Conférence-Spectacle :
ÊTRE OU NE PAS ÊTRE
(projet pour le Off du festival d'Avignon)
MATERIEL :
-scène au noir
-flûte
-régie : lumières programmables
-voix off pré enregistrée
-fleur artificielle : très belle avec tige
« plantée » sur scène
-tenue de scène sobre et claire
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(lumière sur la fleur disposée sur scène)
(Voix off) :
« ETRE OU NE PAS ETRE »
(spectacle libre d'entrée... et de sortie........)
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(entrée en scène : par la droite en passant derrière la fleur. Autre éclairage sur l'act(eur)rice + éclairage de scène sobre)
(indication de jeu de scène : dans les échanges entre les « deux » personnages fictifs faire en sorte corporellement que le « protagoniste » tourne plutôt le dos à la fleur en s'adressant au récitant).
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(découvrant la présence des spectateurs)
Ah ! ... Vous êtes là ! ....... Ah Bon ! ...
Bonjour !
Merci d'être là,...,assis là, ......, si las pour certains ... !
(Il est vrai que le métier de festivalier est ... éprouvant ! ...
D'ailleurs, ce n'est pas donné (mime) à tout le monde ... festivalier ! ...Huum .. !)
Mais ! ... Vous pourriez être ailleurs ! Vous êtes là ... c'est donc un choix !?...
Votre choix ! ... Votre choix ?... ?
Attention ! ... Ahttention ! ... Ah .. tensions !....(mime)
Ici ! ... ça craint !
Ca ne coûte rien, mais ... (Principe de Précaution oblige ...), il y a un Risque !Vous pouvez partir,... maintenant, tout de suite , ou quand vous le voudrez, à n'importe quel moment, ou ... à la fin, ou à la ... faim ... (mime)
De toute façon, à la fin,... il n'en reste qu'un ....
Puis ... plus rien ... plus personne ; le vide obscur et silencieux : la scène ... sans scène, à l'état brut, potentiel, virtuel....
De toute façon vous allez partir, ... (mime) car c'est ainsi, c'est la loi du genre ; la convention !
Vous partez toujours, à la fin, quelle que soit la fin : du spectacle, des spectacles, de tous les spectacles où vous allez, ..., irez, ... de la vie même, du spectacle de la vie, nos vies, ... Votre vie ... ! Vous partirez....
Donc ! Attention ! À rester ici il y a un risque ...
Vous êtes prévenus ...
Do-Re-(flute) navant ; dorénavant !
Doré-navrant ! ................
Quel risque ? Pfff ... Le pire qui soit : un risque ex-is-ten-tiel !!
Alors vite, vite, courez ! Les jambes à son cou ou comme un dératé, mais sauvez-vous, vite ! : sauvegarde, prévention, sécurité : Principe de Précaution ! ...
Bon ! ... Vous êtes là encore ? Là, (las ...si las ...), ici et maintenant ! : Spectateurs, ou... Sp-êtres-ateurs ? ou ... Spectres-acteurs !..... (Je vous l'avais dit : ça craint).
Alors ... Allons-y !
.... Être ou ne pas Être .... C'est le moment de trouver, peut-être une réponse à cette foutue « question », puisque : « that is the question » ! .....
Pouf ! ... (Sakespeare oblige ! ...) ... ! ...
-Alors nous voilà encore embarqués dans un de ces remaques shakespeariens d'Avignon ?)...
...Oui ..., c'est bien possible ...
-« Mais que diable allaient-ils faire dans cette galère ? »
Ca c'est plutôt Molière : l'Avare, pas Shakespeare. (Fuyez vous dis-je !)
Là, ici, maintenant, oui ..., ou avant, ou après, c'est pareil : nous sommes, étions, serons tous spectres-acteurs ... (de toute façon).
Oui ? Que dites-vous ? Oui,oui, vous là ... qui pensez... au lieu d'écouter, ben dites ! Venez, là,... dire ; venez, si, dites, venez dire : c'est un spectacle libre et interactif. Alors n'hésitez pas : prenez la parole,
affirmez questionnez, contestez, montez sur scène, c'est une scène, c'est la scène ... la scène de la vie : ...
« Here the scene takes place » ! ... So !...
Oui, que dites-vous ? (mime) ... Que nous disons-nous en ce fort intérieur qui est nôtre ?
Fort ! Fort ! Fort et ... intérieur !
Ah que se passe-t-il donc à l'intérieur !? ......
Imaginez, ... voyez ! ... L'aube d'un miracle : le miracle de la vie. Ici, sur cette terre ... La vie là, et là, et là, qui va, qui vient, qui foisonne et devient sans cesse plus et plus encore,... multiple, encore et encore, dans tout ce qui est possible ... et se réalise, puisque : possible ... dans une variété de formes ... infinie, une exubérante diversité ... tout cela relié par le fil ténu de l'évolution dans des écosystèmes variables, mouvants, fragiles, improbables ...
La vie invente, s'adapte, anime la matière et disparaît ... et réapparaît ...
Dès qu'il est envisageable le lien s'opère : la vie devient matière, la matière donne la vie ... Miracle étonnant ! Si improbable et délicat, et cependant renouvelé ...,organisé pour durer ... et se reproduire !, par delà l'existence fragile de ses manifestations, toujours éphémères ...
Incroyable ! (nekredeble ! en esperanto), ... tout ce qui vit ... meurt.
« Mais ... ça vit ! Ca est vivant ! ... hum ... Si ça vit, ... ça peut ... mourir ! » dit Gollum ...
Tout ce qui vit meurt ... mais pas la Vie !... Tant que cela sera possible, la vie elle, se perpétue, alors que tout ce qui vit, a vécu, s'efface ... quitte la scène ...(mime) inexorablement !
Chaînes d'acides aminées ... vie unicellulaire (paramécies, colpidiums ...), pluricellulaire (planctons...),
invertébrés (mollusques), vertébrés (poissons), et puis, ...dès qu'un peu de sec apparaît : lichens, moisissures, végéteaux, animaux (rampants, courants, volant, herbivores prédateurs), et puis ... ! Mais ...on verra plus tard...
A toutes ces formes de vie la même réalité, le même parcours, durant mille et mille millions de parcelles de temps : vivre ... puis ... ne plus vivre : mourir ...
de mille et mille façons ... de peur, de vieillesse, de faim, d'accident, de cataclysmes, de maladie, de désespoir, d'extinction etc.etc...
Mourir, oui ! ... Mais se reproduire aussi et avant tout ! Annuler ainsi l'échéance, l'inéluctable... Se perpétuer, perpétuer ... : la vie ! ....
Vivre au delà,... par delà,... exister ... au delà même de l'existence ...
Toutes formes vivantes, grouillantes, déterminées ... opiniâtrement, à perdurer dans la fragilité ...
Vie !: ...Toujours ! Aléatoire !...: toujours !
Toutes ces existences si brèves confrontées à cette réalité de l'échéance ...
s'en rendent-elles compte ? Le savent- elles ?
