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Les larmes de l'Efrit - Extrait

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Les larmes de l’Efrit

 

Iblis* est dans mon œil ; son nombre est sur mes lèvres

Sa demeure dans mon coeur ; je serai sa fièvre

 

I - Prologue

 

J’étais content ; rompant les entraves de ce monde,

J’avais bu à la coupe ; fouillé les boucles aimées,

Trouvé livres et lèvres afin de m’apaiser 

Vivre en Occidental rendait la mort immonde…

Je vivais comme tous : du repos, du labeur,

Des nuits, des jours, du sens, la musique ; et ma sœur

 

Quand je vis le camion foncer sur les passants

Je sus avant d’avoir un premier sentiment :

J’ai vu passer la crue charriant les cris, le sang,

Et la vie de ma sœur, perle dans le torrent 

Je n’ai pu rattraper ce diamant du malheur ;

Les kalachs’ ont hurlé longtemps après ma sœur

 

Je me suis réveillé au profond de la terre

Cherchant des larmes au fond de mes yeux noirs et froids,

Quêtant le coeur d’un homme et ne le trouvant pas 

J’étais mort avec elle et j’errais sous la terre

Je sais que tu n’es plus ; ni ici ni ailleurs 

Mais par le sang, j’irai te venger, petite sœur

 

Des larmes auraient troublé son image criblée,

Son image sanglante ; elle restera là, nette,

Et plus rien ne pourra l’enlever de ma tête

La mort l’a rejetée dans le temps des clichés

Je parle à ceux qui aiment, entendez la fureur,

Du dernier des efrits*, perdant sa petite sœur...

 

Nous avions nos icônes sans vénération,

Des icônes vivantes qui chantent des chansons,

Dansent, jouent, nous font rire ; jamais nous ne priions

Votre Dieu de la mort et de la punition

Qui taille l’hidjab affreux, l’abaya sans couleur,

Avec le tissu du linceul de ma sœur

 

Le soleil ne luira plus dans sa chevelure,

Son pas ne fera plus se tourner les garçons,

Rien ne la fera jouir ni pleurer ; les glaçons

Ne tinteront plus dans les alcools du futur

Les tables de la vie n’auront plus de saveur ;

J’ai porté sous la terre la plus jolie des fleurs

 

II - Malédiction des moudjahidines*

 

Que d’autres vous pardonnent, monstres obéissants !

La malédiction sera ma seule salât*,

Laiton, poudre et plomb vous paieront la zakat*,

Je verserai des larmes avec tout votre sang !

Les fosses où pourriront vos corps et vos ferveurs

Seront les vides creusés par la mort de ma sœur…

 

Et si le Vert Jardin devait vous reloger,

S’il était des houris* pour vous y recevoir,

J’aurais brisé chacun des sept piliers

Sur lesquels vous fondez ces vicieux espoirs !

Mais vous pourrirez comme le poisson qui se leurre

Et croque, jusqu’au sang, l’hameçon du pêcheur

 

Injustes qui voilez la première différence

Par laquelle peuvent sourdre un jour tous les respects ;

Enfants lâches, vos martyrs montrent leur impuissance

À faire un monde meilleur avec tout ce qui est :

Vos ayatollahs* sont des signes de l’erreur :

Leurs lumières sont de celles sous lesquelles l’œil meurt

 

Les barbares kharidjites* honorèrent Ghazala,

L’imame* ascète et pieuse, et suivirent son cheval ;

La mère de Waraka, première Ansariyya*

Fut chargée des prières par Mahomet ; son râle,

Quand elle fut étranglée par d'ignobles voleurs,

Ne ressembla-t-il pas à celui de ma sœur ?

 

Emportés par l’ichor des sourates* violentes,

Comme les feuilles que les trombes de pluie jettent à l’égout,

Vous ne connaîtrez plus les vérités patientes

Qu’aimait Averroès, le savant de Cordoue

Les vers abrogeront ces versets de fureur

En dévorant vos corps dans la fosse aux tueurs !

 

Je sais qu’Al-Quaida*, Daech*, les salafistes*

Ont tété ces versets au sein des wahhabites*

Payés par l’Amérique, face aux nationalistes

Arabes, socialisants, pour l’or noir des sunnites*

Dans ces échecs affreux, ce sont des pions qui meurent

Mais savoir ne va pas ressusciter ma sœur

 

Et puis tous ces versets viennent des temps anciens :

La foi lave les traces de sang dans vos mémoires

Comme les tempêtes de sable couvrant dans les chemins

D’une foi sans mesure, les dépouilles des kouffars*,

Mais l’archiviste sait, tout comme le fossoyeur,

Que dans les champs d’Islam* croissent cris et douleurs

 

III - Malédiction des musulmans

 

Fidèles qui lavez, dans l’eau des ablutions,

Vos cerveaux, tous les jours ; qui les soirs de l’aïd*,

Fêtez en engraissant de vieilles contritions,

Entichés de récits comme Haroun-al-Rachid :

Sous vos voiles mugissent tous les vents de l’erreur

Et vos prières mollardent à la tombe de ma sœur !

 

Mettez la poussière sous vos tapis de prière,

Dites-moi que vous aimez Dieu et sa création,

Que vous ne cautionnez ni la mort ni la guerre,

Priez : vos corps sont des points d’interrogation

Pour nos martyrs sans dieux et nos libres penseurs :

Est-ce l’esprit qui vous manque ? Ou n’est-ce que le coeur ?

 

Que sortent de vos rangs les hommes d’intelligence,

Les hommes de gentillesse et les hommes de paix !

