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Sous la tiare d’or d’un nuage en ivoire

Le visage du soir assoupi sur un banc

Se mêle au reflet cru de la mer en turban

Que des fleurs de soleil tirent d’une écritoire.

 

Des lianes de soie en couvrant la mémoire

Déroulent leur poison sur les bords d’un étang

Où se glisse en silence un regard de flétan

Qui jouait aux échecs sur le bord d’un grimoire.

 

Des cerises de vent dans du papier d’émail

Embaument les chameaux du caravansérail

D’un parfum de muscade et d’un goût de rivage.

 

Porté longtemps par l’onde aux couleurs de l’hiver

Le temps jette la nuit dans un coin de l’enfer

D’où s’échappe parfois le museau d’une image.

 

Francis Etienne Sicard Lundquist @2024


Publié le 28/05/2024 / 7 lectures
Commentaires
Publié le 28/05/2024
Je ressens dans ce poème le temps long et souverain. Toute la sagesse de s’en remettre aux sens et aux images qui pointent le bout de leur nez pour suggérer de voir autrement ce qui semblait jusqu’alors inaccessible. Le temps est apprentissage et l’apprentissage mène à la sagesse… un cercle patient et vertueux. Merci !
Publié le 29/05/2024
Cher Léo, voilà quelques lignes qui me réjouissent particulièrement, car tu as perçu immédiatement dans ce texte l'armature de ma recherche. Comme tu le dis « s'en remettre au sens et aux images » est bien l'essentiel de toute ma recherche, en poésie. Et tu rajoutes cette qualification du temps, « long et souverain » qui rejoint exactement ma philosophie de l'écriture. Avec beaucoup de finesse, tu en arrives à cette affirmation, ce que je trouve absolument magnifique, que « le temps est apprentissage » et tu en conclus : « que l'apprentissage mène à la sagesse ». Voilà de quoi nourrir mon esprit pour bien des jours ! Tu as dû le remarquer, le temps est un élément constant de ma perception de l'esthétisme, de la vérité, et du beau. Le temps ronge, pour mieux laisser apparaître les vestiges de nos vies, les habillant d'une autre beauté que celle que nous connaissons. Nous sommes tous en admiration devant les ruines archéologiques de mondes et de vies disparues, comme ceux de la Grèce antique, de Rome, de Babylone ou d'autres magnifiques civilisations. C'est précisément ce que le temps a choisi de nous transmettre. Bien entendu les aléas de la vie, les guerres, les tremblements de terre, et toutes les catastrophes qui ont détruit en partie ces magnifiques monuments, sont sans doute inhérents au culte du temps. Il n'est pas interdit de penser, que la partie poétique du temps, est bien celle que notre imagination reconstruit devant ces monuments, ces statues, ses coutumes en partie enfouie dans l'oubli, et surtout peut-être sa littérature, faisant de nous des créateurs de rêve et des semeurs d'éternité. J'ai toujours été un peu déçu par ces reproductions des parties manquantes du temps, que l'on trouve de plus en plus couramment, et qui nous renvoie une image complète d'une réalité déjà disparue comme celle par exemple « de la réalité virtuelle des sites archéologiques ». Le terme même de réalité virtuelle défie l'intelligence. Mais il est vrai que cette réalité virtuelle peut parfois séduire, et je lui accorde au moins le pouvoir de nous charmer. Merci encore Léo pour creuser avec moi : "ces mondes obscurs où la pensée se perd. » À plus tard cher Léo et merci. F. Étienne. La voûte d'un éclair traversant le désert porte en elle la nuit dont s'inonde l'enfer.
Publié le 28/05/2024
J'aime toujours autant et particulièrement ce poème-ci. Une curiosité pourquoi "Eridan"?
Publié le 29/05/2024
Chère Myriam, merci beaucoup pour vos fidèles lectures et pour ce commentaire qui me touche beaucoup. J'ai choisi Eridan comme titre à ce poème pour deux raisons, la première étant pour sa valeur mythologique. Éridan était le dieu d'un fleuve, probablement le Pô, représentant en cela, le cliché du temps qui s'écoule comme un fleuve. La deuxième raison fut que Eridan est aussi une constellation, qui aujourd'hui je, crois, constitue un amas d'étoiles. La poésie de la renaissance, gorgée de mythologie, a quelquefois pris l'exemple du dieu. pour en comparer les malheurs à ceux des êtres humains Et enfin c'est aussi le fleuve dans lequel se couche le soleil, dont les mésaventures, toujours dans la mythologie, ont conduit l'astre à cette punition ! Voilà donc quelques notes sur le titre de ce poème. Chère Myriam, je vous remercie encore de tout cœur pour votre appréciation du texte et pour votre curiosité. Cordialement, F. Étienne
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