Tous ces spectres-acteurs savent-ils ? Perçoivent-ils leurs conditions précaires de vie , limitée, et qu'en font-ils de cette connaissance éventuelle, et surtout ... de cette existence ?
Pour toute forme de vie la question se pose... La question ? Non. Pas vraiment la question ... Le fait ! Le fait de l'existence : le fait de mourir parce que l'on existe, ... ou d'exister parce que l'on meurt.
Pas une question,... un fait !
Aille ! Aille ! Ouh ! ... Là ça fait mal ...
Mal à qui ?... Mal acquis !
Bof ! Ni bien ni mal acquis ... On n'en parle plus : c'est un fait !
Être ou ne pas être ? Mais qui va nous parler de l'être enfin ?!!
Moi ! ... ? Vous ? ...
Allons-y ! : être ?, ...oui être, ne signifie pas seulement vivre ; non !
(Et pour ceux qui pensent : être, sous prétexte qu'ils sont là,... en vie,...(mime) envie. !.., en bonne santé, nantis, compte en banque à l'appui, ... à l'abri ... sans doute il vaudra mieux sortir, certes, avant de trop souffrir !) .....
Être ... (soupir) !
Donc, dans tout ce fatras de vie exubérant et foisonnant apparaît : L'humain !
Oh la ! ... Pas comme ça, pas directement, non ! Pas du tout... Pas si simple, ah non ! ....(Vous avez compris qu'ici on ne donne pas dans les cosmogonies bibliques ou autres, où l'apparition de l'Homme s'impose d'un ... clic !, sans pour autant, ...vous le verrez,... privilégier des thèses évolutionnistes ...)
Non ! Il a fallu bien des circonvolutions d'évolutions évolutives ... Hé oui !
On passe par le lémurien, ..., les singes, ..., les grands singes ... évolués !... les grands, alors là : les grands-grands singes ... très évolués, ... (hé !, c'est l'évolution ! ...), et nous arrivons à ... Nous !(mime)
Oh la ! ... Oh la la ! Ca fait mal ! ...Mal à qui ? Mal acquis !...
Bref ! .... Bref ; nous voilà : espèce humaine, douée de tous les dons, qui ne va pas tarder à le savoir, ..., qui le sait, et se déclare donc : supérieure. Supérieure ! C'est à dire : au dessus de tout ..... !
Bien incapable au final de quoi que ce soit de pertinent : gérer, s'adapter, évoluer, agir, faire avec ce qui est ! ... par exemple : en respectant, s'intégrant, s'harmonisant, à cette ... planète ! ... et son vivant ! ...
Nous humains, qui revendiquons le titre d'êtres humains !... Capables en quelques générations de mettre en péril tout ce qui vit ici bas ... et le reste !! ....
Quelle arrogance, quelle suffisance, quel orgueil ... à nul autre pareil ! ...
Une espèce de singes ..., (en tout cas ... singiforme), qui s'arroge les pleins pouvoirs sur tout, oui..., Tout ! et qui plus est : les pleins pouvoirs ...« de Droit Divin » !
... Ah ! ...Oh ! ... Ah oui ! ... Là,... ça l'fait ! ... : « De Droit Divinnn ! », ( Imparable !, très utile! ... : dont on s'est beaucoup servi,... et dont on se sert encore beaucoup ... : Le Droit Divin !).
Espèce supérieure donc :
Car ... on pense ; car on parle, car ... on rit ! Hé hé! Ca vous la coupe, ça : le rire ... le propre de l'homme ...!
Comme si les autres ... (formes de vie), ne riaient pas de joie de vivre, ne parlaient pas, ne communiquaient pas, ne ressentaient pas ... ne ... pensaient pas...
C'est quoi ça, ..., cette suffisance, cette vanité, cette arrogance, cet orgueil ... fatal ?! Ce n'est rien, ..., que l'humain, qui passe ..., et trépasse...,et au passage pollue les eaux, déforeste à tout va, modifie même la génétique du vivant, bouleverse tous les équilibres, jusqu'à épuisement des ressources, jusqu'aux catastrophes climatiques...
Tout cela accompli sans vergogne et en toute légitimité , en tant que «Sommet de la Création Divine » : le sixième jour ! (puisque le septième on se repose !...). Ah ! La problématique du sixième jour !!! ....
Mais où est le problème ?...
Pourquoi une telle espèce, douée de tant d'attraits
Engendre de tels périls, et ne renonce jamais.,
Et sans cesse plus profond, dans l'erreur s'égare
Et sans le moindre doute ... du réel se sépare
Sans autres formalités que ces réalités
Que sans répit elle crée, for-te de ses pensées.... ?
.......
Oui, des alexandrins, ..., pour vous,... mais pas de RACINE...., (non ...)
Non ! ... ....... ....
Do-Ré- navant !(flute) ... Dorénavant :
L'espèce humaine est-elle sauvable ? ... (Non ! ; ... Non ? .... A moins !.... !)
(flute) Do-Ré- navant ..... d'accéder à l'être ! Ah ! .... Être ou ne pas Être, c'est bien là ...la question ! ...
Mais pourquoi ? Comment ? Qu'est-ce : être ?...
Réponse !: .... être, c'est ! (sourire)... se situer, s'établir, dans le lien existentiel
permanent et en permanence ouvert ... à la conscience ....
-Oh là,là ... Ohh !!... Oh !.. comme il y va !. : la conscience ; la totalité de ce qui
Est ! ... Tout d'un coup là ... Oh !!!
-Mais si !
Sauf que : ... ce lien ne se comprend pas, ne se construit pas avec la tête,... non ..., mais il se découvre ,... sans trop de peine, ..., avec le cœur.
-Quoi !!?... Le muscle cardiaque !
-Oui, pourquoi pas, mais c'est aussi au-delà de cela ... : le cœur,...c'est le ressenti qui provient de l'être intérieur ...
-Quoi !!? ...Il ... y ...a ... un être à l'intérieur de.. Moi !
-Oui, ..., on peut voir cela ainsi, mais c'est aussi, au delà de cela ... : ce que l'on perçoit, par le ressenti intérieur... qui provient de l'être....
-Mais, Je ! , ressens des tas de choses ! Que je déteste, ... Que je hais ! ... que je désire, qui me frustrent, qui me font rire ou pleurer, qui m'exaspèrent, ou me font espérer ..., qui m'attristent, me réjouissent, me .. font jouir ! (Oh ! Zut!)...(mime)
-Oui, ... ce sont des affects, des émotions ... Ces émotions, produites par le mental qui reçoit, analyse les stimulations perçues par les sens, ...les interprète à sa façon : selon l'éducation, la culture, les croyances :
l'apprentissage de la vie, l'histoire personnelle, les conditionnements ... acquis au long de cette expérience .. : existentielle ..., puis, livre ensuite ce genre de réponse (mime) sur le mode réactionnel ... :
Ensuite, les chaînes de causes/conséquences peuvent prendre des proportions ... considérables ! ... Jusqu'à la folie ! .... individuelle ou collective.
Oui, c'est ainsi que le mental fonctionne et nous fait fonctionner, ..., mais être ! ... c'est autre chose ! ...
