Le lutin du lac de vassiviére,

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L'ouverture

 

J'ai rencontré un couple honnête, amoureux et généreux. Nous avons des affinités et des activités communes. L'homme et la femme aiment le sport et la nature. Il arrive qu'ils me covoiturent.

Dernièrement, nous parlions de contes durant un trajet automobile. J'ai inventé la première histoire que j'ai contée en public, qui me fut inspirée par un ami, et qui plaît à tous, collègues conteurs, enfants et adultes. Dans cette histoire, je me baigne dans le lac de Vassivière en fin de soirée. Revenue sur la plage pour m'essuyer, j'y entends un appel au secours et j'aperçois au bord du rivage un petit être improbable, un lutin minuscule échoué dans un bateau pop-pop aussi petit que lui. Je raconte nos échanges et comment il m'a poussé à l'aider dans sa mission, réunir les lucioles, alors que je ne crois pas du tout aux êtres surnaturels et que je fais tout pour m'en débarrasser.

Au cours de ma conversation avec le couple, je leur ai dit que j'avais visionné un reportage dans lequel une femme « complètement frappée », selon mes termes, amenait le réalisateur dans la forêt et essayait de le convaincre qu'elle voyait des lutins et communiquait avec eux. C'est alors que l'amie m' a dit :

  • Mais Valérie, moi aussi, j'y crois aux lutins.

    Il y eut un silence, le mien, empli de gêne et de honte. Je me suis dit que croire en en Dieu ou croire en un lutin, ou en toute autre être fantastique était finalement bien humain, que mon incroyance de tout ne devait devenir ni radicalité ni autorité. J'ai alors ajouté :

  • Ce n'est pas parce que je n'y crois pas qu'ils n'existent pas.

    Appréciant vraiment les qualités de ce couple, j'ai pensé que leurs croyances les regardaient, qu'elles leur étaient importantes et que je n'avais pas le droit d'en juger. Cette anecdote m'a fait revoir mon jugement concernant la croyance en Dieu. Devenue une athée irréductible, je n'ai pas à tenter d' influencer les croyants pour qu'ils rejettent leurs Dieu, d'autant plus que leurs croyances leur sont souvent indispensables.

 

Ce fait d'apparence anodine m'a aidée à devenir plus ouverte envers tous ceux qui ont des croyances que je ne partage absolument pas. Je suis maintenant plus attachée aux qualités du cœur qu' à celles de la raison. Les unes comme les autres peuvent être source de démesure, de comportement abusif et d'incompréhension.

 

Qu'importent nos croyances ou incroyances respectives quand l'ouverture à l' autre, l'amitié et le partage sont réels.


