La Fée et la Princesse
La Fée des Brumes

Très loin au-delà des montagnes qui entouraient Noréa s’étendait la vallée des Brumes, un lieu caché que les humains ne voyaient qu’en rêve. Là-bas, tout semblait respirer plus lentement. Les rivières suivaient leur cours entre les pierres, les forêts se levaient au rythme du brouillard et le ciel s’ouvrait parfois sur une lueur argentée où dansaient les fées. Parmi elles vivait Liora, une âme lumineuse au regard clair comme l’aube. Sa peau avait l’éclat des premières neiges et ses ailes fines, presque transparentes, diffusaient une lueur chaque fois qu’elle effleurait le vent. Elle aimait le calme des matins, le souffle du vent dans les branches et le monde endormi. Pourtant, depuis plusieurs lunes, quelque chose troublait sa lumière. Elle sentait un vide qu’elle ne comprenait pas, un appel venu de plus loin que les nuages. Quand elle fermait les yeux, elle croyait voir un royaume blanc, immobile, où le froid avait pris la place du cœur.
Une nuit, alors que le ciel vibrait d’étoiles nouvelles, la Reine des Brumes s’approcha d’elle. Ses ailes projetaient des ombres douces sur le sol et l’air se fit plus léger. Liora sentit le vent changer.

« Le monde des humains s’éteint au nord. Là-bas, la neige ne fond plus. Le silence a pris racine dans le cœur d’une femme. Peut-être est-ce à toi d’y porter la lumière. »

La voix n’était ni un ordre ni une prière, mais une musique venue d’ailleurs. Liora sentit quelque chose s’ouvrir en elle, un battement nouveau, comme si le ciel venait de déposer une étoile dans son cœur.
Quand la brume se mit à tourner autour d’elle, ses ailes s’illuminèrent d’un éclat doré. Le vent l’emporta dans une spirale douce et silencieuse. Elle traversa les nuages, franchit les montagnes, effleura les étoiles. Tout devenait froid et beau. En bas, Noréa dormait sous la neige éternelle.