La matinée avait été rude : après un contrôle d’histoire en début de journée, deux heures de mathématiques qu’elles abhorraient, et une heure de physique qu’elles détestaient encore plus, Mya et Candice, 13 ans, avaient savouré cette pause déjeuner : doux et chaleureux intermède entrecoupé d’éclat de rires qui venait découper leur labeur avant les deux heures de sport et celle d’anglais qui les attendaient.
Leurs assiettes de jambon pâtes avalées, un yaourt, quelques commentaires sur les ragots du collège et le moment de repartir était déjà venu.
Les deux amies se mirent donc en route, d’un pas traînant, peu enclines l’une comme l’autre à l’idée d’aller courir deux fois vingt minutes autour d’un stade horrible que pas un tag ne serait venu égayer un peu, dans le froid de l’hiver qui s’amorçait en cette mi-novembre.
« -Tu m’allumes ?, lança Mya à Candice dans un clin d’œil complice, un paquet de cigarettes et un briquet dans la main.
- Vas-y donne », répondit Candice dans un sourire, rougissant légèrement, amusée et un peu gênée à la fois par la petite blague de son amie.
La jeune fille tira une cigarette du paquet, la posa entre ses lèvres, fit jaillir une flamme du briquet, la posa contre la cigarette, aspira, recracha la fumée, toussa, et tendit l’œuvre finie à son amie qui avait profité de l’intermède pour vérifier son maquillage et son gloss au moyen d’un petit miroir qu’elle conservait dans sa poche.
Candice adorait Mya. Elle la trouvait si pétillante, et si naturelle dans ses réactions et sa façon de s’adresser aux autres ! Pour elle cela avait l’air tellement simple !…Elle admirait aussi sa force et, elle devait le reconnaître, elle trouvait Mya vraiment très belle avec sa silhouette déjà si féminine et harmonieuse, ses cheveux bruns frisés qui encadraient son visage pâle et fin dans lesquels brillaient malicieusement deux yeux noirs dont l’éclat la faisait totalement fondre!... Mya était tout ce qu’elle n’était pas et aurait aimé être.
En fait les deux jeunes filles possédaient des tempéraments totalement opposés : Si l’une était populaire, décomplexée, et affichait un caractère très affirmé et peu enclin au compromis, l’autre, au contraire, était introvertie et manquait totalement de confiance en elle. Petite, blonde, pâlotte, cheveux courts, elle affichait des allures androgynes, cachée sous ses pulls trop larges pour elle, n’acceptant que le jean et les baskets, refusant obstinément l’idée de porter tout ce qui aurait pu la féminiser un peu plus.
Cette amitié inattendue en avait surpris plus d’un au collège. Beaucoup se demandaient comment Mya pouvait « traîner » avec une « pommée » pareille : la tête de turc de leur classe.
En réalité, au début, Mya et Candice ne s’appréciait pas spécialement. La personnalité extravertie de Mya agaçait la blonde, et les allures de martyre de cette dernière exaspéraient la brune. L’une et l’autre s’ignoraient donc respectueusement au sein de la classe et en dehors des cours bien qu’elles soient voisines et habitent seulement à trois maisons l’une de l’autre. Mais si Mya savait parfois se montrait cruelle envers ceux qui la trahissaient ou lui cherchaient des noises, elle avait en revanche horreur que l’on s’attaque à ceux qui n’avaient provoqué personne.
Or, Candice était une cible idéale : solitaire, bonne élève, maladivement timide et naïvement gentille, elle était capable de laisser ses bourreaux recopier ses devoirs pour des raisons qui échappaient totalement à Mya, avant de les laisser l’insulter et l’humilier dans la demi-heure qui s’ensuivait. Ce comportement de victime perpétuelle exaspérait la brune, mais elle devait reconnaître qu’une partie d’elle avait pitié de cette « pauvre fille » que les autres ne cessaient de « chercher ».