Traitez-les d’apostats, huez leur mécréance,

Lapidez-les : ces gens ont ma fraternité 

Quant aux masses hypocrites, à la foule des menteurs,

Qui, faibles, êtes chassés et forts, êtes chasseurs,

 

Je vous arracherai les paupières ! Vous verrez,

À travers le sang, Al-Dunyâ*, notre terre,

Celle de la vie brève qu’on essaye d’allonger,

Celle de la souffrance qu’on veut rendre éphémère

Je vous aurai montré sa beauté, sa grandeur,

Si elles n’étaient souillées par le sang de ma sœur !

 

Que la foi vous aveugle ! Je mangerai vos yeux ;

Restez donc attachés, pour être impérissables,

À l’éternelle nuit des récits religieux,

Soyez ce lierre qui veut se repaître du sable !

Je serai le corbeau nourri par la douleur,

Le tafur* fanatique, l’efrit, le berserker !

 

Ah, fertiles en mirages furent les déserts secs

Où poussèrent les sourates et les cornes d’Allah !

Les bêtes égorgées dans le sens de la Mecque,

Ont connu avant nous la valeur de la foi

Qui planta de l’audace, versa sang et sueur,

Pour faire pousser l’Islam sur les tombes de nos sœurs...

 

Mais désormais mon coeur sera Dar-al-Kufr*,

Et j’y abriterai les fils de notre temps

Qui tissent la vérité patiemment, et veulent croire

En les forces de l’homme et de l’homme seulement

Vous nous avez liés par des chaînes de peur,

Comme les Zanj* dont, jadis, vous connûtes la fureur...

 

IV - Malédiction des fidèles

 

Et vous tous, religieux, qui laissez les croyances

Stagner dans vos consciences, comme l’eau dans un marais

Où ne poussera plus l’arbre de connaissance

Mais de pauvres arbustes ombrageant des orvets :

Vous qui formez vos âmes sur le tour de l’erreur

Avez pris votre part à la mort de ma sœur 

 

Vos milliers de sectes, vos conflits incessants,

Prouvent que la déraison génère le désaccord :

A-t-on jamais connu un congrès de savants,

Qui se termine avec des massacres et des morts ?

Maudit soit qui délaisse les leçons de l’erreur

Et se replie en Dieu, comme au fond d’un bunker !

 

À rêver l’au-delà pour soulager vos peines,

Vous retiriez déjà sa valeur à la vie :

J’arracherai vos langues et vos paroles obscènes

Qui disent de ma sœur qu’elle est au paradis,

Que Dieu l’a rappelé à elle, que son bonheur

Serait au fond d’un trou, aux côtés du saigneur…

 

Votre foi, c’est le pont qui jette une voie droite,

Au-dessus de l’abîme immense et silencieux ;

Craignant de basculer de cette route étroite,

Dans la fosse où les hommes ont imaginé Dieu

Vous consultez les textes sacrés, les meneurs,

Pour aller, à genoux, vers une mort meilleure...

 

Par Iblis, j'abattrai les bases de ce pont

Afin de vous jeter au profond du réel !

Il est tant de chemins hors des religions,

Les échelles du savoir montent au-dessus du ciel…

L’Histoire n’est pas captive des récits ; leurs auteurs,

Sont morts depuis longtemps ; soyez ses bâtisseurs !

 

Vous êtes ces bateaux amarrés sur les quais

Depuis longtemps : et tous ignorent s’ils sont étanches ;

Vous êtes ce prisonnier qui a gardé les clés

De sa cellule mais qui n’ose toucher la clenche ;

L’esclave qui s’est ferré, le pauvre parieur

Espérant faire des gains après sa dernière heure

 

V - Malédiction des dhimmis

 

Maudit soyez-vous tous ! Vous qui n’osez penser

Contre la foi, vous êtes les complices de ces brutes

Qui ont tué ma sœur : vous pouviez lutter,

Pour l’amour, la raison… mais votre unique but

C’est de vivre la vie comme un collectionneur

D’expériences achetées à la foire des rêveurs

 

Vous qui ne profitez de votre liberté,

Que pour en jouir un peu, sans jamais la défendre,

Machant un lotos de spiritualités

Qui vous dispense du devoir de vous comprendre...

Vous avez délaissé les piliers de vos moeurs,

L’idéal hérité, sa vertu, sa valeur :

 

Les philosophes grecs, le commentaire latin,

Les copistes chrétiens sauvant l’oeuvre profane,

Les critiques imprimées du pouvoir romain,

Les encyclopédistes tissant un fil d’Ariane

Pour que l’homme, à la fin, sorte de son erreur,

En révolutionnaire et en préservateur !

 

Mais vous pliez… le ciel, pourtant, n’est pas plus bas !

Déroulez des tapis de prière à l’infâme

Qui dissimule sa foi, rougie de sang déjà :

Je n’aurai pas le temps de racheter vos âmes ;

C’est au crible des balles, d'une grande Terreur,

Qu’on verra si vous êtes du parti de ma sœur…

 

Dites-moi que j’engendre la haine et les passions,

Que j’attise les braises où cuiront des vengeances,

Que ces mots, fermentant, seront votre poison,

Dites-moi que j’ai fait vendange de malveillance :

Que m’importe ! Le Coran est barbare et menteur

Et vous n’en parlez pas ; je chante pour ma sœur

 

Si je reste une voix suivant seule une voie,

Si jamais ne s’éteint le charbon sur ma langue,

Si je meurs du venin qui passe à travers moi,

Qu’importe si je fais éclater cette gangue

D’hypocrisie, de bons sentiments et de peur

Où se cachent les miens, avortant leur vigueur !

 

Le déni est le pire Taghut* que je connaisse,

Réveillez-vous avant que le sommeille sans fin

Ne vous prenne à la fin d’une vie de mollesse

Comme la flamme qui boit la cire et puis s’éteint ;

La tolérance est la vertu des serviteurs,

Votre respect, la geôle, où dépérit l’honneur

 

VI - A la guerre !

