Ech tiot Louis

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Louis a onze ans.

Il ne parle pas beaucoup, mais il pense fort.

Chaque matin, il enfile son sac d’école,

et, sans qu’on le voie, il soulève aussi l’autre,

celui qu’il ne quitte jamais, même quand il dort.

 

Ce sac invisible, il ne sait pas quand il a commencé à le porter.

Peut-être le jour où il a compris que les adultes ne voient pas tout.

Dedans, il y a des choses qu’il ne sait pas nommer :

des colères qui piquent,

des questions sans réponse,

et des souvenirs qui s’accrochent comme des miettes au fond d’une poche.

 

Mais il y a aussi des choses belles.

Des moments minuscules qu’il garde précieusement :

le bruit de la pluie sur la vitre,

le goût du chocolat chaud après le foot,

le regard fier de la maîtresse quand il a osé lever la main.

 

Louis avance, un peu penché,

comme s’il apprenait à équilibrer tout ça.

Il ne veut pas qu’on l’aide,

il veut juste qu’on le voie vraiment.

Qu’on remarque quand il fait un effort,

quand il retient une larme,

quand il sourit malgré tout.

 

Un jour, à la sortie de l’école, son père lui demande :

— T’as passé une bonne journée ?

Louis hésite, puis répond :

— Oui, un peu lourde, mais bonne.

Et son père rit sans comprendre.

Mais Louis, lui, sait.

 

Il sait que son sac invisible ne disparaîtra pas,

qu’il fera partie de lui,

comme une mémoire qu’on apprend à ranger.

Et il sait aussi que, certains jours,

il sera plus léger,

parce qu’il aura trouvé des raisons d’y mettre de la lumière.✨️


Publié le 06/11/2025 / 8 lectures
Commentaires
Publié le 06/11/2025
Ton texte est une nouvelle fois très touchant et très imagé ce qui aide à visualiser, comprendre et se projeter dans la réflexion de sujets métaphysiques complexes. Et effectivement ce sac de la vie peut s’avérer rapidement lourd et difficile à porter si l’on ne songe pas à faire le tri de son contenu, et décider de ce qui sera le plus utile à garder pour faire que sa vie corresponde à quelque chose de bien plus léger à vivre. Merci Mary.
Publié le 06/11/2025
Merci Léo. C’est un très beau retour, empreint de sensibilité et de justesse. Tu mets parfaitement en mots l’idée essentielle du texte : apprendre à trier, à alléger, à ne garder que ce qui nourrit et fait grandir. Cette image du sac devient alors une métaphore de la vie elle-même — un espace qu’on remplit, qu’on vide, qu’on réorganise au fil du temps pour continuer d’avancer plus librement.
Publié le 06/11/2025
Merci beaucoup. Tes mots simples mais sincères me vont droit au cœur. Savoir que le texte t’a touché, c’est le plus beau des retours.
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