Des braises de la soif il ne reste que l’urne

Dont la riche couleur se fond dans un vitrail

Ouvert comme un soleil couché sur le poitrail

D’une bête de somme au regard taciturne.

 

Sous le cuir élimé d’un ancien cothurne

L’odeur d’une pouliche au caravansérail

Brûle de sa poussière un vaste soupirail

D’où s’échappent ces mots défroqués de Saturne.

 

Des roses de velours et des masques de fer

Etouffent les désirs en broyant en enfer

Le râle permanent d’une fontaine éteinte.

 

Or qui viendra puiser dans le bras de ce gave

Les épines du jour dont la sinistre épave

Rouille inlassablement comme un trou de complainte ?

 

Francis-Etienne Sicard Lundquist 

Griffes d'orties @2014

 


Publié le 18/08/2025 / 5 lectures
Commentaires
Publié le 19/08/2025
La puissance des astres et peut-être même de l’univers tout entier comme l’apparence de Dieu, cette entité sui nous dépasse, jusqu’aux mots défroqués. Je viens de commencer en fil rouge pour quelques semaines « Ainsi parlait Zarathoustra » de Nietzsche et dans le prologue il y a de nombreux passages qui évoque le simple homme comme étant une passerelle qui mène au divin que chacun peut incarner en se surpassant de la condition humaine, et en te lisant je me dis que la poésie est aussi cette passerelle permettant de relier tous les mondes et toutes les vies, dans l’étape qui est propre à chacun. La poésie est un carrefour qu’empreinte toutes les figures tutélaires, mais aussi ce qui peut en éloigner l’humain d’une forme d’épanouissement et de sagesse. Dans le cothurne que je découvre, j’y entrevois une marche, intérieure et endurante puisqu’elle traverse les siècles pour rassembler tout ce qui peut l’ètre.
Publié le 19/08/2025
Cher Léo, voilà encore un de tes magnifiques commentaires qui vient mêler Nietzsche à l’analyse du texte. Merci encore pour ce lien qui me touche beaucoup. La passerelle dont tu parles existe bel et bien et elle nous fait traverser le vide sidéral sur les ailes des mots. Il fait oser y poser nos pas comme un aventurier que tente l’inconnu. Qu’est-ce d’ailleurs que l’inconnu, si ce n’est la forme la plus concrète de l’espoir ? C’est peut-être dans ce sens qu’il faut lire Ainsi parlait Zarathoustra, ce guide mystérieux et mystique qui nous pousse pas à pas vers une absolue révélation de nous-mêmes, suivant encore la méthode de Platon, connais-toi toi-même, et qui en bout de compte nous apprend que nous ne savons rien. Faut-il être un équilibriste pour traverser ce texte ? Oui car nous sommes de pesants animaux en apesanteur. Alors la poésie devient un exercice de confiance en soi et en l’autre, l’auteur. Laissons-nous tenter par la traversée de l’univers, dépouillés de nos lourds paletots d’apparat et de nos couronnes si lourdes, pour poser nos pas légers dans un éther de mots qui glissent sous nos regards de plus en plus enchantés. Merci Léo de tout cœur et à plus tard. Francis- Etienne. La lune a déposé sous une goutte d’eau Un sourire d’enfant qui joue au renardeau
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