Ainsi, une fois, alors que les insultes et remarques désobligeantes fusaient en chuchotements et par boulettes de papiers interposées en direction de Candice, Mya, la rebelle, exaspérée par l’acharnement de la meute contre cet agneau, décida de nager à contre-courant et de prendre publiquement sa défense. Elle s’était alors levée en plein milieu du cours, n’hésitant pas à interrompre le professeur qui n’avait rien noté du harcèlement incessant dans lequel se trouvait la jeune fille, pour s’écrier avec colère :
« - Sérieux vous en avez pas marre de vous acharner contre Candice ? 25 contre une ça va aller ? C’est pas trop dur ?! Vous êtes vraiment nuls ! Bande de nases, vous êtes tous des loosers ! Foutez lui un peu la paix ! Elle vous a rien fait après tout !
- Que se passe-t-il ? avait alors demandé le professeur.
- Une classe entière contre une seule fille ! C’est pas égal ! avait tonné l’adolescente. C’est facile et c’est minable ! J’ai honte pour vous ! »
La classe était restée muette. Que Mya prenne la défense de cette fille dont tout le monde « se foutait », personne ne s’y serait attendu. Cependant, les garçons étant tous le charme de la belle brune, et les filles désirant toutes sa protection et sa popularité, personne n’avait osé broncher, de peur de se la mettre à dos ou de perdre une occasion de sortir avec elle.
Candice, quant à elle, était la première surprise de cette intervention en sa faveur de la part de cette fille qu’elle n’appréciait pas spécialement d’ordinaire. Mya, de son côté, amusée par le regard subjugué des autres, avait poussé le jeu jusqu’à aller s’assoir à côté de Candice, habituellement seule à sa table.
« - Merci, avait soufflé cette dernière dans l’oreille de sa protectrice inattendue une fois que le cours avait repris.
- Pas de quoi…, avait répondu l’adolescente, déjà agacée par le « chien battu », comme elle l’avait baptisé, en référence à la tristesse infinie qui se lisait chaque jour, dès qu’elle franchissait le portail, dans le regard de la jeune fille.
- Si si vraiment !, avait insisté Candice dans un murmure.
- C’est rien j’te dis !, s’était agacée la brune.
- On mange ensemble à midi ? On va au Mc Do ? Je t’invite.
- Tu plaisantes ! s’était esclaffée l’adolescente dans un rire moqueur.
- Non je ne plaisante pas. Je voudrais vraiment te remercier et ça me ferait plaisir que tu me laisses t’inviter », avait répondu Candice, gênée, en baissant les yeux sur son cours pour ne pas croiser le regard de Mya qu’elle devinait hautain sans même la voir.
L’adolescente s’était alors tournée vers sa voisine, s’apprêtant à refuser net d’une manière beaucoup plus sèche, mais en voyant cette fille qui ressemblait encore à une enfant baisser le nez sur sa feuille et trembler de tous ses membres dans l’attente de sa réponse, elle avait senti, encore une fois, la pitié la gagner.
« - Ok, si tu veux… », avait-elle soupiré, résolue.
Les deux adolescentes avaient donc déjeuné ensemble ce jour-là, et une fois passée l’appréhension du tête-à-tête à ne trop savoir quoi dire, l’atmosphère s’était finalement détendue et Mya et Candice avait fini par trouver des sujets de discussion, se découvrant nombreux points communs qu’elles n’auraient soupçonnés au départ, et partageant plusieurs éclats de rire qui les avaient elles-mêmes surprises. En définitive elles s’entendaient très bien ! Finalement Mya n’était pas aussi prétentieuse que Candice ne le croyait et elle-même avait su lui montrer ses bons côtés et son sens de l’humour auquel la brune avait tout de suite adhéré. Depuis ce jour, Mya était devenue la protectrice de Candice, les deux filles s’étaient rapprochées, apprenant à se connaître un peu plus chaque jour, et avaient fini par devenir les meilleures amies du monde.
« - On sèche ? J’ai pas envie d’y aller…proposa Mya.
- On sèche ?, répéta Candice, tu veux dire ne pas aller en cours ?
- Ben ouais !....Pourquoi ?...Ne me dis pas que tu ne l’as jamais fait ?, devina-t-elle devant l’air déconfit de son amie.
- Ben…non, avoua cette dernière, en rougissant à nouveau.
- Non ? T’as jamais séché les cours ? , répéta Mya ahurie. Et ben raison de plus ! Il faut une première fois à tout ! C’est décidé on sèche ! Heureusement que je suis là ! Qu’est-ce que tu ferais sans moi ! », plaisanta l’adolescente.