C'est ressentir ;... et ressentir ce n'est pas éprouver des émotions avec son mental, non, c'est percevoir ce qui est à partir de ce qui est !
-Mais qu'est-ce que cela veut dire à la fin !?
-A la fin , ou à la faim, ... ou à la faim de ressentir ...enfin ! ?
Être !....
Tout ce qui est, ..., est, ... et se trouve relié à ... tout ce qui ... est !
-Comment cela ? ...
-Tout ce qui est ... est et est ... dans Tout ; en quelque sorte : tout est dans tout et réciproquement ... : tout est ... Tout.
C'est clair !?
-Non .....
-Bon !... : du fin fond de la galaxie la plus lointaine à l'extrémité de l'ongle de notre petit orteil tout ce qui existe se trouve en lien,... est relié par la conscience ..
la conscience qui relie tout ... à tout ... !
-(Silence consterné et dubitatif) ....
-(Les « énoncés du changement » expliquent très bien cela !) .......
Bien sûr vous connaissez les « énoncés du changement » ??...
- ....(moue dubitative)
-Non !!?? ...Alors vite tapez, ... tapotez sur votre moteur de recherche : « énoncés du changement », .., voilà,... c'est simple : vous arrivez sur un site qui ne paye pas de mine, oh non ! ... et, là ... vous saurez ... tout sur tout, mais surtout ... allez-y ; vous verrez... ! ( chuchoter) ( vous trouverez même, dans le menu du site, le texte de ce spectacle pour ceux qui aimeraient le lire, le faire connaître et pour toute actrice ou acteur qui souhaiterait le porter sur scène).
Les « énoncés du changement » ont précisément pour but l'ouverture du mental à la conscience ....qui comme on l'a vu, relie tout à tout ! ...
-Oups ! ... Mais alors : si je suis Tout, si d'une « poussière d'étoile », (comme dirait Hubert ... Reeevses),..., je deviens ... Moi, ou Toi,..., ou Tout,..., tout le reste ....
Pourquoi je ne m'en rends pas compte ! ?; à quoi ça sert ? (qu'est-ce que ça me rapporte?) ...
-Et voilà bien la question posée, cette fois ! ... Être...sans le savoir ! :
« That is the question ! ».
(...Othello : ... « Je suis ce que je suis, ... Je ne suis pas ce que je suis, ... Je suis ce que je ne suis pas, ... Je suis ce que je suis. ) ...
Comment se fait-il que Nous ! Humains ... espèce supérieure entre toutes !...
ne nous sachions pas ...être ?! Comment se fait-il que même en notre « fort intérieur » si chéri, nous ne puissions retrouver l'être qui nous fait être ... car nous sommes tous, sans le savoir ... comme monsieur Jourdain, pour sa prose, (Ah ! Molière ...) : nous faisons de l'être ... sans le savoir, « à l'insu de mon plein
gré » en quelque sorte ... :
Nous sommes : inconscients d'être conscient !.... ( inconscients d'être :en Conscience ...) !!! ....
-Quelle affaire ! ...
Mais !... n 'y a-t-il pas ... un risque à aborder ce genre de problème, à vouloir creuser, ..., un risque à trop y réfléchir... ?
- Si ! Et vous étiez prévenus ! .... ! (Rappelez-vous , au début...). Maintenant on ne peut plus reculer, on yva, on assume, ensemble, ce risque ... e-xis-ten-tiel ! ... Allons ! Courage ! Mais avant d'affronter, peut-être, (c'est vous qui déciderez) ... ce fameux risque existentiel, examinons un peu, pour voir, le risque à continuer à penser et agir en se coupant de l'être conscient, comme désormais nous avons pris l'habitude de ... vivre :
Coupés, coupés, de la relation à l'être nous sommes, nous, humains, humanité, dans son ensemble séparée de la relation à l'être c'est à dire à ce qui est : le réel ! ..., et ceci depuis ... des milliers d'années ! ...
Oh ! Il n'en a pas toujours été ainsi, non ! Cette fragile espèce singiforme, nue, et soumise aux rigueurs d'un environnement si souvent hostile, rempli de dangers multiples, de prédateurs redoutables, pour survivre, simplement survivre, a du, on s'en doute, utiliser à plein et le plus subtilement possible les
ressources de sa conscience d'être, dans la relation à tous les aléas engageant son existence, surgissant de cet environnement qui composait les réalités d'alors.
Il reste de magnifiques et troublants témoignages de cette situation si précaire et cependant si prometteuse qui nous parviennent, du paléolithique supérieur ... jusqu'au mésolithique ... : traces précieuses, si belles,
somptueuses, chargées du sens si profond de l'être : de la relation de l'être au réel par delà les réalités vécues au quotidien par des individus! Si peu d'individus alors, ... mais reliés par la conscience de leur être à la totalité du réel, ... faisant corps par ce lien avec l'univers !
Allez ! ...Allons, à Lascaux, à la Grotte Chauvet ou ailleurs, voir cela, pour ressentir et mesurer ... ce que nous avons perdu, nous, de la relation à l'être...
Il perdure cependant, même à notre époque obscure, quelques groupes humains, vestiges d'un si lointain passé ... sociétés « reliques »,qui montrent encore néanmoins la capacité authentique à être relié en conscience au réel : Les Zoés, les Nenets, certains groupes nomades, ..., fragments épars mais essentiels d'un savoir être au monde.
Car l'espèce humaine évolue, comme tout ce qui existe, à partir d'un potentiel évolutif qui lui est propre et qu'elle n'a pas tardé à explorer grâce aux ressources mentales offertes par l'encéphalisation : le développement du cortex cérébral.
Et oui ! .... L'Homme : un cerveau sur patte qui devient de plus en plus performant ! (Jugez par vous-même) :
1 0 0 1110 0 00011011 11110010 ... Un cerveau capable d'inventer à terme, (croyez-le si vous voulez!), l'informatique et son langage à huit bit(e)s !, octétique en somme ...
(mime) : 1 bit(e) ... huit bit(e)s ! (très doué !!!)... huit bits :un octet !
1 0 0 1110 0 00011011 11110010 ... Oui, et cela va très loin ! ... Cela peut satisfaire tous vos besoins à coup de 00011011 ... tous reliés par des écrans où ces merveilleux bits octétiques se transforment en réalités toujours plus alléchantes ! ... (Hum ! Hum ! ...)
Vous voyez d'ici le « potentiel » de ce genre d'espèce qui en vient à s'établir et se satisfaire de la mise en octets de 1 et de 0 pour construire ses réalités !!! ... (mime) : à huit bit(e)s tout de même ! Le « sommet de la création divine », vous dis-je !)....
Quoiqu'il en soit, le développement des capacités mentales ouvre le chemin au langage, à une communication verbale de plus en plus élaborée à une pensée et ses processus de plus en plus conceptuels, complexes, des opérations mentales fructueuses organisées autour de liens logiques raffinés ;
analytique, voir : psych-analytiques (Hé oui!), aux développement de démarches abstraites où les mathématiques les sciences et les technologies vont s'épanouir pour le meilleur ... et pour le pire .... !
