Quand des morceaux de branche ensorcellent la vie

D’un sortilège sourd et presque corrompu

Par le sel d’un espoir sous un baiser lippu

Les fruits de la beauté perdent l’âme assouvie.

 

Les marches d’un palais où la grâce convie

Se marbrent d’un soleil dont le cheveu crépu

Mêle sa couleur d’ambre au ciel interrompu

Par des cris de corbeaux qui n’ont aucune envie.

 

L’heure passe à cheval près d’un lointain clocher

Dont la voix se confond avec l’or d’un rocher

Qui danse sur la mer comme une ballerine.

 

Pas un souffle de pluie au bord du vieux canal

Ne ride le sommeil de l’illustre Arsenal

Que des vaisseaux de guerre ornent de leur feutrine.

 

Francis-Etienne Sicard Lundquist

Griffes d'orties @2015


Publié le 30/08/2025 / 7 lectures
Commentaires
Publié le 30/08/2025
Quand c’est flou, je suis floué, le flou est volontaire, presque un voile poétique qui laisse entrevoir la profondeur sans jamais tout livrer. Va-et-vient entre refuge et blessure, entre beauté et douleur. Very nice
Publié le 01/09/2025
Merci Milch pour avoir laissé un commentaire aussi détaillé après la lecture du texte et bien entendu pour ton Very nice dont je goûte toute la chaleureuse gentillesse. A bientôt, et merci aussi pour t'être abonné à mes publications. Cordialement, FE
Publié le 31/08/2025
Ton poème est baigné de lumière mais troublé par un présage funeste. Connaissant ta passion pour Venise je me suis demandé si ton poème ne sublimait pas le faste passé de cette cité. La flotte vénitienne était réputé et ton magnifique titre m’a fait pensé au pont des soupirs et je me suis mis à pensé que toutes les larmes versées auraient pu alimenter les canaux. Bonsoir très cher Francis-Etienne.
Publié le 01/09/2025
Merci Léo, et oui Venise se cache à peine derrière ses quelques vers. L’arsenal, ce quartier de Venise, consacré à la fabrication de vaisseaux, est toujours un endroit particulier de la ville. Séparé des fastes des grands palais et de magnifiques paroisses, il fait planer sur la ville une menace que tu as bien retrouvée dans le texte. Ses remparts comme ses tours ses bassins comme ses briques rouges font penser à une usine à guerre. Les vaisseaux redoutables qui en sortaient croisaient loin des fastes et du luxe frivole de la Ville, mais ils y jetaient cette ombre de la mort qu’ils allaient répandre dans les batailles, nombreuses, que Venise a livrées. Il est vrai que le pont des soupirs, dernier point de contact avec les proches des condamnés, avant leur incarcération dans les infâmes piombi (les plombs) laissait sans aucun doute couler de nombreuses et abondantes larmes aux malheureux et à leur famille. Cette prison dont le toit de plomb laissait passer le froid en hiver et la chaleur en été, torturaient les misérables avec cruauté. Rendue célèbre par Casanova qui s’en échappa après plusieurs mois d’incarcération, est un des récits les plus piquant de ses mémoires et constituent en soi une telle prouesse que son siècle en fut ébahi et admira Casanova pour sa bravoure. Il existe de nombreuses publications de cet épisode, qui donne un goût de la fabuleuse beauté de l’écriture du Chevalier de Seingalt, que Casanova avait choisi comme titre à sa noblesse empruntée. A lire, relire ou découvrir sans modération. Merci Léo pour ce beau commentaire qui me touche par la justesse et la profondeur de ta lecture. A tout de suite, avec mon immense amitié. Francis-Etienne. Sous des arceaux de brique à la couleur du vent S’échappent en dansant les parfums du levant.
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