 

Aux armes ! Vous paierez la djizia* de leur sang

Et du votre mêlés, sur le champ de la guerre !

Que poussent les victoires, berceaux de nos enfants,

Par la vie et la mort, soyons-leur exemplaires :

Les soleils d’Occident se couchent, mais ils ne meurent

Et ceux de l’Orient les rallient quand vient l’heure

 

Espérez ! L’histoire peut revenir sur ses pas,

Les guerres d’apostasie être victorieuses ;

Ne craignez ni la mort, ni le sabre d’Allah,

L’islam se tranche les veines et sa marche est boiteuse 

Et chaque jour un imam est plus blasphémateur

De tout le genre humain que je le suis des leurs

 

Tenez bon ! L’Arabie s’assèche de son pétrole,

Et le sol où l’Islam a bâti ses piliers

Se craquelle ; dès demain, ils dépendront du vol,

De migrants et d’avions, nouveaux caravaniers ;

Laisserez-vous vos terres nourrir les oppresseurs ?

Donnerez-vous le sol où j’ai porté ma sœur ?

 

Non ! N’ayez ni pitié, ni coeur, ni compassion :

N’apportez pas à l’hydre sa nouvelle nourriture,

Mais le feu du courage, la détermination

À la blesser partout, à brûler ses blessures !

Retenez votre souffle comme le font les tireurs,

Et parlez sciemment comme le font les rhéteurs 

 

L'hybris nous guidera sur les chars de l’excès,

Emportés par l’action dans une guerre totale,

Zalims*, nous crèverons les terribles abcès

Où croissent les fanatiques en position foetale :

La noire Kaaba* et la dernière demeure,

Du prophète, à Médine*. Deux signes avant-coureurs

 

D’une nuit sans fajr* où les têtes nucléaires

S’inclineront au sol en soufflant les mosquées !

Que les missiles emportent à la Mecque ma prière :

Que le cancer du monde cesse de métastaser !

Nos héros n’auront qu’une auréole de sueur

Et de sang. Aimez-les, qu’ils soient d’ici, d’ailleurs

 

Ils n’ont pas eu de Dieu dominant leurs lignages

Mais un courage de vivre à en mourir glorieux,

Souvenez-vous des ruses, des résistances, des rages,

De la force tutrice ; Ah souvenez-vous d’eux !

Ils partirent à la vie comme des explorateurs

Et réparèrent les torts, exemples fondateurs…

 

VII - Après les combats

 

Morts, ils continueront de préférer la terre

Au ciel où le Coran met le palais d’Allah ;

Ils seront un peu d’eau jetée dans les déserts,

La désaltération de ce qui poussera ;

Qu’un olivier retrouve un peu de sa verdeur

Dans ces corps ; qu’il y prenne un peu de sa vigueur !

 

Ils ont choisi leur vie, leur mort et leur souffrance,

Leur chair qui s’est battue sera tendre aux serpents,

Ils ont parlé pour eux, pour les morts, l’espérance,

Pour ceux qui disent Non aux lois des musulmans ;

Désormais l’ennemi est frère par la douleur

Et il partage un peu le deuil de notre sœur

 

L’oubli sera ce porc impur et nourricier,

Qui prend ce qu’on lui donne, le broie et s’en repaît ;

Vit heureux dans la cendre et la fange ; il permet

De vivre de l’ordure et d’être rassasié…

Cependant que ce chant subsiste dans les coeurs,

Pour tous les insoumis d’une religion de pleurs

 

Quand seront digérés dits et récitations

Et que la bouche de l’homme se remplira d’espace

Peut-être boira-t-il à nouveau du poison…

Mais son récit aura davantage de place :

Qu’il soumette les mythes à ses rêves de bonheur

Et les plans des âges d’or aux meilleurs bâtisseurs ;

 

Qu’il explore et mesure l’immensité du ciel

Et se trouve lui-même dans ce qu’il a appris ;

Qu’il chérisse le vide, l’écrin de son soleil

Et les millions d’astres des mille et une nuits ;

Qu’il aime l’ambiguïté de la main qui l’effleure,

Le doute qui l’étreint ; l’absence de Seigneur

 

Que son œil, délivré, ait au creux de l’iris,

L’énergie contenue d’une étoile en fusion

Et qu’il porte, orgueilleux, toutes les cicatrices

Faites aux hommes et aux femmes au nom des religions…

Hélas, peut-on rêver au milieu de l’horreur ?

Que l’ivresse du sang nous emporte, rêveurs !

 

VIII - La folie et le sang

 

Mes yeux sont devenus du verre brisé ; je saigne

Dès que je vois ces fous sous mon voile de feu

Et la rage m’entraîne vers un désert où règne

Azazel*, tueur d’homme et défieur de Dieu 

Comme lui, je me révolte, orgueilleux, supérieur…

Maudit sois-je ! Je n’ai pas su protéger ma sœur

 

Je ne suis qu’un efrit qui jaillit de l’abysse

Pour arracher les foies des hommes et les tailler

Selon mon idéal, au nom du grand Iblis,

Carbonisant des terres pour les fertiliser

Où est passé le doute qui limitait l’erreur ?

Où sont passés l’amour de la vie et la peur ?

 

Je me noie dans le sang coulant des plaies ouvertes,

J’ai les poumons remplis de fumée et de cris,

Mes doigts sont engourdis par le fer des gâchettes

Et seules mes armes luisent dans l’éternelle nuit !

Que restera-t-il donc du brasier de mon coeur ?

N’aurais-je pas ainsi terrifié ma sœur ?

