L’encre d’une glycine au bord d’une tonnelle

Coule sur un balcon dont l’ombre en grand secret

Glisse invisiblement vers un charmant muret

Où repose une abeille aux rides de cannelle.

 

Quelques roses de nacre ôtant leur soutanelle

Vont en procession d’un pas bien guilleret

Prier un papillon devenu vergobret

D’accorder son pardon à une coccinelle.

 

Les branches d’un sureau caressent l’air gourmand

Du livre des parfums écrit par un brigand

Qui cache son regard sous la peau d’une orange.

 

Puis le soir batifole avec d’autres couleurs

Et tache à ses pinceaux les ailes d’un archange

Balbutiant des mots qui font rougir les fleurs.

 

Francis-Etienne Sicard Lundquist

Griffes d'orties@2015


Publié le 20/08/2025 / 4 lectures
Commentaires
Publié le 21/08/2025
Soutanelle et vergobret m’ont fait les honneurs du dictionnaire. Merci d’offrir régulièrement tout un tas de mots du passé qui témoignent de la richesse de notre histoire et des mots qui la caractérisent. J’ai bien souri devant cette nature pieuse qui vient jusqu’à incarner la magistrature, nul ne saurait être épargner du jugement suprême. A plus tard.
Publié le 22/08/2025
Merci Léo pour ce nouveau et beau commentaire. Les mots rares me brûlent souvent les doigts mais je crains toujours d’obscurcir le texte en les employant. Aussi me retiens-je par respect pour le lecteur. Mais il est vrai qu’ils sont toujours magnifiques et ornent les textes d’une sorte de dorure ancienne comme celle que l’on peut admirer autour des toiles anciennes, souvent ornées d’un bois doré riche qui enlumine la peinture d’une sorte de lumière surnaturelle. Lorsque j’ai visité certains grands musées, j’ai toujours été ébloui par la finesse des encadrements. Je me souviens en particulier des collections de l’Academia où foisonne l’époustouflant style baroque, ou encore celui de Valence dans la Drôme où une impressionnante collection de toiles d’Hubert Robert, peintre miniaturiste de ruines romaines, régale le regard dans des encadrements si précieux que le toile s’en éclipse presque. L’ancien prêtre de ma paroisse, devenu Cardinal, me confiait un jour cette pensée : « Ce qui importe, c’est l’emballage » Parlant ainsi de sa manière de prêcher, il m’a rappelé en quelques mots l’importance d’enrichir, par un cadre, une pensée qui sans lui apparaîtrait comme sèche et sans couleur. Quant au jugement suprême du vergobret, je suis persuadé qu’il hante un peu notre mémoire superstitieuse, même s’il nous fait sourire. Merci, Léo, et à plus tard. Très fraternellement, Francis-Etienne. Le flambeau de satin d’un brouillard de papier Brûle le long des ponts dans les mains d’un fripier.
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