Car « Science sans conscience n'est que ruine de l'âme », comme nous en avertit le grand Rabelais.... et comme nous pourrons le vérifier tout à l'heure ...
Nous y voilà ! ...
Comment piloter une Ferrari ? ... Le cerveau de l'homme, se voit pourvu de quelque cent milliards de neurones, tous indépendants, mais aptes également à travailler ensemble, ou par groupes qui sans cesse s'interconnectent et se recomposent selon les tâches à accomplir. Cette formidable machine confère à
l'humain des capacités mentales particulières qu'il a apprivoisé comme il a pu pour l'instant, dans sa jeune évolution, en stimulant de plus en plus les capacités cognitives et la pensée abstraite, pourvoyeuses de plaisirs insondables, véritables drogues intellectuelles ...
Doté de ce fonctionnement mental de plus en plus auto-centré et exacerbé, il a fini par se couper de son être intérieur, et par là, de la relation de conscience au tout : au réel ; il s'est séparé de tout lien conscient à qui ou quoi que ce soit ... (mime) : sauf, bien entendu à sa tablette ou son smartphone ... dont notre
« vie »-même dépend désormais.... ; nous en venons même à penser que vivre ainsi c'est : être.
Un cerveau qui fonctionne somme toute sur un mode binaire sanction-récompense et conduit aux extrémités où ses diverses addictions le poussent est-ce cela : être ? ... Nous avons fini par chercher à oublier que, comme tous mammifères, nos contingences physiologiques règlent nos vies : ... dormir, manger, satisfaire des besoins naturels, vieillir ... mourir. Tout cela est désormais de plus en plus relégué, nié, même au risque de la santé, car nous sommes devenus, dorénavant et avant tout : performants (« à deux cents pour cent !! »), et générateurs à plein temps des réalités créatives et fonctionnelles que notre pensée féconde, sans cesse plus productive, permet de concrétiser (pour le plus grand bien du Marché).
Dans notre tête nous nous pensons immortels et agissons en conséquence : ce statut « de droit divin » cette supériorité absolue sur la « Création » permettent en effet certains délires et pas mal de folies....
Développer le fonctionnement mental indépendamment de la relation à l'être, en dehors de la conscience, penser pour penser et penser que ce que l'on pense crée et devient la réalité par l'action, fabrique ainsi, bien entendu, un monde cauchemardesque emplis des pièges sordides qui servent aux humains à affirmer en tous temps, en tous lieux, leur supériorité sur tout y compris sur les autres....humains. Tout cela justifié par l'inébranlable certitude d'agir au nom du Progrès et de la Raison (« la raison pure » bien entendu, celle
dont Kant pensa à faire « la critique » et qui demeure pure, même par delà la critique, puisque dans l'omnipotence de sa pensée raisonnante, l'homme se voit semblable à Dieu sans même avoir à en comprendre le mystère)....
Depuis le néolithique les sociétés humaines ne cessent de bâtir au prix du sang des peuples et de la terre, des pyramides ! Des pyramides de pierres où se reflètent les innombrables pyramides sociales de pouvoir et d'argent écrasant tout sur la planète.
Ah ! L'argent ! ... Le pouvoir de l'argent ! Le culte rendu au dieu Argent ! Symbole absolu d'un lien au réel rompu ; que ne ferait-on pas au nom du dieu Argent, que n'accomplirait-on pas à son service ? : jusqu'aux pires exactions aux plus viles injustices, dans ce délire dénaturé où sont entraînés ses sujets
fascinés et soumis pour construire sans cesse de nouvelles pyramides ... d'argent et de pouvoir, de pouvoir et d'argent.
Un autre culte, tout aussi dénaturé, est celui rendu au dieu Travail, avide de sacrifices, grand pourvoyeur de profits, (pas pour les masses au travail bien sûr), mais pour les actionnaires affamés de dividendes, les spéculateurs ivres de fluctuation des cours boursiers et pour les possédants qui se partagent les trusts répartis dans le monde, regroupant chacun des centaines et des centaines d'entreprises laborieuses,inféodées, engagées corps et âme dans d'incessantes guerres de conquête des parts du « Grand Marché Mondial ».
Quel bel exemple de pyramide, celui des profits générés par l'asservissement au dieu travail aboutissant, tout en haut, entre quelques mains toutes puissantes brandissant vers le firmament, l'or des couronnes de
la réussite, alors que tout en bas, l'immense base du gigantesque édifice broie celles des peuples en sueur qui le soutiennent !
Un dernier exemple du dérèglement du comportement humain, résultant d'un fonctionnement mental déconnecté de la conscience, est donné par la dévotion frénétique manifestée au travers du culte rendu au
dieu Consommation, orchestré par la fée Publicité ... : (chanter) «Qu'on me donne l'envie- i, l'envie d'avoir envie-i » ... pas de problème ! : la fée Publicité exacerbe sans relâche l'intolérance à des frustrations futiles et illusoires, et s'emploie à stimuler en permanence chez chacun le désir compulsif
d'acquérir ... quelque chose, dans l'espoir absurde, mais si doux, de devenir ainsi toujours plus heureux.
La consommation parvient de la sorte à drainer la quasi totalité du pouvoir d'achat concédé modestement aux travailleurs, afin que le flot du profit (sans cesse optimisé, bien évidemment) et résultant du différentiel entre les coûts de production et les prix de vente des produits, remonte la majestueuse et
colossale pyramide d'argent !
Ce système qui s'auto-proclâme magnifique et parfait s'accompagne d'un gaspillage insensé des ressources matérielles et humaines, car le gaspillage, organisé par une autre fée appelée ... Mode, en constitue un pilier majeur, et suscite en permanence la nécessité de fabriquer de nouveaux produits plus performants et bien sûr, rapidement obsolètes ...
La pyramide d'argent, ogresse insatiable, ne se soucie guère des conséquences de cet infernal gâchis des ressources, qui engendre un autre monde de misère et de désolation autour d'elle, tandis qu'elle triomphe
en s'auto-justifiant sans vergogne ... même dans la perspective d'une catastrophe imminente, résultant des multiples déséquilibres accumulés ! ...
Cela fait froid dans le dos .... N'est-ce pas ? ... l'opiniâtre aveuglement de l'absolutisme des pyramides !...
Quelle meilleure illustration peut-on imaginer de la rupture du lien de conscience à l'être et de la négation du sens de la vie, qu'une pyramide ? ....
Or : Quel est le symétrique contraire d'une pyramide ?..... : un arbre de choix ! L'arbre de choix , oui ! : c'est précisément ce que l'univers a mis au point depuis son origine pour, à partir d'un élément constitutif initial
unique, offrir et explorer tous les champs des possibles dans son expansion, jusqu'au foisonnement de la vie sous d'infinies variétés de formes à partir de simples chaînes d'acides aminés ... sans parler de tout ce
que nous ne sommes, ou ne sommes plus, capables de percevoir de cet univers, qui dépasse notre expérience et notre entendement !... (si limités en fait).