La sérieuse Candice pensa à l’appel qu’allait immanquablement passer le collège à ses parents pour les avertir de son absence, au cours d’anglais qu’elle adorait et qu’elle allait manquer, regarda un instant son amie, hésitante, puis baissa la tête et sourit. Mya avait raison. Elle était trop « parfaite », elle devait apprendre à s’ « amuser un peu ». N’était-ce pas après tout ce que ses propres parents ne cessaient de lui répéter ?
« - Ok, allez on sèche ! », décida-t-elle, résolue.
Mya déposa un baiser affectueux sur la joue de Candice, comme pour la féliciter de s’autoriser à enfreindre une loi, et pour la remercier du plaisir qu’elle lui faisait en acceptant cette proposition malgré les efforts, elle le savait, que cela demandait à son amie si studieuse d’ordinaire.
Candice baissa la tête un peu plus et rougit encore.
« - On va voir les gars ?
- Lesquels ?, se renseigna Candice, perdue dans la foule de connaissances de son amie.
- Ben Benji et ses potes ! Tu sais bien que je le kiffe !
- Ah oui c’est vrai…, sourit une nouvelle fois Candice, amusée par cette façon dont son amie avait de s’enticher tous les deux mois d’un nouveau bellâtre qui finirait nécessairement par la décevoir rapidement pour x raison au bout de trois semaines, un mois, peut-être deux s’il avait de la chance.
- Pourquoi tu souris ?, demanda Mya suspicieuse.
- Pour rien, répondit Candice en redressant la tête pour la regarder dans les yeux. Tu as toutes tes chances avec lui.
- Tu crois ?
- Mais oui ! Il bave devant toi ! Comme tous les autres d’ailleurs… ».
Un instant le sourire de la jeune fille s’effaça, et une lueur de tristesse traversa son regard, qu’elle s’empressa de dissimuler derrière un nouveau sourire aussi large qu’elle le put. Mya, qui la connaissait si bien, n’avait pu s’empêcher de remarquer le changement subtil dans les yeux de son amie.
« - Toi aussi tu plais beaucoup tu sais. Et je suis sûre que Sim a envie de sortir avec toi !
- Sim ? Tu rigoles ! Il a 16 ans ! Il est au lycée !
- Et alors…l’amour n’a pas d’âge ma chérie…susurra Mya en venant poser sa tête dans le cou de Candice qui se redressa, sous l’effet d’un frisson qui l’avait parcouru à ce contact. J’ai bien vu comment tu le regardais l’autre jour… ».
Tu t’es trompée : ce n’est pas lui que je regardais…c’était toi !, pensa Candice sans pour autant prononcer un seul mot…
« - Ouais, c’est vrai…Il est pas mal….et gentil…, » répondit-elle dans une courbette.
C’était vrai que Simon était plutôt beau gosse, et très sympa avec elle…mais Candice ne l’envisageait que comme un ami potentiel, et rien de plus.
« - Ben vas-y, appelle les ! », encouragea-t-elle dans un enthousiasme feint.
Mya s’empressa de se munir de son téléphone portable et deux textos plus tard annonça :
« - Ils sont au site
- OK, allons-y alors ! ».
Les deux jeunes filles se rendirent donc à pas pressés « au site » qui s’avérait être en réalité un simple terrain vague abandonné de terre battue, aux palissades de bois où les bouteilles de bière brisées jouxtaient les ballons crevés et autres objets abandonnés en ce lieu à la limite du terrain de jeu et de la décharge.
Assis sur des caisses réunies pour former une sorte de banc, trois jeunes fumaient chacun une cigarette et discutaient en murmures inaudibles.
« - Ah ! Voilà la plus belle ! », lança Simon à l’approche des deux filles.
Mya mit un coup d’épaule dans le bras de Candice et lui adressa un clin d’œil complice.
C’est de toi qu’il parle…pensa secrètement cette dernière.
« - Salut les loosers ! Alors encore en train de traîner ici ! C’est votre nouvelle maison ?, taquina Mya.
- Ouais c’est notre île ici ! Regarde-moi ce paradis ! C’est tellement beau ! Comment voudrais-tu qu’on ait envie de décoller d’ici ?!», rétorqua Simon en s’inclinant dans une révérence pour leur céder le passage et les inviter à entrer dans cette aire.
