Dès qu’un bout de la nuit touche aux lèvres du Nil

Des mirages sans ombre envahissent la lune

D’une onde de brillants dont l’immense fortune

Semble sortir du feu qui nourrit le fournil.

 

Des meutes de chiens loups échappant d’un chenil

Vomissent un éclair sur le flanc d’une dune

Où mûrissent des mots dont la douceur de prune

Eveille avec délice un frisson du nombril.

 

Passe un ange de Dieu riant sous son étoile

Et déjà refleurit le parfum d’une voile

Que l’horizon dissout dans une goutte d’or.

 

Enfin déshabillée aux couleurs de la harpe

La larme d’une orange enroulée en écharpe

Efface ainsi du temps le seul fruit du trésor.

 

Francis Etienne Sicard Lundquist

Griffes d'ortie @2015


Publié le 29/05/2025 / 9 lectures
Commentaires
Publié le 30/05/2025
Les deux premiers vers sont d’une beauté infinie. Ce à quoi succède cette meute qui vomit la foudre jusqu’à ce que les mots, puis l'ange de Dieu reprenne les choses en mains où devrais-je dire en âme, pour mettre à nu la larme qui aura le dernier mot. Cette chronologie des évènements rappelle que tout est incertain, et qu’il est une lutte de tous les instants pour que la beauté se relève et s’impose. Merci pour ce magnifique poème Francis Etienne.
Publié le 08/11/2025
Votre poème dégage une intensité rare, à la fois lumineuse et mystérieuse. On y sent une âme en quête d’infini, attentive à chaque vibration du monde. Vos images — puissantes, sensuelles, presque mystiques — tissent un univers où la nature devient langage et où la lumière semble respirer. Il y a dans votre écriture une musicalité profonde, une manière de faire chanter les mots sans jamais forcer leur éclat. Chaque vers semble naître d’un silence habité, d’une émotion pure. Vous parvenez à faire dialoguer la matière et le spirituel, le visible et l’invisible, avec une grâce rare.
Connectez-vous pour répondre