Dans un livre au dos fendu, sous la caresse du temps,
Dormait une lettre, frêle papillon d’antan.
Ses bords s’effilochaient comme des ailes brûlées,
Et l’encre, en filigrane, pleurait ses mots fanés.
Un parfum de violette, prisonnier du papier,
S’échappait en secret, timide, effleuré.
Chaque pli racontait un souffle, une étreinte,
Un serment murmuré, une promesse éteinte.
Les lettres dansaient, pâles lucioles d’encre,
Sur la page froissée, comme un ciel à repeindre.
Un prénom s’y cachait, blessure et douceur,
Un écho suspendu dans la poussière du cœur.
Le vent, curieux, tourna la page du passé,
Soulevant les soupirs d’un amour effacé.
Et la lettre, frémissant sous le soir apaisé,
S’endormit à nouveau, gardienne du secret.
Alors le livre se referma, discret,
Sur ce cœur de papier, ce secret imparfait.
Et dans le calme doré d’un instant marin,
La lettre s’effaça… comme un rêve lointain.