Ombre de toi, ombre de moi
J’ai senti, au-dessus de moi,
un regard suspendu,
un souffle qui épiait
le moindre éclat de joie,
le moindre frisson de plaisir.
Mon juge secret se dressait,
me soufflant à l’oreille :
ce que tu fais est mal.
Alors, mes élans s’effondraient,
mes désirs chaviraient
en désastres intimes.
Des yeux me fixaient,
invisibles, inlassables.
Je fermais les miens,
mais les siens glissaient
sous mes paupières closes,
pour ne pas me rater.
ombre de moi,
ombre de mon père,
pourquoi me ronges -tu
sans répit ?
Ne puis-je avoir un abri,
un seul refuge,
où l’intimité respire ?
Un lieu pour me laisser porter,
caresser,
embrasser,
jouir,
sans toi,
sans ton spectre dans le décor.
Quand serai-je libre ?
Quand ?
Ombre de toi,
ombre de moi,
laissez-moi ce moment,
rien qu’à moi,
pour une fois…
une fois seulement.