Candice accorda un sourire sincère à la plaisanterie et rejoignit le groupe accompagnée de son amie.
- Ah t’es pas toute seule ? T’as emmené ton chien ?, ironisa le troisième garçon.
- Ta gueule Kit ! Y a qu’un seul clébard ici et ça serait bien qu’il s’arrête d’aboyer un peu ! T’as compris le bulldog ?, rétorqua aussitôt Simon en passant le bras autour des épaules de Candice.
- Oh ça va t’énerve pas ! Je blaguais. Je ne savais pas que le chien battu était ta meuf !
- C’est pas ma meuf ! rétorqua Simon. Mais tu lui dois le respect quand même t’as compris ?! »
Le jeune homme, grand, musclé, s’était approché de Kit et se dressait devant lui, une main sur son col. L’autre, petit, rondouillard et connu pour sa lâcheté n’en menait pas large et le regardait avec une crainte non dissimulée.
« - C’est bon Sim, laisse tomber j’m’en fous ! T’as raison, c’est lui le clébard ! Lâche-le ! Perds pas ton temps avec lui il en vaut pas la peine, et ses aboiements ne me touchent pas », mentit Candice.
- Tu as de la chance, susurra Sim dans l’oreille de l’agresseur. Dis merci à la demoiselle !, ordonna-t-il à haute voix sans desserrer son étreinte.
- Non c’est bon laisse tomber, c’est bon j’te dis. » réaffirma la douce Candice.
Simon accepta alors de lâcher Kit mais ses yeux restaient noirs et menaçants.
« - Casse-toi ! Retourne à ta niche !, ordonna alors Mya.
- La princesse a parlé…répéta Sim. T’as entendu ? Casse-toi d’ici
- Vous…vous plaisantez !, demanda Kit.
- Non, casse-toi de là ! Dégage ! ordonna Mya.
- Ouais, c’est ça tire toi, tu nous soule ! renchérit Benji.
- Oui, exactement ! Tire-toi, rentre chez toi si tes parents n’en n’ont pas marre d’avoir un boulet comme toi à la maison. Allez dégage ! », commanda Sim, féroce.
Kit, avec crainte, contourna alors Sim qui ne le quittait pas des yeux, et sans plus oser un mot malgré un regard noir en direction de Candice, quitta « le site » sous les sifflets des trois autres.
Une fois Kit parti, Sim rejoignit le reste du groupe. Il s’assit à côté de Candice et passa son bras autour de sa taille.
« - Je suis désolé pour ce qu’il vient de passer….il n’aurait jamais dû te parler comme ça, s’excusa Sim.
- C’est rien, t’en fais pas pour ça, je m’en fiche je t’assure !, mentit encore la jeune fille.
- C’est ce que tu dis, mais moi je sais que ce n’ai pas vrai, je vois bien cette tristesse dans tes yeux…, murmura-t-il à son oreille tout en refermant encore un peu plus son étreinte. Je sais que c’est pas facile pour toi au collège. Je sais que leurs mots te touchent. Mais tu as tort. C’est tous des p’tits cons. Et toi tu es très belle, et bien plus intelligente qu’eux….ne les écoute pas…tu vaux bien plus que ce que tu ne crois… », murmura-t-il en lui caressant une mèche de ses cheveux avec une très grande douceur.
Candice se retourna pour le regarder dans les yeux. Elle n’en revenait pas. Personne ne lui avait jamais parlé comme ça ! A part Mya mais c’était différent…Mya elle, le lui avait dit sur le ton de l’amitié…lui…on aurait dit que…mais c’était impossible ! Se pourrait-il alors que…que Mya ait raison ?...Non ! Non ! Elle devait mal interpréter ses gestes ! Il était beau, gentil, intelligent, toutes les filles lui couraient après ! Pourquoi donc s’intéresserait-il à …
A ce moment-là, et sans qu’elle y soit préparée, Sim se pencha vers elle et déposa un timide baiser sur ses lèvres. D’abord interdite, surprise par le geste, Candice resta quelques secondes sans trop savoir comment réagir. Qu’était-elle censée faire ? Personne ne l’avait jamais embrassée avant, c’était la première fois !
