Des lettres de sirop brûlant la grenadine

Au bout d’un baiser fou rempli de boniments

Ecrivent une histoire aux riches sentiments

Que la lune en colère trouve très anodine.

 

En cousant des cercueils d’un fil de pyridine

Elle suit la laideur de ses pressentiments

Que des feuillets de chair taxent de châtiments

Où parfois par hasard trempe un bout de sardine.

 

Mais l’amour triomphant de ces trous de poison

Fleurit comme un fruit d’or dont la riche toison

Embrase chaque cil d’un brouillon d’écriture.

 

Et pourtant presque rien déplace l’univers

Bien au-delà d’un port qui sent bon la friture

Sur le banc d’une plage où se lisent ces vers.

 

Francis-Etienne Sicard Lundquist

Griffes d'orties@2014


Publié le 24/08/2025 / 6 lectures
Commentaires
Publié le 24/08/2025
Tour à tour sucré, toxique, sublime et banal. une déclinaison de l’amour dans tous ses états. Entre romantisme et surréalisme, je perçois comme une forme d’ironie qui s’accroche au grand-huit des sentiments et ressentiments. C’est riche et ton poème invite à y revenir pour y percer un peu plus ses mystères encore nombreux. Bonne nuit et à plus tard.
Publié le 25/08/2025
Mon cher Léo, quel beau commentaire qu’est le tien sous ce texte ! Il interroge sur un sujet qui semble bien passionné tout le monde, celui de l’amour. Ce thème si dominant dans toute la littérature est essentiellement un constat de la nature humaine. Il se décline sous toutes sortes de formes et occupe la vie de chacun d’entre nous. Aimer semble être nécessaire à l’enrichissement de l’homme et pourtant aimer ne se dissocie pas de milliers d’autres sentiments, comme la haine, la jalousie ou l’indifférence. Il serait bien prétentieux de vouloir en quelques vers traduire ce que l’amour peut engendrer. Ce qui a particulièrement attiré mon regard c’est la vanité de l’amour dont la vérité se fond vite dans la banalité. On ne sait pourquoi nous aimons mais en revanche on sait très vite à quel moment nous n’aimons plus. Proust, encore lui ! en maître de l’analyse de l’âme humaine, nous rappelle que l’amour naît et meurt avec l’évolution de notre vie et de notre personne. On n’aime pas essentiellement, on aime chronologiquement. Ainsi on verra Swann se détacher d’Odette de Crécy comme si devenu étranger à lui-même il ne trouvait plus aucun charme à cette femme, qui, de toute façon, « n’était pas son genre ». Peut-être l’amour n’est-il qu’une aspiration vers l’autre et que nos sens s’en bernent par peur de la solitude. De là peut-être naît cette perception de l’ironie à travers ce texte. Ironie que l’on retrouve d’ailleurs chez La Bruyère ou Sacha Guitry pour qui l’amour est une affaire de société. On pourrait longuement converser à ce sujet ! Merci encore Léo et à tout de suite. Francis-Etienne. Une larme de cire et son goût de vanille Coule le long d’un cœur pris par une coquille.
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