L'ancre a bien été ajoutée. Vous retrouverez l'ensemble de vos ancres dans la rubrique Reprendre ma lecture

Des épines de cendre où se loge le miel

Poussent comme des fleurs au cœur d’une rivière

Cousue au bord d’un bois sous un cuir de Bavière

Que des crochets de fer fixent au creux du ciel.

 

Le souvenir mourant d’un immense arc-en-ciel

S’évapore en silence au flot d’une bannière

Dont la flamme sacrée ourle de sa crinière

Le reste d’un chagrin qui se vide de fiel.

 

Pourquoi regarder l’aube et sa robe de nacre

Si les mots du poète offrent le simulacre

D’une vie échouée aux lèvres d’un baiser ?

 

Est-ce déjà le tour du verbe sans rivage

De la page sans marge et de l’art de glaiser

Chaque souffle de l’encre aux bouches d’un nuage ?

 

Francis Etienne Sicard Lundquist 

Feuillets d'argent @2015

 

 

 


Publié le 26/06/2024 / 8 lectures
Commentaires
Publié le 26/06/2024
Lorsque la beauté se ligue à la tristesse pour offrir un poème sensible. L’audacieuse victoire des mots que l’habile poète assemble pour les faire plier à sa vérité, celle des artifices brodés et solidaires, pour sauver la face des illusions perdues. Un beau coup de spleen.
Publié le 29/06/2024
Cher Léo, « un beau coup de spleen », qui comme un nouveau champ poétique, s'impose presque sans crier garde dans mon écriture, et tu l'as tout de suite remarqué. Merci. La tristesse est à la poésie ce que la couleur grise est à la peinture. Sa présence influence tout ce qui l'entoure, et si elle ne change pas la couleur elle l'éponge. Le spleen agit de la même façon pour l'exprimer on doit passer par l'expression de la douleur et par la décence de la douleur. Le spleen est aussi un collectionneur d'objets rares, fanées, parce qu'il a besoin d'un décor. Alors tout ce qui heurte sa mise en scène est un instrument de la douleur. Le spleen n'est pas un état d'âme, c'est un état d'être. Baudelaire en a donné une magnifique définition dans ses sublimes sonnets. On n'y retrouve jamais un Lamartine larmoyant. Alors comment crée-t-on du spleen ? « On fait plier les mots » ! Comme tu le dis si bien, et tu as très bien révélé le secret: avec des artifices. Note que les mots art et artifices appartiennent à la même famille ! Ce que j'ai trouvé de plus beau dans ton commentaire ce sont ces mots: "des artifices brodés et solidaires " ils traduisent parfaitement la puissance de la résistance des mots. On ne combat pas les mots avec des bâtons de Polichinelle, mais on les persuade de leur beauté en choisissant pour eux la place qu'on veut leur faire prendre. Ainsi, écrire n'est rien d'autre que l'art de la persuasion. Merci encore Léo. Très cordialement, F. Étienne. C'est en balbutiant des baisers gracieux Que les cœurs innocents s'envolent pour les cieux.
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