Le hasard rôde nu sur un tapis de paille

Où glissent par frissons des larmes de sueur

Qu’une main palpitante épelle à la lueur

D’une lune écrasée au grain de la rocaille.

 

Des cartes à jouer jonchent de leur ferraille

Des masques déchirés sous les doigts d’un joueur

Dont la fièvre de mort enflamme la fureur

Des ombres déguisant le soleil en grisaille.

 

Des grappes de glycine enivrent à leur sang

Les bouches de la nuit et les bords d’un étang

Que des foules de fruits enroulent au silence.

 

Or l’énigme se noue aux fils d’un carillon

Qui sonne le tocsin comme un cri de grillon

Etouffé par la peur d’un plateau de balance.

 

Francis-Etienne Sicard Lundquist 

Griffes d'orties@2014


Publié le 17/09/2025 / 5 lectures
Commentaires
Publié le 18/09/2025
« Rien ne va plus »… l’expression consacrée lorsqu’il est lâchée la bille à la roulette (qui fait penser à la roulette russe lorsque la mise est disproportionnée). Ton poème rend très bien la tension que revêt le hasard, et la fièvre des joueurs qui s’en remettent au destin jusque "faire tapis", là encore une expression exprimant bien l’ombre du KO qui rôde alentour. Tu parviens admirablement bien à faire ressortir des ambiances lourdes et dramatiques dans tes poèmes, et celui-ci est une nouvelle fois plus que très réussi : tu nous envoies dans les cordes d’un combat qui semble perdu d’avance. A plus tard très cher Francis-Etienne.
Publié le 18/09/2025
Merci Léo, ton commentaire comme ta sensibilité au texte sont toujours pour moi un sujet d'admiration. Tu connais mon intérêt pour le jeu et pour le hasard, et tu as bien saisi la puissance que l'on peut développer dans un texte poétique, en combinant l'un à l'autre. J'ai toujours été sensible aux cartes dites "à jouer" parce qu'elles cachent comme les mots, des images. D'ailleurs les cartomanciennes les lisent comme des livres secrets dont elles auraient le pouvoir de comprendre les messages. Dans le Voyage bleu la cartomancienne a un rôle central pour le development de l'histoire. Il y a aussi la signification de chacune des cartes qu'elle me révèle dans l'énumération de chacune des lames. Ainsi la la carte est devenue pour moi le symbole de la peur. Je l'utilise donc largement dans les poèmes car son mystère fait jaillir la peur des mots eux-mêmes. Merci encore Léo pour ta si subtile perception du texte et pour ton amitié. A plus tard. Cordialement, Francis-Etienne. Sous le velours des mots se cache le mystère De mondes étrangers aux bancs du monastère.
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