L’Ombre
Sous le passage des ombres,
après la pluie d’angoisse,
quelque part au cœur des routes,
le pouls du temps battait.
Le soleil, allongé sur la route,
glissait sa lumière douce,
tandis que l’ombre, dans le regard des arbres,
grandissait, s’élevait.
Les tournesols, tendrement,
serrèrent l’ombre dans leurs bras
et lui chantèrent des berceuses.
Mais dans le souffle retenu de l’ombre,
une femme demeurait cachée.
En elle, des épines dures,
pareilles aux becs aiguisés
des mouettes sauvages,
avaient trouvé refuge.
L’ombre, emprisonnée dans la mer,
sentait son corps pris,
enchaîné par ces becs furieux,
par cette captivité amère.
Une captivité forgée par
les chaînes d’un préjugé ancien,
une mousse de discrimination
s’enroulant autour d’elle,
la rétrécissant toujours plus,
jusqu’à ce qu’elle tienne entièrement
dans ces becs sauvages.
Mais l’ombre, dans l’attente
des tournesols au bord des routes,
vit leurs regards emplis d’espoir.
Alors elle grandit, s’étendit,
s’élevant au-delà de sa douleur,
jusqu’à se blottir dans leurs bras lumineux.
Son élan la fit croître,
dépassant même la taille
des mouettes oppressantes.
Et là, enfin, elle vécut,
dans la maturité de son identité,
elle contempla le vol courageux
de son être libéré.
Jusqu’au dernier cri des mouettes,
elle resta, debout sur la route,
à côté des tournesols,
inébranlable,
dans la lumière de sa victoire.