 

Ah dans les ruches d’amour, le miel de la pitié,

Aurait été produit par quelques mots-abeilles…

Mais les fidèles implorent comme des accusés

Qui s’endettent en vivant et qu’un malak* surveille :

Sous leurs masques d’amour, je ne vois que la peur 

D’un Dieu vil et cruel, arrogant, châtieur !

 

IX - Vers l'Apocalypse

 

Dans l’abîme de la guerre, si c’est ma destinée,

Que me guident Azazel et Bélial*, mauvais dieux !

Lilith* et Kali Ma*, soleils noirs passionnés !

Iblis, le Sheitan*, tous les porteurs de feu !

Si l’homme survit pour être un vil adorateur,

Alors qu’il disparaisse ! Ô mes démons vengeurs :

 

Que tombent ces remparts de nuages, que les pluies

Cessent d’alimenter l’humanité cruelle,

Que les grands océans chevauchent les pays,

Ravagent et stérilisent les champs avec le sel !

Je suis le seul fidèle de ces dieux de malheur,

Peuvent-ils ignorer mon chant et ma douleur ?

 

Comme le glaive d’Alexandre tranche un nœud gordien,

La volonté d’un seul détruira les alliances ;

Je serai le khamsin* qui chasse le bédouin

Et transforme les sables en un fer de lance !

Si Jibril, ange ailé, veut aider son seigneur,

Son cadavre empalé ralliera mes pécheurs !

 

Que sortent de la tombe les victimes de l’Islam :

femmes, enfants lapidés, mécréants, apostats,

Amants qui n’aimèrent pas de la manière infâme

Que des clans de pillards enfermèrent dans la Loi ;

Ralliez les légions des peuples annonciateurs

De la chute d’Allah et de la dernière heure :

 

Noircie est la bannière du peuple de Yajouj*,

Par l’immense brasier où ils flambent les corans

Pareille est la bannière du peuple de Majouj
De ce noir que produit le sang rouge en séchant :

Ils arrivent du nord, courageux, querelleurs

Et s’en vont défier Dieu, méprisant sa fureur :

 

X - Défi des Yajouj et des Majouj

 

Dieu, tu n’es qu’une image imparfaite de l’homme,

Ta puissance, un reflet de l’espace et du temps,

Nul ne peut nous juger que nous autres, autonomes,

Tu es un faux ami, un mauvais confident !

Vois nos troupes assemblées et entends nos clameurs !

Nos paroles sont d'acier et nos rires sont moqueurs

 

Allah, fais donc la nuit et nous ferons la lampe,

Fais du monde un désert et nous l’irriguerons,

Jette-nous dans l’oubli, nous ferons des estampes,

Des sciences, des poésies, et nous nous souviendrons !

Vois nos troupes assemblées et entends nos clameurs !

Nos paroles sont d'acier et nos rires sont moqueurs

 

Dieu qui nous a tirés hors de l’inexistence :

Nous avons fait de même avec toi ; désormais

Repars dans le Hedjaz, en caravanier

Qui a fait des affaires équitables au marché !

Vois nos troupes assemblées et entends nos clameurs !

Nos paroles sont d'acier et nos rires sont moqueurs

 

XI - Épilogue

 

Comme l’ombre qui s’efface au fond de la nuit noire,

Où dans le vif éclat du soleil de midi,

Allah, l’ombre de l’homme, abandonne et repart

Loin d’une humanité qui ne veut plus de lui ;

Ses fidèles sans prophètes, unis par la terreur,

Se mirent dans les ruines, baissent la tête et pleurent

 

Alors, je pleure aussi car au fond de moi-même,

J’aurais voulu qu’existe un Dieu sage et puissant,

Un Dieu qui n’aurait pas inspiré ce poème

Et n’aurait pas permis qu’on abatte une enfant…

Mais les fruits du zaqqûm* poussent tout près de mon coeur,

Au milieu de la terre, dans la tombe de ma sœur…

 

Me voilà désormais tout comme le prophète

Muhammad* : attendant, reclus, la fin des temps,

Prostré près de la terre, priant que tout s’arrête,

Vivant ma vie d’efrit au soleil de Satan

 

Iblis est dans mon œil ; son nom est sur mes lèvres

Sa demeure dans mon coeur ; j’ai été sa fièvre

 

 

Lexique 

Al-Quaida : « la base », est une organisation terroriste islamiste, d’inspiration salafiste djihadiste, fondée en 1987 par le cheikh Abdallah Yusuf Azzam et son disciple, Oussama Ben Laden.

Aïd : L’aïd al-fitr est la fête musulmane marquant la rupture du jeûne du mois de ramadan, dont la pratique, associée à l’abstinence et à la charité, est un des piliers de l’Islam.

Ansariyya : Les ansâr sont les sahaba (compagnons du prophète de l'islam, Mahomet) originaires de Yathreb (Médine). Ansariyya signifie « compagnonne ».

Ayatollah : littéralement « signe de Dieu », c’est l’un des titres les plus élevés décernés à un membre du clergé chiite (mollah).

Azazel : Azazel est un terme énigmatique que l'on trouve dans le Tanakh (Bible hébraïque) et dans certains apocryphes. Il ferait référence à un antique démon que les anciens Cananéens croyaient habiter le désert.

Bélial : Bélial ou Béliar est un terme péjoratif apparaissant dans la Bible hébraïque. Il personnifie le Mal dans la tradition juive et chrétienne de l'Antiquité ; c’est un démon majeur de la démonologie. Les Testaments des douze patriarches présentent Bélial comme l'opposant de Dieu.

Daech : L’état islamique, aussi appelé Daech, est une organisation terroriste politico-militaire d’idéologie salafiste djihadiste ayant proclamé le 29 juin 2014 l’instauration d’un nouveau califat sur les territoires irako-syriens. Fin 2017, il est militairement défait.