Sim, sentant la confusion de la jeune fille, ne sachant plus comment agir non plus, retira alors son bras de la taille de Candice et se décala légèrement afin de lui laisser plus d’espace. Candice, comprenant qu’elle n’avait pas eu la réaction attendue, se tourna alors machinalement vers Mya, comme pour crier au secours silencieusement. Celle-ci fronça les sourcils et d’un geste énergique de la tête en direction de Sim lui indiqua d’agir, de faire quelque chose. Candice ne savait décidément pas quoi faire ! Elle aurait voulu lui rendre son baiser mais n’osait tout simplement pas ! Même en sachant qu’il n’attendait que ça ! Et maintenant il s’était reculé, il allait penser qu’elle ne voulait pas de lui ! Mais c’était faux ! Après tout pourquoi pas ?! C’était vrai que Sim lui plaisait, même si c’était de Mya dont elle était réellement amoureuse…mais ça…elle ne pouvait pas le lui dire…alors peut être que dans les bras d’un charmant garçon…un garçon comme Sim…peut-être qu’elle pourrait trouver l’amour ailleurs ? Il fallait agir, il fallait faire quelque chose !
Alors, bravant avec difficultés sa timidité légendaire, Candice se rapprocha de Sim et simplement déposa sa main dans celle du jeune homme. Celui-ci sourit, repassa son bras autour de la taille de la jeune fille, effleura à nouveau sa mèche de cheveux, puis il prit le menton de Candice entre son pouce et son index, et avec beaucoup de douceur l’obligea à plonger son regard dans le sien. Candice devait le reconnaitre : les yeux verts de ce garçon étaient absolument irrésistibles. Elle le laissa poser ses lèvres sur les siennes, puis les entrouvrir, et enfin l’embrasser, tendrement, langoureusement, comme si le garçon avait attendu ce baiser pendant des mois, comme s’il savourait un cadeau longtemps espéré. Ce mélange, cette sensation, c’était bizarre…mais agréable…et même très agréable…elle pourrait y prendre goût….elle pourrait s’y perdre…et peut-être même un instant oublier Mya…Il embrassait divinement bien !...
Le baiser dura quelques minutes. Quelques minutes qui bouleversèrent la jeune fille. Elle n’aurait jamais pensé qu’un garçon puisse l’émouvoir autant. Puis le temps reprit son rythme lorsque les lèvres du garçon quittèrent les siennes. Candice rouvrit les yeux, sourit, caressa tendrement la joue de celui qui était maintenant « son mec » et vint cette fois sans hésitation se blottir dans ses bras qu’elle referma elle-même sur sa taille.
Le reste de l’après-midi se déroula de manière fort agréable. Les quatre jeunes discutèrent de tout et de rien, de sujets forts, de débats, mais aussi des rumeurs et des projets des uns et des autres. Elle apprit alors que Sim rêvait d’être aviateur. Et elle ? Oh elle ! Elle avait tellement d’envies qu’elle ne savait sur laquelle s’arrêter ! Ils discutèrent pendant des heures puis jouèrent ensemble à plusieurs jeux que Benji avait glissés dans son sac avant de partir, au détriment des livres et des cahiers.
Puis, sans que personne ne l’ai pressenti, le soleil commença à descendre, irradiant le ciel d’une douce lueur orangée.
« - A quelle heure vous êtes censées rentrer chez vous les filles ?, s’interrogea alors Sim.
- A la tombée de la nuit, répondirent-elles d’une seule voix.
- Le soleil descend…Vous devriez rentrer, répondit-il alors, même si je n’ai aucune envie que tu partes, ajouta-t-il en un murmure à l’oreille de Candice.
- Oui, et on ne doit pas traîner ! J’ai vu un éclair au loin ! J’veux pas m’prendre l’orage ! annonça Mya.
- D’accord, alors allons-y !», accepta Candice.
Un dernier baiser, et les quatre tourtereaux se quittèrent, les filles au pas de course, pour au moins ne pas arriver en retard.
« - Alors, demanda Mya en courant presque, tu regrettes d’avoir séché ?-- Ah non !, répondit Candice en un souffle. Et ce n’était que la première fois ! ».