L'ancre a bien été ajoutée. Vous retrouverez l'ensemble de vos ancres dans la rubrique Reprendre ma lecture
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Il se tenait debout devant la cheminée éteinte, se demandant pourquoi il était revenu dans cette maison de famille, inoccupée depuis la mort de ses parents, quarante ans plus tôt. Il avait vu dans le jardin, un carré de légumes, se dit, désabusé, que le voisin en prenait à son aise. A son arrivée, la porte n'était pas fermée à clé, mais tout était comme avant, jusqu'aux photographies et gravures murales. Sur la table basse se trouvaient deux tasses. Il approcha l'une d'entre elles de ses narines, reconnut l'odeur de verveine, l'infusion que préférait sa mère, dont la senteur persistait, tel un extrait de parfum intemporel.

Il regarda encore, se dit que rien n'avait changé, remarqua soudain, à un ou deux mètres, dans la pénombre, le cadre qui supportait l'image d'un vieillard qu'il ne reconnaissait pas, puis vit, en se rapprochant, que l'image changeait, réalisa qu'il s'agissait de son reflet dans le miroir recouvert de poussière, se dit que oui, rien n'avait changé, sauf lui.

Il pensa à sa famille, ses parents, ses frères et sœurs, tous disparus, ses enfants, partis à jamais avec leur mère. Il prit conscience, peut-être pour la première fois, qu'il était seul au monde. Mais,ces mots »seul », »au monde »,avaient ils un sens quand on était seul au monde ?

Il ouvrit la porte, laissant entrer l'air de la montagne, si revigorant quand on a encore le goût des êtres et des choses. Il avançait dans la neige, jusqu'à la rambarde, conçue cent cinquante ans plus tôt pour servir de garde- fou à des personnes d'un mètre soixante ;lui, faisait près de deux mètres. Il baissa les yeux, contempla la vallée, ou sa maquette, huit cents mètres pus bas. Il se souvint qu'enfant, il s'agrippait à la barrière qu'il avait enjambée, les jambes dans le vide, tenant à la seule force de ses bras, jusqu'à ce que sa mère lui ordonne de cesser ses gamineries. Elle était loin maintenant , elle, la seule femme qui avait su le protéger.

Il enjamba le parapet plus aisément qu'il ne l'aurait pensé, se dit qu'il était souple pour son âge. Il tenait la rampe d'une main, les pieds sur le rebord, le regard baissé vers le gouffre, qui lui semblait ne pas être plus bas que la chaussée vue du bord d'un trottoir. Il se souvint de l'histoire de l'homme tellement petit, qu'il s'était tué en se jetant du bord d'un trottoir ;puis de la phrase : »Nous étions au bord du précipice, mais nous avons fait un pas en avant ! »

Oui,il fallait aller de l'avant.

 

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Marcel nous a quitté le 29 avril 2020 et c’est avec l’accord de son épouse et avec le souvenir de tous ses amis que nous sommes très heureux et émus de continuer à faire connaître ses textes et son talent que vous retrouverez sur ce compte. N’hésitez pas à vous y abonner, à partager ses textes, et à laisser des commentaires pour faire perdurer ses textes et son souvenir.


Publié le 23/09/2024 / 8 lectures
Commentaires
Publié le 24/09/2024
J'ai bien aimé le texte sauf la fin. J'ai eu l'impression que vous avez cherché une chute, une résolution. Il en faut une bien sûr mais je trouve que "Il tenait la rampe d'une main, les pieds sur le rebord, le regard baissé vers le gouffre, qui lui semblait ne pas être plus bas que la chaussée vue du bord d'un trottoir." pouvait largement suffire. Ici les temps et les ponctuations me semblent perfectibles. vous avez écrit : "Il se tenait debout devant la cheminée éteinte, se demandant pourquoi il était revenu dans cette maison de famille, inoccupée depuis la mort de ses parents, quarante ans plus tôt. Il avait vu dans le jardin, un carré de légumes, se dit, désabusé, que le voisin en prenait à son aise. " Pourquoi pas : "Il s'était tenu tenu debout devant la cheminée froide, se demandant pourquoi il était revenu dans cette maison de famille inoccupée depuis la mort de ses parents, quarante ans plus tôt. Il vit dans le jardin un carré de légumes. Il se dit, désabusé, que le voisin en prenait à son aise." Mais globalement, j'ai bien aimé le rythme et le thème. ;-)
Publié le 25/09/2024
Hello, je viens de voir ta participation. Je te lis attentivement dès que je trouve plus de temps. Concernant l'auteur, je ne vois pas le bandeau mais regarde la biographie. Dans l'éternité, le temps est plutôt long et ça laisse le temps de se relire ;-)
Publié le 26/09/2024
J'avais oublié de mettre le texte explicatif en fin de texte de Marcel comme sur ces autres textes, désolé. Marcel nous a quitté en 2020.
Publié le 25/09/2024
Texte très émouvant à lire. Certaines maisons sont des conservatoires du passé. Les maisons en deuil après la perte d'un proche gardent souvent une odeur, ça peut être la verveine où autre chose. Il faut le temps pour que quelqu'un s'efface complètement. J'aime beaucoup la dernière phrase "oui il fallait aller de l'avant" car tout est question de savoir où... on dit souvent ces phrases trop vite et sans y penser à des personnes endeuillés: le tout étant de savoir où elles iront: dans le mur, dans le précipice ou mieux... un jour?
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