Ah ! Si l'humain préservant son lien de conscience avec l'univers avait bâti, au lieu de pyramides, des arbres de choix ! ...
C' est précisément ce à quoi nous sommes invités ici, maintenant !... (mime)
Oui, il s'agit bien, (flûte) Do-Ré-navant de re-trouver un chemin oublié, celui du lien à l'être par la conscience, le chemin qui nous amène à résonner (mime) avec sa vibration au lieu de raisonner (mime) sur des réalités illusoires produites par la pensée. Ce qui nous conduit,... Hé oui, à un changement de
positionnement e-xis-ten-tiel ...
-Ah bon ?!
-Hé oui ... ça se confirme! ....
Car une pensée qui n'est plus reliée à la conscience crée, c'est certain, mais, vous l'avez compris, occasionne également de grands déséquilibres, des complications multiples par les chaînes de causes-conséquences qu'elle engendre ... et amène de grands périls, génère beaucoup de souffrance. C'est folie de se couper ainsi du réel, de ce qui est : de l'être ... de son être intérieur !
Être ou ne pas être : .... Ca y est ; nous y sommes ... presque ! ... :
A laisser ses pensées ses affects ses émotions ses désirs ses croyances s'emballer dans cette extravagante dynamique discursive frénétique quasi automatique qui caractérise le fonctionnement mental humain, on
obtient en toute logique, (le mental aime bien cela, la logique), un chaos individuel et collectif ...
« Mais ce n'est pas si grave ! Pourquoi vous inquiéter, monsieur ? Il ne faut pas vous mettre dans des états pareils ! Ca se soigne ... » - nous dit-on ! « - Il y a plein de thérapies pour cela... : On fait des conférences sur le climat, la sauvegarde des espèces, la qualité de l'air, de l'eau, l'aide au pays en voie de
développement etc.. Il y a des budgets votés pour tout et des tas de gens pour s'en occuper, pour qu'émergent les avancées technologiques salvatrices qui assureront un avenir meilleur ; il y a toujours des solutions et de nouvelles parts de marché favorisant une nouvelle (prendre l'accent de la soupe au choux) « Croissance économique ! »... « qui plus est : génératrice d'emp(l)oi » -bien sûr, pour tous, bien sûr !
« Alors ... pourquoi vous préoccuper ainsi ?.... Laissez aller, monsieur, faites confiance ... Votez pour nous surtout ! ...
Rien ensuite ne vous empêchera « d'être » comme vous dites .... Et en plus d'être heureux car c'est le bonheur que nous vous offrons ... », comme le clament haut et fort les nouveaux chiens de garde de la pyramide : les GAFAs qui poussent avec détermination une humanité rendue docile, puisque dépendante, vers « le meilleur des mondes » d' Huxley à coup de « Big-Data » où la totalité des données du patrimoine génétique des individus de la planète sera disponible dans le but, (évidemment généreux), d'améliorer la santé et la longévité de tous, (sourire), et aboutir à cet « Homme augmenté », (devenant sans qu'on l'ait prémédité, bien entendu, un consommateur ... augmenté), doté d'implants cérébraux issus des dernières innovations technologiques démultipliant ses capacités physiques et mentales, le propulsant telle une figure de proue vers ... le trans-humanisme !: la nouvelle et prometteuse étape de l'évolution humaine.
.... ! Ouuuuh !... Et le moment est venu peut-être, de rappeler que : « Science sans conscience n'est que ruine de l'âme » ! ...
Oui ! ... On pourrait chanter avec Georges Brassens :(chanté) « Quand on est con, on est con » !... si ce n'est que les défenseurs, les organisateurs, les garants, les bénéficiaires, sincèrement convaincus du bien fondé de la pyramide, semblent eux- mêmes dépassés, tels des apprentis sorciers, par l'emballement du système adulé devenu pratiquement incontrôlable... (chanter en accélérant le thème de Ducas, en déambulant sur la scène et en incitant la salle à participer)...
- Bref !.... voilà le tableau de la situation dressé et comme Victor HUGO le fait dire à Ruy BLAS : « Il est bien temps, qu'enfin, je me réveille ! »...
- Mais tout cela a-t-il une importance au fond ? ...
- Oui, au plan individuel, en raison de la souffrance existentielle résultant de réalités créées sans relation à la conscience ...
Non, à l'échelle de la vie ou du lien qui unit la conscience à la matière , à l'échelle de tout ce qui est et constitue le réel. A cette échelle, les cataclysmes et les extinctions d'espèces sont très ... relatifs, et la vie s'y fraie des chemins subtils qui s'adaptent et s'affranchissent des contingences. Des mondes apparaissent et disparaissent sans cesse et l'univers n'en poursuit pas moins son expansion ... développant l'arborescence des possibles compositions et recompositions dans leur infinies variétés...
Tout ce qui est, était déjà contenu en potentiel dans le big-bang originel et ce qui sera, de même ...
-Alors comment faire pour être ? ... pour se relier à un tel phénomène ? ... est- ce possible ? Que va-t-il se passer ? ....
-Là ça y est ! On y est cette fois ! Alors ! : Être ou ne pas être ?... que choisissons-nous ? Que décidons-nous ? Là, ici et maintenant, dans cet instant qui passe où tout se passe ... en fait. Que décidez-vous ? ...
Être ? ... ou ne pas : Être ? Oui ? ... Dites ! ... ? C'est un spectacle inter-actif, n'oubliez pas ... C'est à vous de décider ... Maintenant !
Selon votre choix ... existentiel il faut le rappeler, soit on arrête là ... soit ... on continue ! ... le spectacle !
A vous ! .... (mime : oui ; non ?) .....
( selon le choix : arrêter le spectacle en remerciant .. soit:)
Oui ... il est bien temps enfin de nous éveiller!
... Alors, reprenons : être, c'est , comme on l'a vu! (sourire)... se situer, s'établir, dans le lien existentiel permanent et en permanence ouvert ... à la conscience .... !
-Comment ça marche ?
-Hé bien c'est très simple ... mais cela demande, il est vrai, un petit effort ...
-Quoi ? Un effort ! (Chéri(e), on aurait du partir!).
-Rassurez-vous, on ne va pas, ici, vous forcer la main, seulement un peu ... la tête, et encore ... Mais soyez sans crainte, comme a pu le dire Desproges : « L'ouverture d'esprit n'est pas une fracture du crâne » !
Il s'agit, concrètement, non pas de combattre le mental dont les facultés spécifiques nous resteront toujours précieuses, mais d'en réorienter le fonctionnement où il s'égare et s'enlise lui-même,
afin de l'ouvrir à la conscience, à l'être ... ; il s'agit de retrouver le chemin perdu de l'être. Ce chemin, nous l'avons égaré, la porte qui y mène est fermée, mais le chemin existe, il est bien là, accessible à chacun, il convient tout bonnement d'indiquer au mental la porte qui y mène.
- C'est bien beau ça, mais il va sans doute falloir faire des trucs bizarres et compliqués, des rituels de secte ésotérique ... !?
