Ania et Saïd

          Je m’appelle Ania. Derrière mon guichet, derrière mon uniforme, derrière mon plexi, rien ne peut m’arriver, tout est sous contrôle. La salle est récente et propre, bien propre aussi parce qu’elle est vide. Au sol, c’est du béton lissé, les …

Vasques d'ivoire

  Enveloppant la nuit d’un parfum d’aubépine L’ange à son souffle d’or pousse un fruit de coton Vers l’horizon drapé dans un creux de feston Comme du sucre d’orge à la fleur de glycine.   Des vitraux chatoyant dans de la nougatine Cachen…

A la montagne

  Il se tenait debout devant la cheminée éteinte, se demandant pourquoi il était revenu dans cette maison de famille, inoccupée depuis la mort de ses parents, quarante ans plus tôt. Il avait vu dans le jardin, un carré de légumes, se dit, dé…

Piastre de singe

Ils vont vers leurs plaisirs comme ils vont vers la mer Les bras chargés de sable et le cœur plein de haine En oubliant le vent les flocons et la laine Que des rides de sel couvrent d’un goût amer.   Ils échappent aux mots et aux bruits de l’enf…

Le Horla - Guy de Maupassant - 1887

8 mai. — Quelle journée admirable ! J'ai passé toute la matinée étendu sur l'herbe, devant ma maison, sous l'énorme platane qui la couvre, l'abrite et l'ombrage tout entière. J'aime ce pays, et j'aime y vivre parce que j'y ai mes racines, ces profondes et délicates racines, qui attachent un homme à la terre où sont nés et morts ses aïeux, qui l'attachent à ce qu'on pense et à ce qu'on mange, aux usages comme aux nourritures, aux locutions locales, aux intonations des paysans, aux odeurs du sol, des villages et de l'air lui-même. J'aime ma maison où j'ai grandi. De mes fenêtres, je vois la Seine qui coule, le long de mon jardin, derrière la route, presque chez moi, la grande et large Seine, qui va de Rouen au Havre, couverte de bateaux qui passent. A gauche, là-bas, Rouen, la vaste vil…

Sotie sans suite

Un ogre descendu d’un ciel de pacotille Dévorait le mouchoir d’un chardon qui pleurait Car un tabellion par orgueil le leurrait En le faisant cousin d’une blonde jonquille.   Emu par la douleur d’une fleur si gentille Un âne bon enfant que le p…

Leur rêve de marbre.

           On m’a pris en flagrant délit à peindre peu vêtu au théâtre royal de Namur ! J’en ai un peu marre de foutre en l’air mes T-shirts ou mes pantalons en les maculant de peinture, alors, pragmatique, je me mets en slip parce que le tissu le pl…

Orientales en fleurs

Cette flaque de cire où bout l’éternité Vacille comme un fleuve épuré de sa lave Que des cris de soleil échappés d’une épave Couvrent d’or et de boue en toute vanité.   Des palmiers alourdis par la sérénité D’une oasis éteinte aux lèvres …

Cénotaphe royal

Un serpent de soleil au sommet du beffroi Regarde un jour mourir et la nuit mise en bière Dans un chiffon de feu qu’un éclat de lumière Enflamme d’un soupir dérobé de l’effroi.                        Passant la porte d’or et le chas de l’oc…

Avant la vie

  LA FAUTE Nous vivions heureux dans ce que vous, humains, appelleriez le Paradis, dans ce que vous, croyants, souhaitez après. Nous n'obéissons pas aux mêmes règles que vous, n'avions pas les mêmes systèmes de valeurs, nous n'avions pas comm…