La chance est un mystère aux veines de sulfure

Que des bouches de chair colorent de leur voix

Lorsque les pécheurs d’âme utilisent la poix

Pour prendre dans leurs rets des morceaux de parure.

 

Parfois les hommes morts dans la littérature

Renoncent au soleil comme aux fleurs de leur choix

Simplement par plaisir et par amour des croix

Qui jonchent leur chemin d’un sac de sépulture.

 

Leurs mots ont le pouvoir de briser le chagrin

De tous ceux qui souvent sous le poids d’un refrain

Referment l’univers d’une ombre à la dérive.

 

Et si le jour se meurt dans un plat de vermeil

C’est que le poids du temps a repoussé la rive

Au bout d’un serpentin qui ronge le sommeil.

 

Francis-Etienne Sicard Lundquist

Flocons de temps @2014


Publié le 09/09/2025 / 5 lectures
Commentaires
Publié le 11/09/2025
Quelle image que ces pêcheurs d’âmes à la dérive… et je n’ai pu m’empêcher ensuite de penser au chemin de croix sur le parcours du calvaire. Comme si le sacrifice des mots pouvait sauver les hommes… car en vérité tout est affaire de mots car ce sont eux qui témoignent, se transmettent, entretiennent la mémoire et fixe les apprentissages, quand bien même ils semblent parfois bien vains. Merci pour ce nouveau très beau poème.
Publié le 24/09/2025
Merci à toi, Léo, pour cette élévation au-dessus du texte et ta magnifique expression 'd'un chemin de croix sur le parcours du calvaire". Oui" le sacrifice des mots sauve les hommes ". Comme tu le soulignes si bien, ils entretiennent la mémoire et témoignent. C'est alors que l'on retrouve par l'étymologie le sens du mot martyre, le témoin. Toute la puissance de l'écriture se développe par le témoignage, et c'est bien là le fondement de la chrétienté. L'importance de la notion d'écriture domine toutes les religions, quelles qu'en soit leurs variantes. Les hébreux ont même été jusqu'à rendre les textes sacrés intouchables, considérant que changer une seule consonne des textes serait une injure faite à Dieu, et le Christ ne s'est-il pas offert comme l'alpha et l'oméga, affirmant ainsi que tout est dans l'écriture. Mais voilà un thème qui m'enmènerait bien trop loin, si je laissais ma réflexion s'ouvrir sous ces lignes...Merci encore Léo, ton amitié m'honore tant. A plus tard, cordialement, Francis-Etienne. Sous le voile d'un mot une femme en sari Offre au monde naissant le chant d'un canari.
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