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Un petit bonhomme qui se trouvait là sans trop savoir pourquoi. On l’écoutait. Yeux goguenards, au milieu d’impressions bizarres. Quelques heures à discuter. 

Puis, sur les quais, il est seul. Petit ventre bedonnant, il sourit enfin. Les lumières de la ville – et il repense à un dialogue de vieilles dames dans un autobus. 

« Madame Martin ?... Morte dans son sommeil… » « Ah oui ! Son mari était gaulliste ! » 

Des passants à cette heure de la nuit. Marche plus rapide. Il se sent bien. Il ralentit. Rentrer chez lui ? Oui… plus tard. Il marche. Des réverbères des trottoirs des pas… tout est sombre. Il doute. Doute d’être vraiment là. Où habite-t-il ? Il ne doit pas le savoir. Pas encore. Plus loin peut-être. Mais là, il marche. On ne lui a pas dit où il allait. Il est pourtant ici à sa place comme nulle part. 

Que disait-il pour qu’on l’écoute ? Il ne sait plus. Ne sait pas. Il doit marcher, continuer à marcher. Parce qu’il n’est rien d’autre. C’est dommage, il y croyait presque. C’est aujourd’hui. Ni hier ni demain aujourd’hui, c’est tout. Il sait maintenant. Qu’il marche et qu’il s’arrêtera. Sans rien qui suit. 

Il se fait à cette idée. Plus serein. Quelque part, on tient à lui : on lui tend la main. Alors il est rassuré. Il tourne, prend une ruelle. Une ruelle sombre. 

             — Il sent alors 

          Qu’il doit s’effacer 

Démarche lente 

La ruelle se fait étroite 

Devient ombre 

Ça y est. 

Déjà. 

(extrait)


Publié le 11/02/2022 / 8 lectures
Commentaires
Publié le 11/02/2022
Poésie singulière ! Évocation d'images et souvenirs naissent à la lecture. Relecture. Nouveaux sens. C'est bien ! ;-)
Publié le 11/02/2022
Ma chère Allegoria, qu'il est bien attachant ton petit bonhomme. Bien sûr, ce bonhomme, c'est nous, des gens de peu finalement qui suivent la route, qui suivent la lumière ou la nuit. Peut-être que finalement il faudrait se contenter de cela, être ici, maintenant puisque demain n'est pas si sûr. C'est sûrement cela le bonheur, marcher dans cette ruelle.. Merci chère Allegoria.
Publié le 11/02/2022
J'ai compris le texte D'Allegoria de façon très différente. Pour moi, il est question d'un sans abri, de souvenirs d'enfance et de mort. Mais en général, je comprends tout de travers. ;-)
Publié le 11/02/2022
J'ai la même perception que la votre, mais qui sait? Peut-être est-il simplement le bruit de la ville qui disparaît lentement au cœur des ruelles sombres....Vivement la réponse d'Allégoria!
Publié le 11/02/2022
Il va donc falloir qu'Allegoria nous donne sa vérité :)
Publié le 11/02/2022
J'ai encore une autre lecture, Allegoria : allégorie de l'initiative et maintenant et d'un seul objectif : avancer, malgré la nuit, malgré la solitude avancer toujours
Publié le 12/02/2022
ohhh le titre est-il un indice? Le personnage est-il un vieil homme confronté à la perte de sa mémoire?
Publié le 12/02/2022
Bravo et merci Allegoria. J'aime la nuit, les personnages qui ont des failles, l'écriture efficace et il y a tout cela dans ton texte. Il suffit de quelques mots pour planter l'ambiance et mettre toutes les lumières sur ce personnage désorienté qui erre jusqu'à se fondre dans sa nuit. Je te l'avis déjà dit et cela se confirme ici, tu as l'oeil d'une réalisatrice, qui travaille en plans séquences, esthétiques et efficaces. Que du plaisir à te lire.
Publié le 14/02/2022
Ou tout simplement ce qui nous interpelle et fait le fondement de ce texte est cette part de nous que l'on y retrouve dans nos égarements.
Publié le 14/02/2022
Problème de connexion - véridique ! - rétablie. Raiponce. Version courte. Ni escalier ni porte. Seule une fenêtre, ou un bonhomme pour un ciel ouvert. Kyrielle de sourires à tous vos imaginaires en plein de dedans. Pas fini de vous embêter ! Merci ;)
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