Le passage
N’est-il pas merveilleux
de trouver le sommeil
en s’endormant ?
Ce passage secret
entre le jour et la nuit,
quand l’attention se retire,
quand les paupières cèdent
et que, presque sans s’en apercevoir,
nous basculons.
Nous savons encore.
Nous sommes encore là.
Quelques secondes fragiles
où la conscience se regarde
disparaître.
Puis elle lâche.
Alors la machine s’arrête.
Le contrôle se retire.
Le subconscient prend les rênes,
calme, précis, vigilant.
Il veille.
Il orchestre.
Il garde le corps
comme on garde une maison endormie.
Et s’il le faut,
s’il y a danger,
c’est lui qui frappe à la porte
et nous ramène à la surface.
Peut-être est-ce cela,
s’endormir :
apprendre, chaque nuit,
à faire confiance.