Tableau pour ceux qui ne regardent plus rien

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Tableau pour ceux qui ne regardent plus rien 

Écoutons-les.Tous les poètes ensemble, ils nous transmettent la beauté, la souffrance, l’amour, le savoir.

Ils n’ont pas écrit pour faire joli.

Ils ont écrit pour qu’on vive.

Baudelaire a remonté l’horloge. Depuis, elle tourne sans cœur.

Elle ne s’arrête plus. Mais un jour, elle s’arrêtera  pour chacun d’entre nous.

Et là, il sera trop tard pour vivre.

Trop tard pour cueillir les fleurs du mal.

Trop tard pour dire je t’aime sans grimacer.

Il nous dit :

Vivez. Chérissez. Aimez. Maintenant.

Verlaine, offrait ses fruits et ses fleurs à un bien-aimé qu’il ne pouvait regarder en face. Il aimait au bord du gouffre. Il écrivait pour retenir ce qu’on ne peut retenir.

Van Gogh, par manque d’amour, s’est coupé l’oreille pour ne plus entendre le silence. Et quand il n’a plus supporté la lumière du Nord, il est parti vers le Sud. Puis loin dans les îles, où Gauguin essayait lui aussi d’oublier. Mais on n’oublie pas. On survit. Et parfois, on peint avec des couleurs qui hurlent.

Prévert, lui, voyait la mer se retirer. Démons et merveilles. Vents et marées. Et il restait là,à regarder les enfants jouer sur une plage vide, pendant que le monde faisait semblant.

Sophie Marceau nous a glissé un murmure, plus tranchant que bien des cris :Nous sommes venus de rien, nous repartirons en rien. Mais entre les deux  il y a quelque chose. Un frisson. Un cri. Un mot écrit. Et parfois, une main tendue.

Et puis Barbara. Barbara en noir, qui chante comme on veille un monde qui s’endort. Elle dit :Faites attention. Qui est cette femme en noir qui marche dans les rues ? Elle ne cherche pas ses clés. Elle cherche une âme. Peut-être la vôtre. Vivez avant qu’elle ne vous prenne.

Et Munch. Lui, il n’a pas écrit. Il a peint. Un cri. Juste ça. Un cri immense, muet, posé au bord d’un pont. Ce n’est pas l’homme qui crie, c’est le monde autour de lui. Le ciel, les choses, les autres. Et ce cri, c’est le nôtre maintenant. Celui qu’on retient trop. Celui qui monte, et qu’on préfère remplacer par un sourire d’écran.

Et nous, au milieu de toutes ces voix…Comment se fait-il que l’on s’aime autant, et que nous ne nous le disions pas plus fort, puisque le temps nous jouera un tour.

Alors, à ceux qui savent, à ceux qui sont partis, à ceux qui hurlent encore dans la lumière des tableaux, à ceux qui chantent encore dans les silences oubliés…

Ouvrez-nous les portes. Ouvrez-nous les portes, avant qu’elles ne se referment sur le néant.


Publié le 28/07/2025 / 5 lectures
Commentaires
Publié le 28/07/2025
Les artistes sont les interprètes des émotions. Et tous les supports, sous toutes leurs formes permettent de libérer le trop plein de soi… de nouveau de très belles formules dans ton texte.
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