-Pas du tout. Beaucoup plus simplement il suffit de replacer notre mental dans un fonctionnement naturel, semblable à celui, spontanément adopté depuis toujours, par à peu près tout ce qui existe dans le monde du vivant : les plantes..., (indiquer la fleur), les animaux ..., qui ne s'empêtrent pas dans des opérations mentales spéculatives complexes et sans rapport avec leur vécu direct.
- Au secours ! Il veut nous lobotomiser, nous réduire à l'état de légume ou de larve. Adieu la pensée évoluée, la littérature, la réflexion philosophique, la recherche, les prouesses mathématiques ... la poésie... la gastronomie !
-Absolument pas ! Rassurez-vous ... rassurez-vous !
La première chose à faire est de recentrer le mental sur l'instant présent et l'y installer. Vous n'avez pas
idée du pouvoir de l'instant présent ! (Eckhart TOLLE en parle admirablement). En fait, c'est là, dans cette
présence à l'instant que la porte va s'ouvrir sur le chemin ...
-Quel chemin ?
-Le chemin de l'être ... Quand à la porte, il suffit de s'établir dans le présent de l'instant pour être en face ... et qu'elle s'ouvre ! Vous voyez, ce n'est pas si compliqué que cela.
-Ah ! Mais si ! Je ne peux pas pas me permettre de m'installer dans l'instant qui passe, moi ! Je travaille, je n'ai pas le temps de rêver! D'abord, du passé, j'ai des engagements à assumer dont il faut bien que je tienne compte qui me préoccupent et m'occupent ; j'ai des tas de choses à faire : des obligations ; je dois aussi envisager et préparer l'avenir, prévoir, anticiper ... J'ai l'esprit très occupé et pas le temps de m'arrêter un instant, je suis ... dans l'action ! ...
-Oui ! ... Tout cela, que nous connaissons bien tous, mobilise beaucoup d'énergie, de volonté et occasionne beaucoup de fatigue ... Tout cela cependant peut trouver son équilibre et sa solution harmonieuse en amenant le mental agité, préoccupé, à considérer l'instant qui passe. C'est pour cela qu'un petit effort est à concéder et rien d'autre. Le reste alors ... coulera de source.
-Mais comment faire, concrètement ?
-Faisons ce que nous avons à faire en recentrant l'activité mentale sur l'action en cours ... c'est tout. Par exemple, si on se brosse les dents le matin (mime)... et bien, on se brosse les dents ... le matin. On se centre sur cette action, dans le présent, l'instant même de cette action : ce qui se passe là et rien d'autre. Ce brossage des dents habituellement si banal, routinier, automatique, effectué en pensant à tout autre chose : triviale ou préoccupante, à faire ensuite dans l'urgence ... ou peut-être en écoutant les informations à la
radio, pour gagner du temps ... ce brossage des dents devient une expérience à part entière qui s'enrichit d'une multitude de sensations, sinon nouvelles, du moins ... oubliées ; .... et c'est là que réside l'intérêt de la démarche : (mime) la juste pression sur le tube, le parfum de la pâte, sa saveur, le frottement des poils de la brosse sur les dents, la fraîcheur de l'eau du rinçage, le plaisir
éprouvé en passant la pointe de la la langue sur des dents ... bien brossées ! Hum ..., mille détails ont surgi, transformant radicalement le vécu, car le mental sans se disperser s'est totalement engagé dans le déroulement de l'action ...
-Peut-être, mais ça va prendre du temps tout cela, j'ai autre chose à faire après et je n'ai pas pu écouter les informations à la radio...!
-En fait, tout cela se produit dans le temps du brossage, le temps habituel : le temps habituellement imparti au brossage ! ; c'est le vécu du brossage qui a changé ; et cela fait toute la différence sur le plan existentiel comme nous verrons ... Donc, pas de souci pour ce qu'il y aura à faire ...après et vous pouvez sans crainte vous brosser les dents ...au présent.
Quant aux informations à la radio : oui, il est possible d'être mentalement centré sur deux actions simultanées, ...., mais c'est réservé aux « bons » (rire)... non ; c'est faisable mais, plus tard, quand le mental apaisé et guidé par l'être ne risquera plus de se disperser dans toutes les directions ... Si on écoute
les informations ? ... Et bien on écoute les informations. (solennel) Il s'avère donc préférable de décaler le temps des informations et celui du brossage des dents : un temps pour chaque chose.
Ainsi de suite, chaque action de la journée peut s'accomplir dans une totale présence mentale au temps de son déroulement. Boire un verre d'eau, éplucher des légumes, se nourrir, écouter son conjoint, faire lavaisselle, ( je n'ai pas dit : « écouter son conjoint faire la vaisselle » !, mais : écouter son conjoint ..., faire la vaisselle, réaliser un travail, prendre une douche ..., toutes les actions se révèlent et s'enrichissent d'un contenu souvent inattendu qui transforme radicalement le vécu expérientiel.
Lorsqu'on pratique ainsi, on ne tarde pas à constater une détente mentale : l'esprit n'est plus encombré, accaparé par de multiples tâches, il ne s'évade plus dans les mille directions où le poussent les stimulations de l'environnement et ses propres enchaînements de pensées engendrant, pour le subir, un flot de secousses émotionnelles souvent contradictoires et épuisantes. Les capacités de concentration s'améliorent rapidement, l'aisance dans l'exécution et l'efficacité d'action sont démultipliées, (c'est rentable!), mais surtout, la stabilité émotionnelle qui s'installe met un terme au stress et à la fatigue.
Le rêve ... : rentrer chez-soi heureux de sa journée, l'esprit clair, disponible, sans avoir besoin pour déstresser de se ruer sur la console de jeu, boire un verre, chercher à s'étourdir, sans pouvoir néanmoins s'empêcher de ruminer les problèmes du lendemain et finir par avaler le cachet salvateur pour enfin
dormir ... un peu, avant de recommencer ... épuisé.
Autre bénéfice : la relation aux autres s'améliore de façon notable en raison d'une meilleure disponibilité mentale à l'écoute. Cet aspect est à remarquer par les chaînes de conséquences favorables qu'il parvient à susciter ; par ailleurs, la stabilité, la fiabilité de comportement sont évidemment appréciées.
-Tout cela c'est bien beau, mais qu'est-ce qui prouve que ça marche ?!
-Hé bien, essayez ... et vous verrez .... ! Ne croyez pas que cet effort à fournir au début pour orienter le fonctionnement mental de manière précise
soit à maintenir constamment et indéfiniment ! Non. Le cerveau saisit tout de suite les opportunités de confort fonctionnel, il en raffole même, il en redemande et le signifie par ... le plaisir, que nous éprouvons lorsque nous expérimentons une démarche qui stimule et optimise son fonctionnement se
traduisant par une sensation de bien être et de fluidité, une sorte de sérénité joyeuse. L'attitude de recentrage mental sur l'instant présent s'opère donc de plus en plus aisément et finit par se maintenir en place d'elle-même, sans effort particulier à produire pour cela.
-On dirait même que c'est ... addictif, non ? ... Ca craint !
