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Rencontre avec Thomas Gunzig

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Ce soir, à Namur, Thomas Gunzig venait parler, se son dernier livre notamment mais pas que. Qu'a-t-il dit ?

Petit,  il était dyslexique. On avait imaginé de le faire suivre ses cours dans un établissement spécialisé. En écrivant, il a démontré à tous qu'il n'était pas cette personne inadaptée qu'on lui disait qu'il était. Il est aussi juif et son père associait toujours "juif" et "petit". Donc, Thomas s'est toujours vu comme un petit dyslexique. Ce qu'il voyait à l'époque, c'étaient les films avec Scarzenegger, Stallone, etc.... C'est sans doute pour ça qu'il a voulu s'arracher à un déterminisme corporel et a travailler son corps. Il est un grand sportif.

Il ne relit pas beaucoup ce qu'il écrit. Il rédige d'abord très soigneusement. Il relit le lendemain pour prendre son élan et continuer sa rédaction. Ensuite il ne relira que deux ou trois fois mais il connaît des auteurs qui relisent encore et encore.

Il est impatient et dès la rédaction de quelques dizaines de pages terminée, il a besoin de faire lire, de demander des avis de ses proches même si parfois, ça peut être un peu douloureux. Malgré tout, le travail de l'écrivain reste un travail solitaire.

Il préfère les auteurs qui imaginent les choses plutôt que les romans auto-biographiques. Mais comment viennent les idées ? En flânant, en glandant, en reposant son esprit mais ça reste un peu paradoxal car si l'idée se présente, il faut quand même que l'esprit soit suffisamment éveillé pour l'attraper, l'évaluer, la transposer et éventuellement, la travailler.

Ecrire les dialogues est l'une des choses les plus difficiles car il faut parvenir à faire comprendre qui parle sans systématiquement dire "Tom lui a-t-il répondu", etc....

Ecrire un nouveau livre, c'est reprendre de zéro. Il faut tout réapprendre, imaginer de nouvelles idées, une nouvelle rédaction. On ne sait jamais le temps que ça va prendre pour développer un nouvel écrit, ni si l'idée va séduire, ni comment on va la développer.

Lorsque Thomas Gunzig relit des oeuvres qu'il a jadis écrites, il est surpris car, il se reconnaît mais il comprend qu'il a changé. Il ne pourrait plus écrire ce qu'il a écrit. C'est un autre lui, avec d'autres priorités.

 

Il n'y a pas de corrélation entre le talent et le succès. De toutes façons, les deux sont imprévisibles. Il y a des gens qui ont du talent et du succès, des gens qui n'ont pas de talent mais qui vendent quand même beaucoup. Il y a aussi ceux qui ont du talent et qui ne rencontrent jamais le succès. Et on ne peut bien sûr pas éviter ceux qui n'ont pas de talent et qui n'ont pas de succès non plus.

Les critiques, les éditeurs et la société en général cherchent préfèrent plutôt une littérature de conventions. Trop de nouveauté n'est pas ce qui est recherché. Margueritte Duras avait écrit à ce sujet.

 


Publié le 21/02/2023 / 1 lecture
Commentaires
Publié le 25/02/2023
Les premiers romans sont toujours très autobiographiques de façon globale, et une fois ce premier roman écrit, il semble que ce soit très compliqué d'en faire naître un second pour celles et ceux qui ont peu d'imagination. Le travail d'un écrivain repose sur l'imaginaire certes, mais surtout sur un travail de recherche et de documentation pour commencer, et de veille aussi, très importante pour tenter d'anticiper les thématiques du moment, et puis ensuite c'est beaucoup d'observation et de psychologie, beaucoup d'autres lectures mais aussi de films aussi. et même de la musique pour se plonger dans des émotions spécifiques. Et puis pour de grands auteurs cela a aussi été question de drogue et d'alcool, mais bien évidemment je ne le recommande pas. Un roman ne vient jamais comme cela, c'est beaucoup de travail et d'abnégation, et je pense, une curiosité insatiable... avec tout de même un peu de temps à consacrer aussi. Merci pour ce partage Patrice.
Publié le 26/02/2023
Entre le roman et l'autobiographie, il y a ce qui m'intéresse le plus : l'analyse de ce que l'on fait de ce que l'on a vécu (si ce vécu peut avoir un intérêt pour autrui), notamment la capacité d'introspection et la compréhension d'autrui, et l'utilisation de cela pour narrer une histoire forte, avec des messages. En ce sens, c'est ainsi que je pense l'écriture, avec l'espoir d'être lu. Après, le reste... être reconnu... c'est trop commercial et trop temporel pour moi :-)
Publié le 26/02/2023
J’apprécie beaucoup ce texte, et en particulier l'avant dernier paragraphe pour sa franche réalité. La phrase qui m'étonne le plus est : "Lorsque Thomas Gunzig relit des oeuvres qu'il a jadis écrites, il est surpris car, il se reconnaît mais il comprend qu'il a changé. Il ne pourrait plus écrire ce qu'il a écrit. C'est un autre lui, avec d'autres priorités." Elle me donne une vision de la diversité que sont les personnes qui écrivent. Car pour ma part, je suis exactement l'inverse. J'ai retrouvé il y a peu (retraite oblige ?) plusieurs écrits de mes 13 à 20 ans, et j'ai été frappé de ce qu'ils pourraient être aussi vrais aujourd'hui, tant dans le fond que sur la manière d'écrire. La richesse en vocabulaire en moins, les fautes d'orthographe en plus :-)
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