Qui a inventé le point-virgule ? Je ne sais pas. À quoi sert-il ? À rien. À embêter le monde. À rassurer les écrivains timides. À masquer le flou de la pensée derrière le flou de la syntaxe… Bref, à rien de bon.
La preuve : on peut toujours le remplacer par un point. Essayez, vous verrez. Chaque fois que, dans vos lectures, vous trouvez un point-virgule, mettez un point à la place, et aussi, par voie de conséquence, une belle majuscule au premier mot qui suit. Miracle ! Soudain tout sonne tellement plus clair, plus net, plus décidé !… Mais, objecte le scripteur, c’est justement le flou que je voulais rendre, l’incertain, l’hésitant… Très bien : les trois points alignés sont là pour ça, les si bien nommés « points de suspension », tellement éloquents dans l’art d’exprimer l’inexprimable !
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Guerre au point-virgule, ce parasite, ce timoré, cet affadisseur, qui ne marque que l’incertitude, le manque d’audace […], et colle aux dents du lecteur comme un caramel trop mou !
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François Cavanna
Extrait de Mignonne, allons voir si la rose… (Éditions Belfond, 1989, Livre de Poche, 1991.)