Dar-al-Kufr : Le Dar al-Kufr, littéralement « domaine des infidèles » ou « domaine de l'incroyance » est une expression qui sert à désigner les territoires où la charia (loi islamique) s'est appliquée, mais ne s'applique plus. C’est un territoire qui a fait partie (ou devrait faire partie) du « Dar al-Islam » (territoire de l’Islam), mais a rejoint le « Dar al-Harb » (Domaine de la guerre).

Djizia : La Djizia est, dans le monde musulman, un impôt annuel de capitation s’imposant à tous les hommes pubères non musulmans (Dhimmis) en âge d’effectuer le service militaire, à quelques exceptions selon les époques, les régimes et les lieux.

Dunyâ : Al-dunyâ, littéralement la vie d'ici-bas est un mot arabe qui désigne la vie matérielle physique telle qu'elle est vécue au quotidien. Dans le Coran, elle est un objet de jouissance trompeuse et éphémère et s'oppose souvent à al-ʾākhira, l' « au-delà».

Efrit : être ambivalent, composé de lumière comme les anges, et de feu comme les djinns, ils peuvent se soumettre à Dieu (Djinns musulmans) ou affirmer leur volonté propre (Djinns mécréants).

Houris : Les Houris sont les vierges du paradis, données en récompense aux bienheureux pour leur piété.

Iblis : Iblis est une figure diabolique citée dans le Coran, généralement dans un contexte lié à la création d'Adam et l'ordre de se prosterner devant lui. Après son refus de se prosterner, il est chassé du ciel. Dans la tradition islamique, Iblis est souvent identifié avec Al-Shaitan (« le diable »). Cependant, alors que Shaitan est tenu exclusivement pour une force maléfique, Iblis a un rôle plus ambivalent.

Imame : Ghazala, dite « al-Haririyya », morte en 696 à Koufa est l’épouse de Shabib ibn Yazid al-Shaybani, chef de la religion kharidjite de 695. C’est une des premières imames reconnues, avec Oumm Waraka, compagnonne de Mahomet, morte en 641 à Médine, et chargée en 624 par le prophète de la direction de la prière de son « dâr » (lieu).

Islam : Avec un « I » majuscule, l’Islam désigne non seulement la religion, mais aussi la umma islamiyya, la « nation islamique », soit la communauté des musulmans.

Kaaba : La Kaaba est un édifice datant du VIIe siècle, et recouvert d’une étoffe de soie noire, la kiswa, au centre de la cour de la grande mosquée de la Mecque. Elle est le lieu le plus sacré de l’Islam : c’est vers elle que les musulmans se tournent lors de la prière ; elle est au centre du rite de circumambulation (tawaf) réalisé par les pèlerins lors du pèlerinage obligatoire à la Mecque (Hajj).

Kali Ma : Kali est, dans l'hindouisme, la déesse de la préservation, de la transformation et de la destruction. C'est une forme terrifiante de Pārvatī représentant le pouvoir destructeur du temps. Celui qui la vénère est libéré de la peur de la destruction. Elle détruit le mal sous toutes ses formes et notamment les branches de l'ignorance (avidyā), comme la jalousie ou la passion.

Khamsin : Le khamsin est un vent du Sud transportant du sable brûlant du désert d'Égypte ou de Libye vers le Nord.

Kharidjites : Le Kharidjisme est une branche de l’Islam apparue à l’issue de la bataille de Siffin (657) opposant les partisans d’Ali et de Mu’awiya lors de la première fitna (guerres civiles et religieuses liées à la succession du prophète Mahomet). Les kharidjites ou « dissidents » refusent l’idée d’un arbitrage humain des querelles – la politique, la conciliation –, se référant aux seuls textes saints. Les différents courants du kharidjisme partagent les principes de révolte contre les tyrans et de l’excommunication (takfir) des musulmans pêcheurs et de certains compagnons du prophète.

Kouffars : pluriel de Kufr, désigne les mécréants, c’est-à-dire tous ceux qui ne croient pas en Allah, voire, dans l’usage, les musulmans qui pratiqueraient mal la religion.

Lilith : Lilith est un démon féminin de la tradition juive, qui transpose une divinité à l'origine mésopotamienne, liée au vent et à la tempête. Dans les légendes juives qui se répandent au Moyen Âge, Lilith est la première femme d'Adam, avant Ève ; dans le Talmud, elle est une succube s’en prenant aux hommes et aux enfants.

Malak : Malāk est le terme arabe désignant les anges. Dans la religion islamique, ceux-ci intercèdent entre Dieu et les hommes, et consignent les bonnes et mauvaises actions de ces derniers.

Médine (mosquée de) : La mosquée du Prophète à Médine en Arabie saoudite est la deuxième mosquée la plus sainte de l'islam après Masjid al-Haram à La Mecque. Construite à l’initiative de Mahomet, elle n’a cessé d’être agrandie lors des rénovations successives.

Moudjahidines : Pluriel du terme arabe moudjahid qui désigne dans l'islam un combattant pour la foi s'engageant dans le djihad, la guerre sainte.

Muhammad : Mahomet également dit Muhammad ou Mohammed est un chef religieux, politique et militaire arabe issu de la tribu de Quraych. Fondateur de l'islam, il en est considéré comme le prophète majeur. Selon la tradition islamique, il est né à La Mecque vers 570 et est mort à Médine en 632.

Prière : La prière de l’aube, Salat Fajr, composée de deux rakats, est dite à voix haute et se conclut par une station agenouillée.

Salât : La salât désigne la prière islamique, second des cinq piliers de l'islam. Ce terme recouvre cependant un large ensemble de prières en islam, mais il est employé aussi spécifiquement pour les cinq prières rituelles quotidiennes, obligatoires pour le fidèle.

