-Viens maman, viens voir l'océan qui a dévoré le père, ton mari, par cette nuit de tempête et d'orage, quand ni les hommes ni les bêtes n'y trouvent de parades et n'ont que leurs peurs à affronter.
-Tu n'es pas seule, nous sommes là, dit son frère, comme une paire de coquillages, si ressemblants et dissemblables à la fois.
- Je sais, dit la mère. L'océan fut son linceul. Je ne suis pas seule. L'esprit de votre père s'est agrafé dans vos neurones et dans vos sangs, jusqu'aux muscles de vos corps qui n'ont de cesse de le chanter
et mes gènes y participent avec tout l'amour que nous nous sommes porté.
Je ne suis pas seule
quand le père m'a laissé une paire d'en fants, si ressemblants et si dissemblables à la fois. Vous avez ses yeux. Je viens parfois sur cette plage pour y retrouver mes chagrins apaisés, ses mots d'amour qui naviguent sur ces flots tels de petits poissons argentés, et sur la crête des vagues, je le vois et il a vos deux visages jumelés.
Vous êtes si jeunes encore mais sa mort précoce vous a renforcés.
Cette plage inconnue est devenue la nôtre. Votre père demeure à sa place. Il n'est qu'une énergie qui nous fait vibrer.
- Il est l'énergie de l'océan, dit l'un des fils.
- Et celui de la terre, ajoute son frère jumeau. Et sans l'oublier, il te faudra aimer encore.
- Il faut nous laisser le temps des petites et des grandes marées, que les energies de l'océan et de la terre deviennent ce sable si doux à fouler sous nos pieds.