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Thiais - Dernière station (2)
Partir ou rester ?

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Ce texte participe à l'activité : 7 jours pour tout changer

André rentre chez lui. Il est seul. Sa femme Élisabeth n’est pas encore revenue du travail. Il allume l’ordinateur et recherche le nom d’Alice, celle de sa jeunesse, sur Internet. Des membres de sa famille habitent toujours le bourg dont il est originaire et ses alentours.

Il prépare sa valise et son sac à dos. Non, il ne peut pas partir comme ça, sans parler à Élisabeth, disparaître sans explication. Il s’assied sur le canapé du salon pour attendre son retour, allume la télévision sans pouvoir être attentif au programme, son esprit est déjà ailleurs.

Le cliquetis de la clé d’Élisabeth dans la serrure le ramène à la réalité. Il l’entend accrocher son sac et son manteau à la patère de l’entrée. Il n’ose ni bouger ni dire quoi que ce soit. Quand elle entre dans le salon, elle voit les bagages, lève des yeux interrogatifs vers lui qui se tait toujours.

- Tu pars ? interroge-t-elle.

André commence à évoquer ce qui s’est déroulé le matin même au cimetière de Thiais sans pourtant savoir comment aborder la raison de son départ, comment parler d’Alice qu’il veut retrouver. Et tout à coup, il raconte tout au grand étonnement de son épouse qui ne l’avait jamais entendu une seule fois prononcé ce prénom. André dit qu’elle a été son grand amour de jeunesse, qu’il a fuit le sud de la Bourgogne à sa disparition, qu’il s’est installé en région parisienne, qu’il l’a rencontrée elle, qu’il se sont mariés, ont eu trois enfants… qu’il avait oublié, qu’il avait été heureux toutes ces années avec elle et les enfants mais que maintenant que tout était revenu, il fallait qu’il sache...

Après une longue discussion qui laisse Élisabeth blessée et anéantie, André va s’allonger quelques heures dans la chambre d’ami. Impossible de s’endormir, comment peut-il faire souffrir celle qui a partagé trente de sa vie pour partir à la poursuite d’une chimère. Il a beau se tourner et se retourner dans le lit, il n’arrive pas à s’endormir, il a beau tourner et retourner la question dans tous les sens, il ne peut renoncer à repartir vers le passé qu’un simple prénom a réveillé.

Au petit matin, il toque à la porte de la chambre conjugale. Élisabeth ne répond pas. Il prend ses bagages, ferme doucement celle de l’entrée derrière lui et se rend à la gare de Bercy pour prendre le train qui le conduira à Tournus. Dans le métro, il arrive à se connecter à Internet et à réserver un studio via une plateforme bien connue. Il a son ordinateur portable, il y aura le wifi. Une fois sur place, il pourra entrer en contact avec la famille et les personnes dont Alice était proche au moment de sa disparition. Au besoin, il louera une voiture pour aller leur rendre visite.

Publié le 20/07/2025 / 8 lectures
Commentaires
Publié le 20/07/2025
J'aime ce texte qui avance avec beaucoup de simplicité et de profondeur certaine. Ça me rappelle L'Arrangement d'Elia Kazan, vieux film qui dit les fêlures humaines, les difficultés des lignes droites et des vies tracées. Merci du partage Marie-Noëlle Bertrand. 🍀
Publié le 21/07/2025
Merci pour votre lecture. Je ne connais pas ce film, je regarderai s'il est disponible dans ma médiathèque.
Publié le 20/07/2025
La puissance d’une histoire que l’on penserait enfoui à jamais et pourtant… Sam a bien raison de parler de fêlure, une faille discrète et invisible jusqu’au jour, ou dans ce cas un prénom vient tout raviver. Et imprimer le vertige, l’effroi du vide s’il n’obtient pas ses réponses. c’est aussi une mémoire ravivée qui va à la rencontre de tout ce qui a changé, et qui peut-être sera aussi préservé. On suit André dans les pas de l’incertitude.
Publié le 21/07/2025
Merci pour cette lecture qui concerne surtout le fond. Je souhaiterais aussi avoir des retours sur la forme, l'écriture.
Publié le 21/07/2025
Bonjour Marie-Noëlle, les transitions sont rapides et l’on aimerait mieux s’approprier les personnages, ce à quoi ils ressemblent, ce qu’ils pensent, ce qu’ils sont ainsi que leur environnement. Ce serait à développer mais il semble y avoir une trame et il n’est jamais trop tard de revenir sur un texte plus tard pour le consolider. Ces ateliers d’été permettent trois choses déjà très importantes : avoir un rythme d’écriture, structurer son récit et gagner en confiance en étant allé au bout.
Publié le 21/07/2025
Merci pour ta réponse. Je vais donc m'en tenir aux objectifs de cet atelier d'été et c'est déjà pas mal. Je verrai ensuite pour donner de l'épaisseur aux personnages et pour mieux planter le(s) décors. Bonne soirée.
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