La fiesta tendre de l’exorcisme
Et si l’exorcisme n’était plus une affaire de prêtres, de sorciers, de croix brandies dans la pénombre ?
Et si l’exorcisme moderne, discret et bienveillant, s’invitait chez nous à la tombée du jour, sans incantation ni hurlement, mais avec du vin, de la musique, et des poèmes lus à voix douce ?
Un exorcisme du quotidien, contre les ombres invisibles qui nous collent à la peau : les regards qui jugent, les mails trop secs, les attentes déçues, les horaires trop lourds, les silences trop longs.
Un exorcisme sans théâtre, sans miracle, sans drame, juste un retour à soi, un retour à l’amour des choses simples.
On rentre chez soi.
On retire ses chaussures, on fait tomber la tension, on laisse à la porte les horlas du dehors, ces pollueurs d’âme.
Puis on allume une lumière douce. Une ou deux bougies.
On lance une musique qui caresse : du jazz discret, du classique qui plane, un vieux boléro qui fait battre le cœur.
Dans la cuisine, on épluche quelques légumes, on fait revenir l’ail dans l’huile d’olive, on laisse mijoter ce qui réchauffe.
On ne cherche pas à impressionner, on cherche à s’ancrer.
On ouvre une bouteille, pas pour fuir, mais pour célébrer la paix retrouvée.
Un vin blanc, rouge, rosé, ou même un thé fumant.
Chacun son offrande.
Et puis, le cœur du rituel :
On choisit un poème.
Dans un livre, dans une feuille oubliée, dans une mémoire qui revient.
On le lit. Lentement. Pas pour briller, pour partager.
Et s’ils sont deux, ils se lisent chacun leur poème.
Et s’ils sont trois ou plus, la table devient cercle.
Chacun lit un poème ou un texte ou même un seul et on parle de ce qu’on ressent. On se regarde vraiment.
On est là.
Les enfants écoutent, parfois rient, parfois s’évadent, mais ils sentent que quelque chose de vrai se passe.
Ils adorent les bougies. Ils voudront les souffler.
Et ce sera leur petit exorcisme à eux.
Puis vient le repas. Simple, bon, nourrissant.
On parle des belles choses. On laisse le travail, l’école, les tracas dans les coins.
On ne se dispute pas pour la vaisselle. On n’accuse pas. On ne râle pas.
On est ensemble, c’est tout.
Tous les écrans sont éteint, c’est la liberté retrouvée… et on continue chaque jour. On se PARLE
Voilà, l’exorcisme a eu lieu.
Tout doucement. Sans spectacle.
Juste avec de la chaleur, de la parole, du feu, des mots.
Et demain, peut-être, le monde sera encore dur.
Mais on saura qu’on peut recommencer, chaque soir, cette fiesta tendre, cette liturgie intime, ce petit miracle d’amour sans magie.