Il rôde dans le froid un lambeau de mystère

Qui frôle d’un soupir le voile d’un brouillard

Dont les ongles de givre écorchent un vieillard

Assoupi sur un banc devant un presbytère.

 

Des feuillets de silence effleurent un cratère

Où se tapit la peur d’un sombre coquillard

Echappant à la mort à bord d’un corbillard

Flanqué d’une bougie et d’un drap de misère.

 

Lorsque le jour revient au fronton du portail

Un corbeau fatigué comme un épouvantail

Vole de tombe en tombe en quête de charogne.

 

Quelques gouttes de pluie effacent du matin

Les derniers bruits d’un pas tristement clandestin

Qui traverse le parc où s’ébroue un ivrogne.

 

 

Francis Etienne Sicard Lundquist 

Soierie de marbre @2014


Publié le 08/05/2025 / 2 lectures
Commentaires
Publié le 08/05/2025
Le vieillard habillé du temps qui passe de façon inéluctable progresse dans le froid et le voile de l’incertitude imposée par le silence. Tout semble laid dans cette lutte vouée à l’échec, où seule la nuit aura le dernier mot. Ton poème est sacrément puissant comme peuvent l’être les tableaux de Jérôme Bosch. A plus tard Francis Etienne
Publié le 09/05/2025
Cher Léo, tes mots comme des feuilles d'arbre m'ont tellement réjoui. Tu sais lire et transcrire les plus subtiles nuances. Oui la poésie utilise aussi la laideur et c'est un registre unique comme celui d'un clavier d'orgue. La laideur en poésie demande de l'élégance dans le phrasé, de la lumière dans l'obscurité, du parfum sous la l'odeur d'ail, elle demande aussi de la platitude. Ce poème est un bon exemple de ça. On y trouve des choses simples "un drap de misère ", de la lassitude "fatigué comme un épouvantail "mais surtout de la laideur "où s'ébroue un ivrogne". On recherche de la nuance, du touché, de la caresse. C'est un peu ma spécialité. Beaucoup de mes textes traduisent cette relation avec le fugace, la mort et l'envie, et je dois avouer que le rapprochement avec Jerôme Bosh m'a flatté et m'a aussi ouvert la grille d'une lecture autre. Merci en tout cas pour être aussi sincère. J'aurais aimé poursuivre notre conversation mais comme tu le sais peut-être, j'ai vendu mon appartement il y a deux jours et maintenant les choses sérieuses commencent avec son lot de documents à fournir, a photocopier ou à scanner. J'ai déjà repli un formulaire envoyé par le notaire, formulaire de 6 pages....je suis donc à mon bureau ! Merci Léo encore une fois merci grandement. Cordialement, Francis Etienne. Sous son jupon de sel la vague balbutie Des mots au goût de pluie en pleine acrobatie.
Publié le 10/05/2025
Bon courage dans la phase administrative qui t’attends désormais, à plus tard Francis Etienne.
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