Des miettes de cirage offertes comme un songe

Rongent de leur noirceur les murailles d’un port

Où se blottit encore un timide renfort

Venu de l’océan dans lequel le vent plonge.

 

Presque sans souvenir et sans aucun mensonge

Des bruits de rails lointains et des bribes du sort

Couvrent de leur denture un cœur de maillechort

Que des chiens aboyant poursuivent de leur longe.

 

Un éventail de sucre étalé sur l’ardoise

Compte les bâtonnets d’une lèvre narquoise

Comme si les erreurs avaient droit au pardon.

 

Et pour creuser le ciel d’une ride de jade

Quelques hommes serpents fiers de leur galéjade

Jettent du feu cuivré d’un parfum d’amidon.

 

Francis-Etienne Sicard Lundquist

Griffes d'orties@2015

 


Publié le 22/08/2025 / 5 lectures
Commentaires
Publié le 23/08/2025
Je trouve que ce poème est dans la continuité de « Toise à bougies », dans le sens où le cosmique semble s'imposer dans le dernier tercet. Du port rongé par la noirceur, du bruit lui succédant, on a toute de même un premier tercet d’une douceur qui semble bien éphémère, coincé entre la noirceur et la fureur du bas et l’immensité des cieux, complices des hommes, fussent-ils pourvus de langues fourchues. Quels tableaux et forces qui se dégagent de ton poème, bravo Francis-Etienne.
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