- Addictif, (moue dubitative) oui, on peut le voir ainsi, mais c'est vraiment sans risque : aucune substance toxique à absorber. C'est un peu comme pratiquer un sport de loisir, une activité manuelle de détente, la méditation, le yoga ... un yoga mental en sorte, dont les bénéfices renforcent la pratique.
-Oui oui oui, c'est bien beau ! Trop beau pour y croire ! Et si des pensées parasites viennent quand même envahir la tête pendant ce temps ... ? Si on ne peut pas les en empêcher, comme les pensées obsédantes, les vagues émotionnelles irrépressibles ... Hein ! Qu'est-ce qu'on fait dans ces cas là ?
-Inutile de se battre avec pour les chasser. Le refoulement ne sert à rien. Mieux vaut les reconnaître, reconnaître qu'elles sont là, leur donner la place : les accepter là, puis revenir simplement à la présence sur l'action en cours.
-Bon ! Alors je commence demain ?
-Demain ... Nous comptons tous sur demain (mime) ... deux mains pour arranger les choses, changer... Mais il n'y a pas de « demain »...Ce qui existe, c'est le présent, rien que l'instant qui passe ... même demain ce sera ainsi. De toute façon, c'est dans le moment de l'engagement de la démarche que tout se joue. Alors pourquoi pas demain, si vous le voulez, mais pourquoi pas ... tout de suite, ici, maintenant !
D'ailleurs, nous sommes tous déjà, ici, impliqués dans le processus, sans forcément nous en rendre compte. C'est une vertu des spectacles de théâtre, de musique, de danse, de cinéma, que de capter et orienter le mental sur leur déroulement propre. D'où le plaisir réitéré que nous avons à nous y rendre, précisément pour y vivre cette expérience de décentrage que nous apprécions. Vous voyez bien que cela fonctionne ! ... Pendant le temps de la séance nous changeons de registre, les préoccupations s'effacent, les pensées, les émotions sont réorganisées, le temps semble suspendu et nous entrons dans l'histoire, qui devient notre histoire ; c'est une expérience existentielle différente du quotidien, fascinante, jubilatoire, souvent
révélatrice d'aspirations profonde qui trouvent là leur expression et leur réalisation...
Et puis les lumières se rallument et on sort dans la rue ; une autre réalité, celle qu'on appelle la réalité reprend la place, parfois pas tout de suite, après un moment flottant où l'on ne sait plus trop si la réalité « vraie » n'est pas plutôt celle qu'on vient de quitter, comme au sortir d'un rêve ... La lecture de même,
par la magie du pouvoir évocateur des mots, provoque aisément ce type de phénomène ; Troublant, non ?
Qu'est ce donc que la réalité ? Il semble bien, de quelque manière qu'on l'appréhende, qu'elle ne soit qu'illusoire, sinon illusion ...
Pour accéder au réel, c'est un autre voyage ... que nous entreprenons maintenant et pour finir, sur le chemin dont le mental, désormais capable de se centrer sur le présent, vient d'ouvrir la porte : le chemin de l'être ...
-Comment ! Ce n'était pas tout ! Il y a encore à faire !...
-Certes ! ... Plus à approfondir qu'à faire en vérité.
-Mais où on va là, où mène-t-il ce chemin ?
- A la conscience du réel ou au réel de la conscience si vous préférez. C'est dans cette démarche que s'opère véritablement la transformation existentielle permettant le changement.
-Le changement ?
-Oui le changement de notre relation au monde, apte à générer des réalités nouvelles, différant tout à fait de celles que nous avons pris l'habitude de créer, des réalités en relation et en accord avec le réel cette fois. Ce changement nous concerne tous ... et, vous l'avez compris, il commence toujours par soi.
-Mais ce serait la révolution ! Vous vous rendez compte des bouleversements occasionnés, du danger à vouloir tout changer ? ! C'est le chaos !, la fin du monde qu'on risque là !
-Il serait donc préférable de ne rien changer ... Mais cette menace, cette ambiance de fin des temps, n'est-ce pas déjà précisément ce que la planète subit actuellement à travers tous les dérèglements dont nous avons parlé déjà ? ... Quant au changement, il est permanent, rien ne dure tout évolue ... sans cesse ! Accepter ce fait universel, s'y engager consciemment par une dynamique personnelle et collective en cohérence avec ce principe, n'est ce pas l'attitude la plus ... « raisonnable » (sourire) pour les humains,
une démarche adaptée à ce qui est, au réel et au sens de la vie, une transformation dont nous ressentons tous plus ou moins confusément ... l'urgence ? !
-Alors ? ...
-Alors finissons de réapprendre à être et pour cela ... considérons cette fleur qui nous accompagne depuis le début. (accentuer la lumière seulement sur la fleur) Elle est là ... pas seulement pour faire joli... Oui c'est un simple accessoire de scène, artificiel, une représentation ...
-Et que représente-t-elle ?
-Elle symbolise la capacité à être et va nous aider à cheminer. Il y a bien longtemps, environ deux mille six cents ans en Inde, une foule assez considérable s'était rassemblée pour entendre la précieuse parole de
celui qu'on appelait Bouddha, le Réalisé. Dans le silence recueilli qui s'était installé à son arrivée, de manière inattendue, le Bouddha resta sans parler et montra à l'assistance une simple fleur ... Tout son enseignement était contenu là. Le sens de cet événement, connu sous le nom du « sermon à la fleur » a
traversé les âges et fait l'objet de nombreux écrits et commentaires car sa richesse et sa profondeur semblent inépuisables. Il n'est pas possible ici de les aborder tous. Ce qui apparaît, est que ce jour là la leçon du Bouddha semblait indiquer que c'était la fleur, la fleur elle-même, qui dispensait l'Enseignement !... De fait, ce jour là, il est rapporté qu'un grand nombre dans l'assistance connurent l'éveil ...
-Que disait donc cette fleur, et que nous enseigne ... (mime) celle-ci ?
-Tout simplement ... ce qu'est : être et comment : être ... ! Cette fleur elle-même, pour artificielle qu'elle soit ... est et le signifie ....
-Là, c'est difficile à suivre quand même !!!
-Et pourtant ! ... Au fait, pourquoi apprécions-nous tant, dans nos maisons, la compagnie de fleurs et d'animaux ? ... N'est ce pas précisément parce qu'à leur contact nous retrouvons, sans le savoir, les vestiges d'un lien existentiel à ce qui est ?
-Ah ! C'est toujours difficile à suivre tout de même !
-D'où l'intérêt de faire soi-même l'expérience pour ... comprendre (sourire).
-(mimique d'attente) ....
-Prenons le temps, si vous le voulez bien.
-Ah ! du temps, encore !
-Alors, utilisons pour nous engager sur ce chemin qui mène à la conscience ... le temps ordinaire, que nous consacrons à nous occuper de nos plantes d'appartement,... nos fleurs de jardin, ... nos animaux domestiques, ... nos promenades dans la nature, ... puisque notre mental parvient (flûte)Do Ré,
dorénavant, à s'établir dans le présent de l'instant et à en explorer les multiples facettes ... Il sera donc aisé, dans ces contextes favorables, de parvenir à s'établir dans l'être, ce qui signifie véritablement : entrer
en relation avec tout ce qui est.
