L’abondance et l’abandon

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L’abondance et l’abandon 🐌🐌🐌

Fable contemporaine 

Par Mich

 

L’influenceur, tout l’été,

postait, brillait, dansait,

sans jamais réfléchir,

Il écrivait en smileys et faisait des videos 🐌🐌🐌

Son physique était rémunérateur,

et son mépris ne se voyait pas 🐌🐌🐌

 

Depuis sa tour d’ivoire à Dubaï, payés par ses followers 

Il vendait des sourires,

des t-shirts, des rêves, 

et pensait que les petites gens étaient des losers 🐌🐌🐌

Il vendait de fausses promesses aux âmes fragiles qui avaient investit leurs deniers pour un retour sur investissement dithyrambique🐌🐌🐌

 

Il vivait dans l’abondance :

d’attention, d’argent, de lumières,

de commissions élevées tel un trader.

Il pensait que cela durerait toujours 🐌🐌🐌

Pourquoi en douter ?

Tout le monde l’aimait 🐌🐌🐌

 

Il riait des travailleurs

qui se lèvent tôt le matin,

qui n’ont pas d’abonnés,

et vivent sans poster🐌🐌🐌

De pauvres gens qu’il tentait de persuader d’investir. 

 

Mais le vent de l’automne

souffla fort sur son trône🐌🐌🐌

Oh ! Scandale :

il avait triché pour se faire du blé 

Ce fut la une des journaux du soir 🐌🐌🐌

 

Les likes s’effondrèrent,

et sa gloire éphémère aussi.

Que croyait-il donc?  🐌🐌🐌

Qu’il pouvait vivre sans rien faire, au bord de sa piscine dorée en postant des selfies, 

juste avec son physique et son mépris? 🐌🐌🐌

 

Il courut chez ses amis🐌🐌🐌

du moins ceux qu’il croyait amis, 

d’autres influenceurs bien en vue, et compétiteurs comme lui.

Mais il était naïf, dans ce milieu il n’y a que l’égo, la chute de l’un fait le bonheur de l’autre🐌🐌🐌

« Prêtez-moi un peu d’argent,

un peu de sens à ma vie, un peu de temps pour me refaire 🐌🐌🐌

Je n’ai plus rien à vendre, je dois rembourser, les tribunaux sont sur moi  et plus personne ne m’attend 🐌🐌🐌 »

 

Mais chacun regardait ailleurs.

L’indifférence était là pour qui🐌🐌🐌

Pour lui, bien sûr.

Et comme souvent,

l’indifférence finit le travail.

Elle sonna le glas.

Et lui resta là,

seul à scroller son vide,

dans l’abandon total 🐌🐌🐌

 

La morale de cette histoire tu la connais bien 🐌🐌🐌

 


Publié le 14/07/2025 / 11 lectures
Commentaires
Publié le 14/07/2025
Influenceur signifie qu’il y a des influençables mais je me dis aussi que le public à travers l'audience sur des épisodes, via ses commentaires etc.. façonne aussi l’image de l’autre : une forme de miroir à double face, ou chacun finit par voir une version idéalisée de soi dans l’autre. Mais est-on vraiment heureux dans l’ombre et le reflet d’autrui ? Si oui, c’est toujours ça de pris et grand bien leur fasse.
Publié le 14/07/2025
Merci Léo pour ce commentaire riche, fin et un peu vertigineux. Tu as parfaitement saisi une des strates invisibles de mon texte : ce jeu de reflets, ce double miroir où chacun, qu’il soit exposé ou regardant, cherche une image, une confirmation, ou parfois même une consolation. Je trouve très juste ton idée que l’audience façonne aussi l’image de celui qu’elle observe. On parle tant de l’influence dans un seul sens, alors qu’en réalité, le lien est plus poreux, plus mouvant. Peut-être sommes-nous tous un peu influençables… et influenceurs à notre manière, à force de mots, de silences, de réactions. Et quant à ta dernière phrase « si on est heureux dans l’ombre et le reflet d’autrui… c’est toujours ça de pris » Elle m’a touché. Oui. Parfois, c’est peu, mais c’est déjà ça. Et parfois, ce peu-là est tout ce qu’il nous reste pour avancer. Encore merci pour ton regard. Michel
Publié le 17/07/2025
Pourquoi des escargots ? Un lien avec l'abondance ? A la lecture je suis partagé. C'est un sujet difficile a aborder donc bravo pour cela. Le titre est magnifique. Je suis désarçonné car certains vers sont percutants avec un message fort: "... qui n'ont pas d'abonnés et vivent sans poster" et d'autres sont légers au risque de s'y perdre. Peut être un contraste afin de montrer que la douleur n'est qu'à une lettre de la douceur!
Publié le 17/07/2025
Merci pour votre lecture attentive et vos mots. Oui, il y a dans ce texte un contraste volontaire entre légèreté et gravité, comme une fable un peu déguisée. L’escargot m’a semblé être un bon symbole pour parler de lenteur, de repli… et de résistance. Et j’aime beaucoup votre phrase : la douleur n’est qu’à une lettre de la douceur. Elle aurait presque pu être la chute !
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