Publié le 25/10/2025 / 10 lectures
Commentaires
Publié le 25/10/2025
Bien dit, Valérie, Il est bon de croire en certaines choses, comme ce berger Elzéard qui planta une forêt dans un lieu aride, entre le sud des Alpes et la Provence — L’Homme qui plantait des arbres de Giono, un petit bijou. Qu’il est bon aussi d’être ouvert et d’avoir un grand cœur. Et comme le disait Oscar Wilde : « Soyez vous-même, les autres sont déjà pris. »
Publié le 25/10/2025
Croire induit une forme d’irrationalité. Et employer ce mot c’est admettre que ce n’est pas une vérité absolue. Et cette noblesse de respecter les croyances des autres me rappellent Voltaire qui disait : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire » … merci Valérie
Publié le 26/10/2025
Il a écrit, je crois : "Douter, c'est commencer à penser". Merci pour les retours. Oui, croire en des êtres humains.
Publié le 26/10/2025
C'est marrant, ce texte qui sort maintenant, au moment où Léo et moi avons une explication autour de F. Cavanna qui ne partage pas du tout ton point de vue, Valérie. J'en profite donc pour rediffuser ici ses arguments si bien dits. "Lecteur, avant tout, je te dois un aveu. Le titre de ce livre est un attrape-couillon. Cette “lettre ouverte” ne s’adresse pas aux culs-bénits. […] Les culs-bénits sont imperméables, inoxydables, inexpugnables, murés une fois pour toutes dans ce qu’il est convenu d’appeler leur “foi”. Arguments ou sarcasmes, rien ne les atteint, ils ont rencontré Dieu, il l’ont touché du doigt. Amen. Jetons-les aux lions, ils aiment ça. Ce n’est donc pas à eux, brebis bêlantes ou sombres fanatiques, que je m’adresse ici, mais bien à vous, mes chers mécréants, si dénigrés, si méprisés en cette merdeuse fin de siècle où le groin de l’imbécillité triomphante envahit tout, où la curaille universelle, quelle que soit sa couleur, quels que soient les salamalecs de son rituel, revient en force partout dans le monde. […] Ô vous, les mécréants, les athées, les impies, les libres penseurs, vous les sceptiques sereins qu’écœure l’épaisse ragougnasse de toutes les prêtrailles, vous qui n’avez besoin ni de petit Jésus, ni de père Noël, ni d’Allah au blanc turban, ni de Yahvé au noir sourcil, ni de dalaï-lama si touchant dans son torchon jaune, ni de grotte de Lourdes, ni de messe en rock, vous qui ricanez de l’astrologie crapuleuse comme des sectes “fraternellement” esclavagistes, vous qui savez que le progrès peut exister, qu’il est dans l’usage de notre raison et nulle part ailleurs, vous, mes frères en incroyance fertile, ne soyez pas aussi discrets, aussi timides, aussi résignés! Ne soyez pas là, bras ballants, navrés mais sans ressort, à contempler la hideuse résurrection des monstres du vieux marécage qu’on avait bien cru en train de crever de leur belle mort. Vous qui savez que la question de l’existence d’un dieu et celle de notre raison d’être ici-bas ne sont que les reflets de notre peur de mourir, du refus de notre insignifiance, et ne peuvent susciter que des réponses illusoires, tour à tour consolatrices et terrifiantes, Vous qui n’admettez pas que des gourous tiarés ou enturbannés imposent leurs conceptions délirantes et, dès qu’ils le peuvent, leur intransigeance tyrannique à des foules fanatisées ou résignées, Vous qui voyez la laïcité et donc la démocratie reculer d’année en année, victimes tout autant de l’indifférence des foules que du dynamisme conquérant des culs-bénits, […] À l’heure où fleurit l’obscurantisme né de l’insuffisance ou de la timidité de l’école publique, empêtrée dans une conception trop timorée de la laïcité, Sachons au moins nous reconnaître entre nous, ne nous laissons pas submerger, écrivons, “causons dans le poste”, éduquons nos gosses, saisissons toutes les occasions de sauver de la bêtise et du conformisme ceux qui peuvent être sauvés! […] Simplement, en cette veille d’un siècle que les ressasseurs de mots d’auteur pour salons et vernissages se plaisent à prédire “mystique”, je m’adresse à vous, incroyants, et surtout à vous, enfants d’incroyants élevés à l’écart de ces mômeries et qui ne soupçonnez pas ce que peuvent être le frisson religieux, la tentation de la réponse automatique à tout, le délicieux abandon du doute inconfortable pour la certitude assénée, et, par-dessus tout, le rassurant conformisme. Dieu est à la mode. Raison de plus pour le laisser aux abrutis qui la suivent. […] Un climat d’intolérance, de fanatisme, de dictature théocratique s’installe et fait tache d’huile. L’intégrisme musulman a donné le “la”, mais d’autres extrémismes religieux piaffent et brûlent de suivre son exemple. Demain, catholiques, orthodoxes et autres variétés chrétiennes instaureront la terreur pieuse partout où ils dominent. Les Juifs en feront autant en Israël. Il suffit pour cela que des groupes ultra-nationalistes, et donc s’appuyant sur les ultra-croyants, accèdent au pouvoir. Ce qui n’est nullement improbable, étant donné l’état de déliquescence accélérée des démocraties. Le vingt et unième siècle sera un siècle de persécutions et de bûchers. […]" Bise, Valérie. ;-)
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