Pierre à pierre le temps et sa lague râpeuse

Rongent les sentiments et usent le tissu

Des âmes en dentelle et d’un regard moussu

Dont le parfum de pluie entache une ombre d’yeuse.

 

La chair d’un soleil d’or sous sa robe soyeuse

Colore de sa peau un long baiser reçu

D’une branche de vent qu’un grand éclair bossu

Traverse en essuyant une bouche pulpeuse.

 

Des lambris attachés à des bouts de corail

Rappelle les bassins d’un caravansérail

Dont le gargouillement berce toute la plage.

 

Ainsi se meurt le jour sous la flamme d’un soir

Où les oiseaux en banc viennent soudain s’asseoir

Comme de vils vieillards ignorants de leur âge.

 

 

Francis Etienne Sicard Lundquist ©2023


Publié le 27/04/2024 / 5 lectures
Commentaires
Publié le 27/04/2024
J’aime énormément la progression de ce poéme qui débute pierre à pierre pour terminer côte à côte sans que même le temps n’ait de prise sur l’instant qui s’est choisi comme éternel… beaucoup de délicatesse infinie.
Publié le 29/04/2024
Cher Léo, La délicatesse c'est aussi la tienne pour cette belle remarque. J'aime beaucoup pierre à pierre. Ce sont des mots de ma collection aussi, et j'en ai été très touché. J'aime beaucoup ce sonnet. Il est rare que je m'exprime sur mes propres compositions, mais pour celui-ci j'ai une faiblesse. Comme tu l'as écrit il y a de l'instant et de l'éternité dans ces lignes, la couleur en particuliers me charme. Les heures que j'ai passées à saisir ces deux éclairs m'ont été offertes avec tant de délicatesse, précisément, et j'en vénère les plaies. A bientôt, Léo, Cordialement , F Etienne De la nuit de ce jour naîtra comme un visage Une lance de feu lancé depuis Carthage.
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