Dans un ruisseau taché d’une maille de rouille

Un bout de ciel lové contre un charmant roseau

Tend son cou de satin et pointe son museau

Vers un nuage rond comme un flanc de citrouille.

 

Sur un fil d’horizon un oisillon gazouille

Des mots que le matin avec son grand ciseau

Découpe d’un miroir dont le charmant biseau

Joue au feu d’artifice au nez d’une grenouille.

 

Sous des piliers de sel repose un souffle d’air

Que les ailes d’un paon brûlent d’un coup d’éclair

Décochant du soleil une goutte d’olive.

 

Lorgnant le cœur des fleurs un jeune papillon

Verse alors un baiser dont la douce salive

Sucre le jour naissant d’un brillant tourbillon.

 

Francis-Etienne Sicard Lundquist

Griffes d'orties @2014


Publié le 22/09/2025 / 5 lectures
Commentaires
Publié le 23/09/2025
Un tourbillon de plénitude et de raffinement, de pleine beauté. J’ai aimé cette infime maille de rouille qui tâche le limpide ruisseau, qui rappelle qu’un détail, même aussi petit soit-Il peut tout compromettre dans l’excellence du tableau dont l’apparence est soigneusement construite avec des biseaux de miroir pouvant faire l’illusion. Tous les moyens mis en oeuvre, aussi gigantesques soient t-ils, ne pourront être à l’abris de petits grains de sables qui peuvent gripper les plus belles mécaniques. Une très belle leçon qui s’apparente presque à une fable. Merci Francis-Etienne.
Publié le 23/09/2025
Merci Léo pour ta très belle écoute du texte Oui toute mécanique est sujette à l'imperfection d'un grain de sable et souvent les plus grandes catastrophes trouvent leur origines dans un infime détail Un oiseau peut neutraliser le vol d'un avion, un rocher peut déchirer la coque d'un bateau, une pierre qui role peut déclencher une avalanche. Ainsi l'humilité est de mise face au fragile déséquilibre qui nous entoure. Un des éléments que tu as tout de suite relevé c'est l'importance sournoise de la rouille, un mot que j'aime particulièrement, car il introduit l'idée de ce que les hommes de sciences appellent " une combustion lente", mais aussi celui d'une couleur. Ainsi l'altération de la matière se confond avec une combustion qui ronge la plus féroce des matières: le fer. La poésie explore tous les aspects de la vie et use de son pouvoir pour présenter non seulement la lenteur de la vie et sa disparition mais aussi les variantes de couleurs qui l'accompagne. Les feuilles en automne, la rouille, la flétrissure des fleurs et bien d'autres spectacles de la nature en marche nous ravissent précisément parce que nous les contemplons sans pouvoir les contrôler. Merci Léo, pour un commentaire encore une fois si subtile et beau. Cordialement, Francis-Etienne, à tout de suite. Francis-Etienne. Un papillon d'azur glisse entre les doigts D'une flamme de nuit incise entre les toits.
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