Salafistes : Le salafisme est un mouvement religieux de l'islam sunnite, revendiquant un retour aux pratiques en vigueur dans la communauté musulmane à l'époque du prophète Mahomet et de ses premiers disciples — les « pieux ancêtres » (al-Salaf al-Ṣāliḥ ) — et la « rééducation morale » de la communauté musulmane. Il est étroitement lié au mouvement wahhabite. Les salafistes ont une lecture littérale des textes de l'islam, le Coran et les ahadith de la Sunna. Ils rejettent les innovations religieuses (bidʻah) blâmables. Qu’ils soient « quiétistes » ; « politiques » ; ou « djihadistes », ils partagent tous l’ambition prosélyte d’un État islamique mondial.

Sourate : Une sourate, au sens coranique, est une unité textuelle non délimitée du Coran.

Sheitan : Sheitan est un mot arabe qui signifie Satan. Dans un sens plus vaste, sheitan peut signifier démon, esprit pervers.

Sunnites : Le sunnisme est le principal courant de l’Islam, et les sunnites représentent entre 85 et 90 %. L’Arabie saoudite évoquée est un pays se réclamant du sunnisme.

Tafur : Le nom de Tafur est donné à des bandes de combattants chrétiens de la première croisade, auteurs de nombreuses atrocités, notamment du cannibalisme.

Taghut : Taghut est une terminologie islamique désignant, dans la théologie traditionnelle, des idoles, démons ou divinités autres qu’Allah ; dans les temps modernes, le terme est également appliqué au pouvoir tyrannique terrestre ; depuis la révolution islamique iranienne de 1979, le terme est utilisé pour désigner toute personne ou tout groupe accusé d'être anti-islamique et un agent de l'impérialisme culturel occidental. Ici, le terme est utilisé comme un équivalent de « tyran » ou « d’idole ».

Wahhabites : Le wahhabisme est un mouvement fondamentaliste de réforme se réclamant de l’Islam sunnite hanbalite, prônant un retour aux pratiques en vigueur dans la communauté musulmane des origines. Étroitement liée au salafisme, et donc au djihadisme et au terrorisme, la pensée wahhabite a été diffusée par la famille régnante des Saoud alors que l’Arabie Saoudite jouissait de la protection américaine. Beaucoup de mythes entourent cette alliance contre nature (le « pacte de Quincy » par exemple). Le pétrole reste cependant une clé de la compréhension des relations américano-saoudienne (Robert Vitalis, America’s Kingdom, Mythmaking on the Saudi Oil Frontier, Verso, 2009), mais il faudrait ajouter des raisons historiques, géostratégiques et militaires.

Yajouj et Majouj : Dans la religion islamique, Yajouj et Majouj sont deux peuples envahisseurs du nord apparaissant comme un signe apocalyptique.

Zakat : La Zakat est « l’aumône légale » qui s’impose aux musulmans. C’est le troisième pilier de l’Islam.

Zalim : Zalim est un adjectif de la langue indonésienne. Il désigne quelqu’un dont le comportement est dur, et parfois excessif envers une personne, en lui infligeant des souffrances physiques ou morales.

Zanj : La rébellion des Zanj est un soulèvement majeur contre le califat abbasside, qui s’est déroulé de 869 à 883. Menée par Ali Ibn Mohammed, elle impliquera de nombreux esclaves et hommes libres, causant la mort de centaines de milliers d’hommes, puis une répression féroce.

Zaqqûm : Selon l'Islam, le zaqqûm est un arbre épineux qui pousse en Enfer en donnant des fruits amers en forme de têtes de diables, brûlant l'estomac, que les infidèles sont contraints de manger.


