Rien

Rien, de Mona Azzam, est un roman aussi discret que bouleversant. Tout commence à Montpellier, sur les voies du tram. Une femme, distraite, est alertée par un SDF : « Faites attention ». Elle le remercie. Il répond : « Vous êtes la première à m’appeler monsieur. » Ce détail infime déclenche un lien inattendu entre deux solitudes.

Il dit qu’il s’appelle Monsieur Plume. Il écrit dans un carnet bleu. Elle aussi écrit, mais ses manuscrits dorment dans des tiroirs. Elle lui offre l’hospitalité, un repas chaud, un peu de répit et entre eux, un souffle d’humanité circule. Puis il disparaît.

Il laisse derrière lui un texte et 

Il lui demande de le faire vivre, de le porter. Elle hésite, puis mêle ses mots aux siens, elle écrit aussi sur sur avec le même titre, envoie le tout à un éditeur. Mais Monsieur Plume, lui, ne revient pas. Elle le cherche, en vain.

Ce petit roman lumineux rend hommage aux invisibles, aux marginaux, aux rêveurs. Il dit la force des rencontres furtives, l’élan de vie que peut contenir un simple mot : Monsieur.