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Ce texte participe à l'activité : L'affrontement

Au cœur de Guanama, la magie disparaissait lentement depuis plusieurs générations.

En effet, l’avènement de la science l’avait remplacée petit à petit au fil des années.

Cela avait commencé avec les soins prodigués. Les guérisseurs s’étaient vus ainsi oubliés et traités de sorciers, tandis que le corps médical, avançant dans ses recherches, trouvaient tant et plus de remèdes aux différentes maladies.

Ensuite, c’était le travail qui s’était vu modifié. Oubliés les artisans, la place devait désormais être laissée aux machines qui permettaient une plus grande et plus rapide productivité.

Ainsi, lentement mais sûrement, les progrès scientifiques et industriels avaient remplacé la magie existante dans ces lieux.

Pourtant un petit groupe de sorciers continuait à se réunir, dans le plus grand secret, inquiets de la tournure qu’était en train de prendre ce monde d’esclavage à peine déguisé par un maigre salaire pour la grande majorité des ouvriers qui portaient à bout de bras cette nouvelle société.

 

« Il faut faire appel à l’égrégore, décida un jour Silam, considéré unanimement comme le plus sage du groupe dissimulé.

  • Mais comment, Silam ? Tu sais bien que nos pouvoirs ne suffiront jamais à lutter contre leurs avancées. Nous ne sommes plus assez nombreux à pratiquer encore la magie pour entrer en guerre.
  • Si tu as peur du présent, tu ne pourras pas te tourner vers l’avenir », répondit Silam, d’une voix grave.

Le sorcier qui avait ainsi réagi resta muet, comme interdit devant cette vérité prononcée par le sage.

« - Ils sont en train de tuer la magie en nous. Ce que tu viens de dire en est la preuve : tu n’y crois même plus…Pourtant il existe une solution…

  • Laquelle ?
  • Je te l’ai dit : il faut se tourner vers l’avenir. »

Le groupe de sorciers regarda leur chef d’un air interrogateur.

« Quel est notre avenir ? Ou plutôt qui sont notre avenir ? interrogea alors le sage.

  • Les nouvelles générations…osa un autre sorcier.
  • Oui, les enfants, nos enfants. Il n’y a pas de magie plus pure et plus puissante au monde que l’innocence et l’imagination des enfants. C’est par leur pouvoir que nous pourrons éveiller l’égrégore.
  • Mais comment ?
  • En leur accordant notre confiance. ».

 

Ainsi les mages décidèrent de transmettre leurs pouvoirs restants à cette toute nouvelle génération. Pour cette passation, les mages devaient trouver le moyen de prendre les mains de chaque enfant dans les leurs, tout en prenant garde à ce que les ces derniers ne comprennent pas le don dont ils leur faisaient part. Tout devait rester secret et silencieux. Les petits ne devaient donc pas être conscients du pouvoir que les mages leur transmettaient.

Une fois ceci fait, les mages expliquèrent avec précaution aux parents le don dont ils venaient de faire part à leur enfant, ainsi que leurs projets.

Effrayés, la plupart s’insurgèrent, dénonçant une manipulation de la part des mages et la mise en danger future de leurs enfants au service d’une guerre dont ils ne voulaient pas.

Certains d’entre eux éclatèrent même de rire à l’idée que leur marmot puisse désormais détenir des pouvoir magiques. Les mages devenaient alors à leurs yeux de simples vieux fous ayant perdu l’esprit qui venaient leur raconter n‘importe quoi.

Cependant quelques familles comprirent la valeur de ce cadeau offert à leur enfant, le projet des sorciers, et furent honorés de pouvoir y prendre part, inquiets malgré tout pour leur progéniture.

 

« - Ne vous inquiétez pas. Nous pouvons vous assurer que les petits ne courront aucun danger. Mais eux seuls sont capables de réveiller l’égrégore. Nous avons absolument besoin d’eux maintenant. L’heure est devenue grave. La magie a presque totalement disparu. Il faut la réveiller avant qu’il ne soit trop tard. ».

 

Il fallut cependant attendre patiemment le bon jour, celui de l’alignement de la Terre et de Vénus.

Quand ce jour arriva enfin, les mages allèrent chercher chaque enfant dans leur famille. Ils les emmenèrent dans la plaine, dans un lieu désert, anciennement utilisé pour appeler les esprits.

Arrivés là-bas, ils demandèrent aux enfants de former une ronde et se prendre les uns les autres par la main.

Ces derniers, obéissants et heureux de participer à ce qu’on leur avait présenté comme un jeu, s’exécutèrent aussitôt.

« Fermez les yeux les enfants. Et maintenant laissez votre imagination vous importer. »

 

Les enfants fermèrent donc les yeux et, tout naturellement, se mirent à penser à ce qu’ils aimaient et à ce dont ils rêvaient.

