Les voiles indiscrets des immenses tiroirs

Couvrent de leur bois mort des pages d’encre rouge

Que les greniers du ciel aux fibres de carouge

Brûlent sous un soleil traversant les miroirs.

 

Près d’un tambour planté tout en haut des manoirs

Une plante en corail dont le saint soupir bouge

Entre les bruits fruités d’une tranchante gouge

Courbe ses plis de sel contre l’air des couloirs.

 

Tout tourne autour des mots et de leur bienfaisance

Comme si l’écriture épuisait dans l’aisance

La vie entrelacée au rire d’un acteur.

 

Pourtant plus tard la nuit lorsqu’arriva la grêle

Des branches de safran au pouvoir destructeur

Blanchirent le papier d’une neige si frêle.

 

Francis Etienne Sicard Lundquist

Feuillets d'argent @2015

 

 


Publié le 10/06/2024 / 4 lectures
Commentaires
Publié le 12/06/2024
Ce blanch!ment final est une nouvelle page blanche pour offrir aux mots un nouveau terrain d’expression. C’est ce que j’aime des mots, leur opportunisme et leur audace, toujours prêts à planter de nouveaux décors pour nous soustraire des convenances et de l’ennui.
Publié le 14/06/2024
Cher Léo, merci encore pour ton commentaire dans lequel tu soulignes avec justesse « l'opportunisme et les audaces » des mots. Il est bien vrai que les mots sont des couleurs, que l'on peut faire varier à l'infini, en les mélangeant, en les opposant, ou tout simplement en les mettant en valeur l'éclat. Le cinéma travaille exactement de la même façon mais avec des images. Selon l'angle sous lequel on présente une situation, un objet, un personnage, un détail, un récit se construit. Et le cinéma qui recherche l'esthétisme, comme par exemple celui de Luchino ou Visconti, ou de Joseph Losey, fabrique un discours poétique qui comme tu le dis « nous soustrait des convenances et de la nuit ». Je pense en particulier à « Mort à Venise » ou à «The servant ». Et ainsi on peut diversifier la vision poétique du monde, jusqu'à l'extrême, comme par exemple dans l'univers de Hitchcock. Le récit toujours mystérieux et dramatique est chez lui constamment soutenu par de la poésie. Voilà donc encore une belle réflexion que tu m'autorises et je t'en remercie. À tout de suite. Cordialement, F. Étienne. Le seul souffle des mots attise dans les cœurs Les parfums enivrant de suaves liqueurs.
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