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Un éclair en bois blanc cloué sur un manège

Ouvre le temps caché par un bout de destin

Que le vent vaniteux pousse vers un festin

Donné devant un lac enrubanné de neige.

 

Le parfum capiteux d’un soudain sortilège

Crépite dans le soir au regard philistin

Qu’un nain portant de l’eau vers un vieux sacristain

Jette sur le soleil comme un long trait d’arpège.

 

Parfois dans un boisseau le jet puissant et chaud

D’un lys fait de saphir et de poudre de chaux

Illumine la chair prise aux lacs d’un orange.

 

Mais dans les bras tendus d’une très belle rose

Plonge soudain la nuit dont tout l’argent arrose

Les plages du silence où se blottit un ange.

 

Francis Etienne Sicard Lundquist


Publié le 13/05/2024 / 6 lectures
Commentaires
Publié le 13/05/2024
Lorsque la poésie se fait sortilège et élabore avec soin des philtres de toute beauté. J'aime beaucoup la dimension mystique qui se dégage de cette oeuvre dont la nuit et la paix sortent une nouvelle fois gagnantes. Merci Francis Etienne.
Publié le 14/05/2024
Cher Léo, merci à toi pour ce commentaire et ton affection particulière pour ce texte. Le mysticisme de la poésie est un des ingrédients de ses sortilèges. Il faut croire pour écrire. Il n'y a pas de page de littérature qui ne soit indépendante de la foi. Tout écrivain est possédé. Il lui faut mélanger des onguents, des poudres et des métaux pour forger une pensée poétique. C'est en cela peut être que le dix-neuvième siècle a inventé la notion de « poète maudit » comme le grand siècle, celle de « classicisme ». L'une et l'autre sont en grande partie des notions justes. Aussi, et tu le sais toi-même, on ressort toujours griffé d'une œuvre écrite, car à force de toucher à la magie de la parole on s'empoisonne lentement et avec suavité. La poésie est un paradis artificiel sans artifice. Merci encore Léo. Cordialement. F. Étienne. Au parfum de la lune et de sa peau de lait Le poète amoureux gribouille un bout de lais.
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