaine de salles de cinéma, dont certaines fonctionnaient jusqu’à minuit.
Le jeudi 19 février 1976, le Dr. Pradel Pompilus introduit Léopold Sédar Senghor à l’occasion de la conférence du Président sénégalais à l’Institut Français (Bicentenaire). Je vous parle du Dr. Pompilus, car il symbolisait l’enseignement de qualité dans le pays d’hier. Lorsqu’au deuxième trimestre de 1979, je m’aventurai à causer avec une demoiselle de son collège, le Centre d’Études Secondaires, j’étais sincèrement paniqué. Je ressentais ce quelque chose à l’estomac, comme si brusquement j’allais me trouver en panne de français et de «conversation», tout simplement. Ces professeurs extraordinaires étaient parvenus à envelopper leurs élèves d’une mystique impressionnante (la Sorbonne, l’Académie Française, le Quartier latin, etc) laquelle aujourd’hui encore fascine quelques uns.
Gilbert Mervilus