-Ah ... et comment ?
-Considérons par exemple une fleur, un paysage, une étendue d'eau, la présence d'un animal, un arbre, un rocher, une pierre : un élément de notre environnement qui attire notre attention, puis ... laissons nous absorber complètement dans cette présence ...
-C'est tout?
-C'est tout ... il n'y a rien d'autre à faire. La contemplation est la voie idéale pour accéder à l'être. Ses effets sont considérables et déterminants ; ils vont opérer la transformation radicale de notre rapport au monde....
-... (silence interrogatif et consterné ; bras ballants).
-Progressivement, graduellement, subtilement, dans cette disposition intérieure ... s'établit une relation (mime) c'est à dire un lien, à double sens : une authentique communication dont la profondeur parvient à s'accroître sans limite ...
-Mais où est la preuve de ceci ; la preuve que les choses se passent ainsi ?
-La réponse est contenue dans la nature et la qualité du ressenti qui se révèle alors et se développe.
Il ne s'agit plus là de pensées de réflexions ni d'émotions relatives à la situation. Non. Le mental se trouve en occurrence comme suspendu, non pas absent mais témoin neutre d'une connexion qui s'établit en dehors de ses domaines fonctionnels habituels et en particulier au delà des champs
perceptif, émotionnel et conceptuel, où il excelle et se complaît ... car nous touchons là au ressenti qui provient non plus des réalités vécues mais du réel ; de l'être ouvert sur la conscience...
- Extravagant ! Impensable ! Un pur délire ! C'est à n'y rien comprendre enfin !!!
-Pour sûr ... rien à comprendre là et le mental n'y peut rien car il est vain de parler ou chercher à comprendre : la conscience se situe au-delà de tout concept.
-Mais, je sais que je suis conscient puisque je suis réveillé !
-Conscient d'un point de vue neurologique oui,... mais il s'agit maintenant de se placer sur le plan de la Conscience : liée à tout et qui relie tout à tout ... ; c'est autre chose.
-Et si on veut en savoir plus ... on se rend sur le site des « énoncés du changement » évidemment ?!
-Evidemment ...j'allais le proposer. Mais le plus simple reste, là encore, d'expérimenter : seule façon, en s'ouvrant à l'être, d'appréhender ce qu'est la conscience. Cette découverte du ressenti et son approfondissement ont pour effet, difficile à concevoir il est vrai tant qu'on ne l'a pas approché,
de révéler un état intérieur de non différentiation entre soi et le sujet observé.
-Qu'est ce que cela veut dire ? ...
-Que, dans cette situation, l'ego va se dissoudre.
-Quoi ! Je ne saurai plus qui je suis ! Et c'est en perdant la conscience de moi-même que je vais accéder à la conscience ?!
-Rassurez-vous rien ne se perd ! La dissolution le l'ego est comparable à celle du sucre dans un verre d'eau : il est toujours là ; il a seulement changé d'état. A partir de là le ressenti provient du partage vibratoire qui s'est instauré. Contempler, par exemple, une fleur et sentir la conscience relier
en un seul champ les vibrations de notre être à celles de la fleur est une expérience fabuleuse, qui peut s'étendre à n'importe quel autre élément.
-A tout ?!
-Tout ... Absolument tout ! A qui ou quoi que ce soit. Même à des choses que le mental aurait à priori repoussées les jugeant inacceptables ou révoltantes. Il est plus simple, au début, de se sentir relié à une fleur, un coucher de soleil, un arbre, une personne aimée, un animal familier, qu'à un ver de terre, une personne en colère, une porte, un tas d'ordures ... et pourtant cela s'avère tout à fait possible.
-Mais quel intérêt ?
-Celui de changer notre regard sur nous même et sur le monde en réorientant notre fonctionnement mental et donc, nos comportements. Agir après s'être ouvert à la conscience aide considérablement le mental en lui apportant clarté et paix car il est devenu capable d'une pensée non duelle, n'est plus
soumis aux jugements de valeur et ne connaît plus la peur ... la peur a disparu avec la dissolution de l'ego. Bien plus, en nous reliant à la conscience nous avons découvert, en la ressentant, que la modulation de sa vibration est : amour et que notre être partage avec tout ce qui est cette vibration ;
ainsi nous voici unis à l'univers entier par cet océan vibrant d'amour qui en émane où nous trouvons place.
Do-Re-(flûte) navant, dorénavant pourvus d'un mental ayant retrouvé le chemin perdu de l'être, nos pensées nos décisions nos actes témoignent du lien renoué avec le réel auquel ils s'harmonisent en cohérence. L'aptitude à ressentir développe pleinement l'intuition, la compréhension, l'écoute, lacompassion, la bienveillance,la pertinence d'action.
Ne soyez pas surpris de voir les gens rechercher et apprécier votre contact, les enfants enchantés par votre présence, des animaux s'approcher spontanément même pour un instant, ne soyez pas surpris par les synchronicités fructueuses qui se multiplient dans les réalités renouvelées de votre vie ... Le changement est en marche, vous témoignez de cette aptitude fluide à l'accompagner car en en partageant les principes, vous donnez sens et essor à sa vague. ........
Ainsi les pyramides d'elles mêmes s'affaissent, s'étalent, leurs dieux illusoires ayant perdu leur fascination ne parviennent plus à exercer leur tyrannie. Devenues inutiles, elles laissent place à de florissants arbres de choix ... à la vie !
Ainsi nous partageons la joie : la joie de sentir en nous chanter l'univers et de chanter avec lui ; nous avons retrouvé ce que signifie : être ....
Tout ceci est à construire, me direz-vous. Certes ... Cependant, (final)
(flûte) Do-Ré-navant, Être ou ne pas Être, maintenant et désormais, ..., nous pouvons choisir ! ....
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(Salut ; scène au noir. Sortie coulisses par la gauche, à l'opposé de la fleur. Lumière sur la fleur. Si applaudissements : retour sur scène par la droite, derrière la fleur (suivi par lumière moins forte que sur
la fleur) et remerciements...
annonce :
-Si vous souhaitez prolonger le spectacle par un échange, rendez-vous dans cinq minutes sur la place. Sur les affichettes à votre disposition à la sortie, vous trouverez l'adresse du site consacré ... aux « énoncés du changement ».)
(Participation « au chapeau » éventuellement à prévoir).
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(Si un act(eur)rice projette de porter ce texte à la scène : merci pour votre intérêt.
Contact : adresse courriel du site : changement@lilo.org
Sur le site : « Traits d'humour : brèves du comptoir des énoncés » et « Une pensée par jour : petites graines à germer» offrent la source d'éventuelles d'évolutions du texte initial et la possibilité
d'intervention de plusieurs act(eurs)rices sur scène. Le texte lui-même peut donner lieu à des adaptations en fonction des contingences scéniques envisagées par un(e) metteur en scène...)
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