Bien arrivé aux USA

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     Bien arrivé à New-York ! C'est drôle, il y a des gens qui sont à l'aise partout ! Des femmes en particulier. On voit les gars qui hésitent et elles, que ce soit pour trouver le bon pupitre pour l'enregistrement des bagages, pour s'orienter vers la "Gate" adéquate pour l'embarquement, ou encore pour s'installer sur leur siège dans l'avion, elles sont comme dans leur salle de bain. Ensuite, pour la sortie, c'est pareil, comme un sixième sens pour aller chercher leurs valises sur le bon carrousel, ou pour se présenter au douanier qui contrôlera leur passeport. Moi, j'appartiens au groupe des bonshommes, et je dois être l'un des pires ! Tenez, par exemple pour pour le "bagages drop off", après avoir fait la file durant trois quarts d'heure, lorsque je me retrouve enfin devant l'employée, elle me demande "Barcelone ou Madrid ?". Ne sachant pas trop quoi lui répondre, je lui tends mon billet. Elle le prend, le montre à sa collègue, assise à sa droite. Elles pouffent maintenant en me regardant, navrées, puis s'écrient, en contenant leur hilarité, "Mais pour Delta (sous entendu Airlines, comme tous les initiés l'auront compris), c'est là-bas (me montre-t-elle d'un geste très évasif qui ne me donne aucune indication, à moi, pauvre humain équipé d'une paire de testicules). Bien évidemment, je n'ose pas lui demander de préciser, d'une façon ou d'une autre - mais plutôt d'une autre - je me débrouillerais. Et j'ai fini, au prix de quinze minutes supplémentaires, par trouver ce qu'une voyageuse aurait vu immédiatement. Bon bref, puisque je vous écris de New-York, c'est que je suis quand même parvenu à trouver mon chemin à traveres les chicanes mystérieuses des aéroports.
 

Ah oui ! Il faut que je vous dise qu'ici à New York, le niveau de l'eau dans les cuvettes des toilettes est très haut. Pour le beau sexe, ça ne doit pas poser de problème, mais pour les garçons, c'est autre chose. J'ai failli me noyer hier. Il a fallu que je rattrape le naufragé par la peau du cou et que je lui tienne la tête hors de l'eau durant toute la durée de la croisière. Je ne sais pas comment font les Américains. Et c'est une question que je vais m'abstenir de poser. Je ne voudrais pas les désobliger.


Comment décrire mon impression dominante ici, à New York ? Les policiers, nombreux, que je croise dans la rue sont les mêmes que ceux que j'ai vu toute ma vie sur l'écran de ma télévision qui diffuse si abondamment séries et films américains, les voitures et les camions, c'est idem, le son des moteurs et des sirènes aussi, la désinvolture des passants, également. En rentrant dans un bar, on ne peut ne pas revoir mille images enregistrées par notre esprit lors des milliers d'heures passées devant des fictions U.S. L'éclairage tamisé, les écrans qui diffusent du base-ball, la taille des verres, la tête même des gars derrière leur bar, on les a déjà vus. Quand tu t'assieds, tu t'attends à voir débarquer à côté de toi, Clint Eastwood ou Matt Damon. Alors, ici, j'ai l'impression d'être passé à travers de l'écran. Je suis dans ma télévision. Dans le film de Woddy Allen "La rose pourpre du Caire" un personnage imaginaire rentre dans le vrai monde, ici, c'est moi qui rentre dans le cathodique. La fatigue en plus, ma réalité s'estompe et vraiment, je crois que hier, au cours de mes aller et retours de l'hôtel au théâtre, j'ai croisé cent personnages vus précédemment sur un écran ou l'autre. D'ailleurs, je me demande si le type sur le coin qui lit le journal n'est pas Tom Hanks...

J'adore New-York, comparable à l'épouse, agent immobilier d'American Beauty, son énergie et la lassitude qui l'accompagne son engagement pour atteindre le dérisoire. Derrière toute l'exubérance de la ville, on sent une immense lassitude. Les gens sur les trottoirs sont calmes, les joggers courent en souplesse, les voitures roulent au ralenti et même leur moteur émet un son plus grave que ce qu'on connaît chez nous. J'adore New-York ! Elle est touchante, vivifiante, fatigante, enivrante, humaine et dérisoire.

 
 

Publié le 06/10/2022 /
Commentaires
Publié le 08/10/2022
Merci Patrice de ce partage quasi en temps réel. Je n'y ai jamais fichu les pieds et c'est pourquoi j'ai lu ton texte avec le plus grand intérêt car comme toi, ce qui peuple mon imaginaire, c'est le cinéma et les séries TV. Cela doit faire une drôle d'impression de faire partie de la pellicule, celle qui se grave dans ta mémoire. Que de choses à voir et découvrir, du gigantisme à parfois la terrible vacuité de bien des choses, ou dont le sens nous échappe totalement car la culture européenne est tout de même très différente. Hâte de découvrir de nouveaux textes de ton périple.
Publié le 11/10/2022
J'ai beaucoup aimé cette première partie pour la fluidité de sa lecture. Il y peu à revoir pour en faire un bon texte, et le ce style plein de petits détails est agréable met le sourire aux lèvres. Mais j'ai été assez déçu par la partie suivante (Fucking LGA) pour les raisons suivantes : à l'inverse de Bien arrivé aux USA, il n'y a pas assez d’homogénéité dans l'écriture. Déjà, on ressent une certaine rupture quand on lit cet épisode juste après le précédent (ce que j'ai fait). Ensuite, les trois premiers paragraphes, un peu "lourds" à mon goût, dénote avec la suite que j'apprécie beaucoup plus. Sauf que cette suite présente, me semble t-il l'inconvénient d'être beaucoup trop dans une autre langue, sans traduction, ce qui rend complexe la lecture pour un "non initié". Dommage, car elle raconte ce genre d'événement vécu par beaucoup de personnes, et c'est bien rythmé :-)) Voili voilà mes petites remarques !
Publié le 11/10/2022
Je suis tout à fait d'accord avec ton analyse. En fait, j'écrivais au fur et à mesure et au fur et à mesure, j'étais sur les rotules, ceci explique notamment cela. De plus, j'avais d'autres priorités. La littérature a du s'incliner au profit d'autres objets. Ce que j'aime le plus, c'est mon histoire d'eau ! Merci Jean-Luc ! ;-)
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