D’une broche de ciel la mer pare le port

Que des buissons de feu tapis dans l’or du sable

Eclaboussent de fruits dont le goût délectable

Envahit le regard qui pour un rien s’endort. 

 

Des vagues sans ruban éloignant de la mort

Les dents d’un souvenir comme un vœu charitable

Déferlent sur la grève aux pages d’une fable

Ecrite avec douleur sous le danger d’un sort.

 

Au cadran d’une horloge où se presse une lèvre

Les larmes d’un soleil fondu par un orfèvre

Luisent d’un souffle vain que le marbre anoblit.

 

C’est le signe d’un temps dont les brins de ficelle

Pourrissent dans le sang des âmes sans aisselle

Qui transpirent de peur en cachant leur délit.

 

Francis-Etienne Sicard Lundquist 

Griffes d'orties @2014


Publié le 10/09/2025 / 5 lectures
Commentaires
Publié le 11/09/2025
Tout l’éclat du début de ton poème va rapidement laisser place à la désillusion qui masquait jusqu’alors l’horreur dans la décomposition du moindre espoir. On perçoit bien la force occulte qui suspend le danger et entretient la menace, se joue du temps et de sa mécanique, huilée des vérités qui alimenteront la culpabilité. L’ablation de l’énigme, c’est le retrait sans condition des solutions… merci très cher Francis-Etienne de ce poème intense.
Publié le 24/09/2025
Merci Léo, une magnifique analyse qui me ravit. Tu perçois bien en effet la progression du texte et son aboutissement en peurs. "La force mécanique du temps" est une expression que je chéris, car elle exprime bien ce long effondrement de l'espoir, la naissance de la culpabilité que tu soulignes si bien et surtout le "retrait sans condition des solutions "Ce qui menace le monde, c'est l'usure de nos sens, la lente cécité de nos envies et le voile discret d'une mort qui efface la vie. Parfois le bruit d'un ruisseau ou l'éclat d'une pierre précieuse nous blesse et nous plonge dans le regret de ne pas pouvoir en jouir éternellement. Nous tombons alors dans une forme de nostalgie dont nous échappons seulement par lassitude. Le chemin que suit le poète est autre. Il passe par une sente sur laquelle des parfums inconnus et des fruits merveilleux jaillissent de ses mots, puis grisé de bonheur il en cueille les images en les habillant de ses éclats d'or et d'argent. Merci Léo pour le si grand plaisir de répondre à tous tes commentaires. A plus tard, cordialement, Francis-Etienne. Le velours d'une joue endormie au soleil Réveille dans mon cœur un baiser de vermeil.
Connectez-vous pour répondre