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André rentre chez lui. Il est seul. Sa femme Élisabeth n’est pas encore revenue du travail. Il allume l’ordinateur et recherche le nom d’Alice, celle de sa jeunesse, sur Internet. Des membres de sa famille habitent toujours le bourg dont il est originaire et ses alentours.
Il prépare sa valise et son sac à dos. Non, il ne peut pas partir comme ça, sans parler à Élisabeth, disparaître sans explication. Il s’assied sur le canapé du salon pour attendre son retour, allume la télévision sans pouvoir être attentif au programme, son esprit est déjà ailleurs.
Le cliquetis de la clé d’Élisabeth dans la serrure le ramène à la réalité. Il l’entend accrocher son sac et son manteau à la patère de l’entrée. Il n’ose ni bouger ni dire quoi que ce soit. Quand elle entre dans le salon, elle voit les bagages, lève des yeux interrogatifs vers lui qui se tait toujours.
- Tu pars ? interroge-t-elle.
André commence à évoquer ce qui s’est déroulé le matin même au cimetière de Thiais sans pourtant savoir comment aborder la raison de son départ, comment parler d’Alice qu’il veut retrouver. Et tout à coup, il raconte tout au grand étonnement de son épouse qui ne l’avait jamais entendu une seule fois prononcé ce prénom. André dit qu’elle a été son grand amour de jeunesse, qu’il a fuit le sud de la Bourgogne à sa disparition, qu’il s’est installé en région parisienne, qu’il l’a rencontrée elle, qu’il se sont mariés, ont eu trois enfants… qu’il avait oublié, qu’il avait été heureux toutes ces années avec elle et les enfants mais que maintenant que tout était revenu, il fallait qu’il sache...
Après une longue discussion qui laisse Élisabeth blessée et anéantie, André va s’allonger quelques heures dans la chambre d’ami. Impossible de s’endormir, comment peut-il faire souffrir celle qui a partagé trente de sa vie pour partir à la poursuite d’une chimère. Il a beau se tourner et se retourner dans le lit, il n’arrive pas à s’endormir, il a beau tourner et retourner la question dans tous les sens, il ne peut renoncer à repartir vers le passé qu’un simple prénom a réveillé.
Au petit matin, il toque à la porte de la chambre conjugale. Élisabeth ne répond pas. Il prend ses bagages, ferme doucement celle de l’entrée derrière lui et se rend à la gare de Bercy pour prendre le train qui le conduira à Tournus. Dans le métro, il arrive à se connecter à Internet et à réserver un studio via une plateforme bien connue. Il a son ordinateur portable, il y aura le wifi. Une fois sur place, il pourra entrer en contact avec la famille et les personnes dont Alice était proche au moment de sa disparition. Au besoin, il louera une voiture pour aller leur rendre visite.