 

Dans le ciel apparurent alors des filaments de toutes les couleurs qui vinrent s’unir et s’entrelacer, jusqu’à ne former qu’une immense boule de lumière, irisée de chacune de leurs nuances.

 

« Gardez les yeux fermés, les enfants. Concentrez-vous maintenant sur chaque moment de bonheur partagé avec vos proches. »

 

Les enfants, toujours les yeux clos, se mirent alors silencieusement à sourire au souvenir d’un moment de bonheur simple partagé avec leurs familles et amis.

 

D’autres filaments, dorés ceux-là, vinrent rejoindre la boule de lumière, élargissant encore son diamètre.

 

Quand Silman jugea la magie créée assez puissante, il éleva alors son sceptre en dessous de la boule de lumière. Toute la magie fonça alors s’engouffrer à l’intérieur puis, dans des rayonnements lumineux, se dispersa aux quatre coins de Guanama, détruisant à son passage chaque machine qui enlevait aux Hommes leur créativité, chaque progrès médical qui s’avérait finalement plus dangereux que guérisseurs.

Les quatre rayons de lumières dispersés à travers le pays vinrent ensuite s’engouffrer dans l’esprit des gens afin de réveiller leur conscience, de leur rappeler qu’à l’aide de cette magie bienfaitrice, ils pouvaient désormais se libérer de leurs chaînes invisibles et rayonner eux aussi, à la force de leur âme, par et pour eux même, afin de s’extraire de ce monde devenu mécanique et ancré dans l’habitude qui tue l’esprit à petit feu.

Bientôt chacun put sentir un pouvoir positif l’envahir, comme une immense paix intérieure perdue depuis des années et soudainement retrouvée.

Cette sensation vint également toucher l’esprit des scientifiques et industriels qui asservissaient les ouvriers dans leurs usines.

On délaissa alors les machines à part quelques-unes destinées à améliorer la vie des agriculteurs.

On commença à se méfier de la nouvelle médecine jusque-là considérée comme miraculeuse…les laboratoires de recherche furent fermés un à un et les guérisseurs retrouvèrent ainsi leur place et utilité au sein de leur société.

Ainsi, grâce à l’innocence et l’imagination de la nouvelle génération, la paix et la magie reprirent leur place au sein de Guanama.

 


Publié le 27/06/2022
Commentaires
Publié le 27/06/2022
Bonjour Vickie, ce que j'aime ta proposition et toutes les étapes si humaines qui se succèdent. L'enlisement des anciens qui ne croient plus en rien, l'audace et le bon sens de confier les clés de l'avenir entre les mains d'yeux neufs et de coeurs bienveillants. Tout ceci réponds à l'adage, si jeunesse savait et si vieillesse pouvait, et bien évidement tout est possible en conjuguant les deux. Avec enfin un élément clé que tu donnes : de la nécessité de conjuguer aussi les responsabilités : anciens, parents et enfants, et cette étape du changement est bien chaotique un temps, jusqu'à ce que surviennent les plus grands espoirs enfin permis... ton texte donne un coup de booster incroyable, merci de l'avoir partagé. A plus tard Vickie.
Publié le 28/06/2022
Merci Léo de ton commentaire. Heureuse d'avoir écrit un texte qui redonne le sourire :) à bientôt
Publié le 03/07/2022
J’aime : les étapes successives que présente ton texte, la présentation et le soutien entre elles des différentes générations. Cette notion d’imagination et de sourires d’enfants aussi. Et cette sagesse qui sous-tend un avenir de paix et de bienveillance. Et enfin la richesse d’un possible "juste équilibre". Merci vickie pour ce beau texte :)
Publié le 04/07/2022
Merci à toi Ally d'être venue me lire et de ton commentaire. L'espoir est revenu ici par le biais de l'enfance et en effet de la passation de savoirs entre les différentes générations. Merci à toi.
Publié le 06/07/2022
Bonjour, Votre texte propose une belle métaphore de la folie de notre époque, lourdement chargée d’ironie et de cynisme face aux préceptes d’une vie plus simple et plus saine. Quand le progrès s’insinue dans toutes les strates de l’existence, au point de la dénaturer, et de transformer le caractère des gens… Même si je préfère les histoires sombres et teintées de désespoir, j’ai beaucoup aimé le positif qui se dégage de votre histoire, avec cette fin heureuse où tous prennent conscience de la vraie valeur de leur monde imprégné de magie. Si seulement ce genre de conscience collective pouvait se répandre dans la vie réelle… Un grand bravo pour votre texte et la bouffée d’air frais qu’il incarne dans ce thème ! Et merci encore pour votre triple participation à ce défi.
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