Publié le 19/08/2024 / 11 lectures
Commentaires
Publié le 20/08/2024
Magnifique poème d'une grande richesse littéraire et dont les images hantent l'esprit du lecteur de la douleur, de l'anéantissement, du vide et du sentiment si humain de la vengeance. La puissance des images, leur crudité, et l'incompréhension d'une vision marque n'importe quel cœur, n'importe quel homme, n'importe quelle personne. Votre maîtrise de la langue, sa précision, sa souplesse et surtout sa puissance poétique est une découverte pour moi. Je n'ose vous féliciter, craignant d'être pauvrement flagorneur, exprimant une impuissance devant votre texte magnifique. Oui on commence la guerre. Les premiers assauts s'ouvrent au cœur même la pensée et de l 'âme Cordialement, F.0 Etienne
Publié le 20/08/2024
Hello Enki! Très bel Efrit en illustration. :-) Magnifique chanson de gestes de l'Efrit si je comprends. Je ne te cache pas que lorsque je lis ton texte j'ai mal comme d'autres ont mal aux poumons (Appel pour une trêve... Camus ) cela sera peut-être le cas pour les lecteurs caméléons. Ni Rania de Jordanie ni Lala Salma ne portent le voile: les reproches arrivent sur elles et ça daube. Pourquoi ce virage? À Tombouctou, les dingues ont tenté de brûler les manuscrits, des pans entiers de la pensée disparaissent, des mouvements sont qualifiés d'hérésies alors qu'ils sont traditionnels. J'ai vu des gens moquer la zaouia Tijjani en qualifiant ça d'hérésie. D'où vient le virage? La fin des temps met les trois religions monothéistes d'accord. En revanche, j'ignore ce que tu en penses mais il serait dommage de balancer Averroès avec l'eau du bain actuel.
Publié le 20/08/2024
Soufflé comme les autres par la violence de votre texte qui m’a immédiatement fait pensé à Nice. Ce que la folie enlève aux vivants est inqualifiable et justement très difficile à écrire et a porter, et vous le faites admirablement bien. La seule chose qui me peine c’est que ce soit l’Islam qui soit visé au lieu des obscurantistes qui trahissent le sens des écritures et de la religion.
Publié le 20/08/2024
Honnêtement, sans le paratexte, j'aurais perdu une partie du sens et donc du texte. Ce qui me gêne c'est de savoir de quoi on parle. Cet extrait, il peut aussi renvoyer à des filles qui sont mortes en pleine rue dans les années 90 à Alger, au gars liquidé pour avoir cherché un tire-bouchon dans son immeuble, aux attaques aux couteaux contre les filles en bikini qui se font slutshamer sur fcb, au gars tabassé presque à mort par une milice de la vertu contre le vice qui revient éméché d'un mariage, aux déjeûneurs qui organisent des casse-croûte géant et sur lesquels une menace plane toujours. Pour ma part, le fait de devoir sortir sans signe distinctif où d'avoir à se planquer dans certains lieux, se changer dans un taxi pour passer d'un quartier à l'autre est une réalité quotidienne dans d'autres pays que la France. Mettre une capuche ou n'importe quoi c'est me mettre une cape d'invisibilité qui évite de me faire cracher dessus pour une robe au mollet ou d'avoir un signe de lame flippant quand je fais mon jog. Oui je fais ça quand je change de pays et mes proches insistent. True story. De plus, s'il y a plus de visibilité sur ton texte, le paratexte me semble dangereux à exposer pour toi Enki. Vraiment.
Publié le 20/08/2024
Pour Averroès, Myriam, je ne l'oublie pas. Voilà un autre extrait : "Emportés par l’ichor des sourates* violentes, / Comme les feuilles que les trombes de pluie jettent à l’égout, / Vous ne connaîtrez plus les vérités patientes / Qu’aimait Averroès, le savant de Cordoue" Ca fait quatre ans que je travaille le sujet ; et jusqu'à l'édition, je travaillerai dur. Vos retours sont très encourageants, surtout les tiens Myriam ; je sais que nous pourrions parler des heures de ce virage réactionnaire, et fascisant dont tu parles, qui triomphe de la Nahda, des nationalismes arabes socialisants, et des révoltes progressistes de la jeunesse... Courage pour le quotidien ; comme le disait Abdennour Bidar, les prochains Voltaire français seront des arabes, et quand je vois le travail de Majid Oukacha, je veux croire qu'il a raison. Concernant ma sécurité, mon adresse est fausse ; et je me prépare à assurer ma propre sécurité, comme Charb ; de toute façon, je suis prêt à mourir, même si je préfèrerais que ce soit de mort lente, comme dirait Brassens - vivre, c'est merveilleux, non ? -. Concernant le texte : l'Efrit est un personnage ; et si je revendique le droit à la colère, à la tristesse et à la haine, je n'ai personnellement pas envie de m'en empoisonner ; quand à la radicalité du propos, il découle autant de mes convictions que d'impératifs stylistiques propres à la situation narrative. Mais bref. Vous savez quoi ? On va poster le texte en entier, même s'il est un peu limite au niveau des CGU. A bientôt !
Publié le 21/08/2024
Au quotidien, je vis tranquillement en France mais je bascule vers ailleurs dès que je passe la douane et ça me pèse même à distance. J'écrase pour la paix des familles, je tiens une semaine et je rentre. La situation est radicale qu'on le veuille ou non. Il y a un choix à faire, des options non conciliables qui engagent personnellement et donc des ruptures douloureuses. Tu veux vraiment garder ton avertissement au lecteur? Khayyam: Que les Mystères soient mystères aux esprits vils Et les Secrets, secret pour les fous puérils. Pèse tes actions, prends garde aux yeux des autres, Et cache tes espoirs aux hommes trop subtils. À bientôt!
Publié le 21/08/2024
Il n'y a pas d'avertissement au lecteur, j'avais mis sous mon texte le synopsis utilisé dans mes démarches de recherche d'éditeur. Mais en général, je crois que le texte doit se débrouiller tout seul ; et le lecteur aussi. Par contre, je pensais accompagner le poème d'un lexique ; je peux le poster si vous voulez. Je comprends ce que tu dis. Il y a des options non conciliables, et c'est dur, car on est tous attachés à la paix, à l'exception de quelques tarés ; on se retranche autant qu'on peux pour éviter le conflit (en France, Tribalat a pas mal bossé là-dessus), mais il y a des points de ruptures, des moments personnels et collectifs où l'évitement n'est plus possible. Il y aura toujours une place pour la guirlande de l'Iran sur mon arbre de Noël. Passe une bonne journée Myriam ; n'hésitez pas à me dire s'il y a des passages de ce textes qui vous dérangent ; je l'ai écris le mois dernier, il y a sûrement des choses à revoir.
