Après l’incendie dans les Corbières, les mots tentent d’apaiser ce que le feu a ravagé.
À l’ombre
Je marche sous mon ombrelle, à l’ombre.
Les arbres sont en cendres,
la terre est brûlée.
Partout, des carcasses de voitures.
Les pierres des maisons, sans toit, sont noircies.
Ça sent la suie partout.
Et pourtant, le ciel est bleu, dans ce paysage de désolation où jadis les peintres venaient avec leur chevalet et leurs couleurs.
Aujourd’hui, ils ne pourraient qu’y peindre un chef-d’œuvre en camaïeu de noir, ou à l’encre de Chine. Seul le bleu du ciel serait nécessaire.
Le pays de Cucugnan, en Corbières, a payé cher.
Ici où Daudet faisait parler son curé,
c’est désormais le silence du feu
qui prêche sur les ruines.
Le feu s’est acharné,
laissant des vies anéanties
et des yeux en torrents,
incapables d’éteindre l’incendie intérieur
que cette vision d’apocalypse a déclenché.
C’est pourquoi je marche à l’ombre, avec mon ombrelle.
J’aimerais que Renoir repeigne ce qui m’entoure,
et que je fasse partie du tableau.