Descendu d’un soleil où brûle le cristal

Le feu divin de l’astre éblouit de sa manne

Les ombres qu’ensorcelle un étendard de banne

Jeté sur le toit noir d’un sinistre hôpital.

 

Des outres contenant des gouttes de métal

Brisent de leur poids mort les chaînes d’un arcane

Et répandent du sel au bout d’un bec-de-cane

Qui touche de sa pointe une toile d’étal.

 

Sous les cercles gravés dans un bassin d’ivoire

Gisent les premiers mots d’un monde dérisoire

Oublié de la nuit comme un phare en danger.

 

Et si les derniers vers d’une chanson d’ivrogne

Renvoyaient le destin à sa dure besogne

Faudrait-il pour autant aduler l’étranger ? 


Publié le 21/08/2025 / 7 lectures
Commentaires
Publié le 23/08/2025
Lorsque la présence cosmique irradie de sa toute puissance tes vers poétiques, ils font ressortir l’autre aspect qu’est celui de la détresse terrestres (hôpital ivrogne, besogne…). L’immensément grand et lumineux éclairant face à l’insignifiant dans sa part d’obscurité… je me suis posé la question de qui pouvait être cet étranger et j’ai penser à Camus, à la condition absurde de l’homme, et je me dis que chaque lecteur pourra l’interpréter à sa façon, ce qui est tout l’intérêt de la poésie. Merci du partage Francis-Etienne.
Publié le 24/08/2025
Mon cher Léo, quelle belle et intrigante question que celle de cet étranger, dont tu as d’un premier coup d’œil reconnut l’étrangeté. Oui bien sûr à chacun de lire en lui une identité qu’il rapprochera de sa sensibilité et bien entendu chacun filera le texte à sa quenouille. Mais au fond qui est cet étranger qui traverse comme un souffle irréel tout le texte ? Il partage le sort tragique de l’humanité, il en découd les ourlets et tire les fils de laine. Il est aussi celui qui trompe l’espoir, celui qui rassemble les larmes de tous ceux qui souffrent, celui qui masque presque son visage mais que l’on reconnaît dans l’ivrogne, dont la voix érayée traverse le silence et la nuit comme le faisaient les colporteurs d’antan pour vendre du rêve et de l’absence. Mais comment ne pas se rapporter à notre propre désespoir quand nous ne faisons plus confiance en nous et aux autres ? Comment ne pas lire dans ce dernier vers la fin d’une humanité qui s’enfonce dans la tromperie, le faux semblant et le vide dont les hommes remplissent jour après jour leur âmes faibles et lâches ? Je suis pessimiste mais exprimer ce que nous ressentons tous à un moment ou un autre n’est pas dramatique, puisque tout commence et finit dans le soleil des premiers vers ? Merci, Léo, pour un commentaire qui ouvre tant de fenêtres sur la vie et son cortège d’images. A plus tard, Francis-Etienne. Du marbre de la nuit et de son éclat d’or Une feuille de vent sculpte un bout de trésor.
Connectez-vous pour répondre