Lettre de l’automne
Je suis l’automne, tout juste né,
la plus belle des saisons de la terre, par mes couleurs.
J’arrive à temps.
À temps pour soulager la chaleur accablante de l’été,
celle qui vous a tant fait souffrir
et qui a conduit, hélas, nombre d’êtres vers leur dernière demeure.
Je suis l’automne.
Je viens cicatriser les brûlures infligées à la nature :
arbres calcinés, buissons disparus, fleurs étouffées,
et tant de créatures merveilleuses emportées par le feu et la soif.
Je vous offre mes caresses venteuses,
avant de les confier à mon amie l’hiver,
qui, je l’espère, prolongera ce repos bien mérité
avant que le printemps n’ouvre déjà ses portes-fenêtres.
Mais écoutez-moi.
Nous avons besoin de temps pour réparer, pour soulager.
Oui, parfois nous frapperons de froid,
mais c’est pour votre bien.
Nous savons vos fragilités, vos désirs de confort.
Alors je vous en prie : laissez-nous faire notre travail.
Baissez un peu le son, réduisez le feu inutile,
économisez cette énergie dont vous n’avez pas vraiment besoin.
Mettez un vêtement plus chaud :
vos ancêtres l’ont fait, et vous aussi pouvez le faire.
Nous ne sommes pas vos ennemis :
nous sommes vos alliés, vos gardiens.
Prenez soin de nous comme nous prenons soin de vous,
et ensemble, peut-être, nous pourrons encore préserver
cette nature si belle, ces vies si chères,
et ralentir ce qui vous attend, comme vos propres experts vous l’annoncent.
Revoyons-nous au printemps.
En attendant, profitez des couleurs merveilleuses,
et de ces soirées qui s’assombrissent plus tôt,
vous offrant un univers si doux et apaisant.