Publié le 21/08/2024
Pardon, j'ignorais l'usage d'un synopsis pour ton envoi à un éditeur. Je concorde pour le texte et le lecteur qui doivent se débrouiller seuls. Cependant, un solide appareil critique me semble nécessaire pour qu'un pareil texte soit accessible "bien reçu"= bien compris car il le mérite compte tenu de sa qualité poétique. Autrement, les lecteurs n'auront accès qu'à ta poésie ou alors tu parleras d'obscurantisme mais cet euphémisme ne rend pas compte du sens de ta "geste" car on parle bien de violence et la violence est dans le Livre comme le vers dans le fruit et là où je veux en venir c'est que cette violence se trouve bien dans les trois livres et non pas dans un seul. Ici, je vais faire une objection et j'espère que tu ne m'en voudras pas: si l'on s'attelle à l'étude attentive des textes des trois religions du Livre, on se confronte à de la violence dans l'A.Testament et pas seulement dans les sourates. Il faut savoir ce que l'on fait de cette "violence" dans ces textes plutôt que de fermer les yeux dessus. À mon avis, tu as raison, il faut donc s'emparer du sujet de la "violence" et "sauver le phénomène". O.K c'est exigeant. Mais si cette violence est présente dans les trois corpus, pas dans un seul, pourquoi charger une religion seulement? Parce que ce monde vit une période de guerre de religion? Des trois religions du Livre, tu charges la plus jeune des trois qui s'agite dans ses langes. Déjà, il faut savoir de quelle branche de l'Is. tu parles, il faut que tes lecteurs comprennent ces variations. Pas gagné. Rien que sur les termes: si tu dis à un rifain qu'il est "arabe", il te dira, ça ne va pas, moi je ne viens pas du Machreck! Beaucoup se plaignent de "religiosité importée", "d'entrisme" et tu retrouves ces stratégies d'influences auprès des fidèles bien décrites dans le poème de Ronsard "Discours des Misères de ce temps". À cette époque de Ronsard, les mots arrivent vite. Ces textes inactuels me semblent d'une actualité brûlante par rapport au tien. D'autre part, même chez les protestants, considère la condamnation de Servet par Calvin qui ressemble à une fatwa. "Déclaration pour maintenir la vraie foi, qui légitime la mise à mort des hérétiques". Le texte est effrayant, le supplice de Servet l'est tout autant. Déjà, chez les protestants certains refusaient ce "virage" mais craignaient de finir comme Servet, terreur, auto-censure, on y est. Ainsi, Castellion publie d'abord anonymement une réponse à Calvin. Elle demeure celle que n'importe quel croyant des trois religions du Livre peut faire à propos de sa foi actuellement: "Tuer un homme ce n’est pas défendre une doctrine, c’est juste tuer un homme". Argument toujours d'actu aujourd'hui, les questions phi. restent les mêmes. En bref, si tu charges l'Isl. tu charges un concept. Avec quoi remplis-tu ce concept? Avec quoi tes lecteurs rempliront-ils ce concept? À la Houellebecq? Pour moi, le monde arabo-musulman vit actuellemet ce que le monde chrétien a vécu il y a quelques siècles. En bref, si les seuls qui se collent à la lecture des textes religieux sont une poignée de théologiens et une bande de *** influençables qui lisent un texte au ras de la phrase, tu risques d'avoir des lecteurs "non désirés" ou alors d'écrire une somme poétique. Pense au travail de Kant avec sa CDLRpure. Il finit par écrire "Prolégomènes" car personne n'a fait de recension de son texte! Ce serait dommage, non? Le lexique me semble nécessaire, l'appareil critique doit être solide pour éviter les contresens de lecture. De plus, écrire à l'ombre d'un préfacier garantirait à mon avis une meilleure réception. À bientôt. Si tu veux m'envoyer en M.P c'est possible. Moi je suis à découvert, ni tête ni parole voilée. Donc je me tais ici.
Publié le 21/08/2024
Je serais complètement con de te reprocher une critique légitime et prévisible du propos du texte, surtout quand tu y consacres autant d'intelligence et de temps. J'ai ajouté le lexique. Je pourrais ergoter en disant que l'Islam n'est pas une religion comme les autres et argumenter des heures, mais certains sites font ça très bien (https://www.thereligionofpeace.com/index.aspx) et ce n'est pas mon propos, car en fait, j'ai construit mon poème dans un mouvement qui n'est pas, je crois, réductible à une critique de l'Islam. La colère de l'Efrit s'étend démesurément, englobant les fanatiques, puis les musulmans, puis les croyants, puis les non-croyants ne menant pas le même combat que lui... et dans cette rage, il se retrouve logiquement seul, prostré, ayant révélé ses propres dispositions à la croyance, au fanatisme, jusqu'à être "tout comme le prophète". C'est le parcours d'une rage plutôt qu'un plaidoyer. Au demeurant, je ne suis pas idiot : je vais très loin dans la critique de cette religion, dans le blasphème, comme certains poètes oubliés du XVIIIème siècle quand ils critiquaient le christianisme, ces libres penseurs outranciers et provocateurs ; et je le fais, parce que je veux donner du courage aux gens qui n'osent plus esquisser des critiques, y compris modérées, qui n'osent plus savoir, comme aurait dit Kant. Je veux éclater la fenêtre d'Overton à la masse. Et peut-être qu'en lisant ce texte, les gens penseront mal, feront des contresens et de mauvais usages... mais je sais qu'ils penseront, réagiront. Il me suffit de lire vos commentaires, pour savoir que c'est un texte qui ne laisse pas indifférent, et c'est déjà pas mal.
Publié le 21/08/2024
Mieux sans le synopsis in fine parce que tu parlais de "charge". Je réponds sur le "programme". Tu décris cette rage comme parcours, moi je vois un mouvement dans ton poème qui s'étend en englobant groupes sur groupes en ondes concentriques, j'ai l'image d'un séisme du point d'origine vers la destination globale (apocalypse) et l'épilogue sur "le crépuscule d'une idole" dont il aurait été sympa qu'elle existe mais pas de bol voilà, il est mort. Pauvre Efrit, à la fin on a envie de le consoler. Par ailleurs, qu'ils réagissent, ils savent faire, qu'ils osent penser par eux-mêmes... bah... Allez, j'arrête de t'embêter. J'espère que tu trouveras les bons arguments pour une préface. Je te souhaite le meilleur. À plus tard Enki.
Publié le 21/08/2024
PS : pour le préfacier, c'est intéressant ; je vais y réfléchir ; peut-être Georges A. Bertrand, que j'ai rencontré hier, mais je doute qu'il accepte : )
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