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Une vie comme beaucoup d’autres, peut-être…
Besoin d’amour

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Ce texte participe à l'activité : 7 jours pour tout changer

Besoin d’amour 

Père en alcool,
mère en dépression.
Quatre sœurs entassées dans une chambre moyenne, deux par lit.
Le fils, seul dans sa chambre, isolé. Pourquoi ?
Famille sans tendresse, sans amour.

Le fils passe souvent du temps chez son meilleur ami, fils unique, couvert de tendresse et de baisers par sa mère.
« Pourquoi pas moi ? » se demande-t-il, déjà malheureux.
Il décide de chercher, de ressentir l'amour.

Il est éveillé et il s'imagine sur son lit de mort.
La porte est fermée, personne ne peut l'entendre.
Il commence à organiser sa mort.
Il pleure, à sanglots, en torrents.
Il est hypersensible.

Il entend ses sœurs discuter, rigoler, échanger avant de s'endormir. Il n’est pas de la partie, c’est un garçon. Dans cette famille, il y a un malaise avec la sexualité, et il l’apprendra bien plus tard dans sa vie. Ce malaise restera marqué, archivé, et ressortira un jour. Lorsqu’il comprendra qui il est. Peut-être.

Il imagine ses quatre sœurs et ses parents à son chevet.
Ils pleurent, tous ensemble, la mort du fils, du frère.
Il fait durer ce moment, ce simulacre d'affection.
Ils lui disent : « Je t'aime, nous t'aimons tellement. »

Ses oreillers sont inondés.
Il se reprend doucement, s'apaise, s'endort.
Il vient d'avoir la preuve qu'on l'aime.

Il a dix ans.
Et il comprend qu'on l'aimera quand il sera mort.

Il perpétue ce rituel régulièrement
Pas tous les jours.
Juste quand il besoin d’être aimé
C'est la seule preuve d'amour qu'il connaisse.
Cela l'apaise et l’endort. 

Est-ce fou ?
Oui, c'est complètement fou
Mais cette illusion l'aide à vivre.

Il ne veut pas inquiéter sa mère.
Son père, lui, n'existe qu'en vinasse.
L'amour, enfin ressenti, l'apaise.

Tristement.

Plus tard jusqu'à ses 14 ans je crois, il s'entendra se faire répéter : que c'est   un vaux rien, un âne, un incapable, une triple buse, un veau.

Même sa grand-mère paternelle s'y mettra,  qu à son âge son père jouait au foot, allait au filles, buvait des canons. Il remettra sa grand-mere en place dans une colère et elle ne lui adressera  plus jamais la parole. 

Lui il prenait la défense de sa mère en silence jusqu'àu jour où il remit son père ivre en place, ce qui lui dû de monter dans sa chambre s'enfermer car il l'aurait tué ou assomé. Il ne sait pas, ce fut très très violent 

À partir de ce jour il souffrira en silence de la dépression de sa mère et pour très très longtemps. L'héritage de sa mère. 

Je dois inclure ici pour casser l'ambiance les vacances qu'il passait  chez cette grand-mère dans un petit village, on l'appellera

Son village d’enfance

 

C’était un petit village, pas bien grand,

juste assez pour contenir le bonheur d’un été.

Il y arrivait comme on entre dans un lieu de vacances 

sans bruit, sans fracas, mais le cœur déjà ouvert.

 

Chez sa grand-mère paternelle,

tout le monde se retrouvait.

Elle avait quatre enfants, et tous venaient.

Avec leurs conjoints, leurs enfants,

et puis il y avait son oncle de Marseille,

qui arrivait avec Micheline, Luc et Bertrand.

Ils arrivaient en DS.

Et quand il voyait la DS…

Il savait qu’ils  étaient  au complet.

 

Il restait deux semaines, peut-être plus,

mais le temps, là-bas, n’avait plus la même façon de compter.

Sa grand-mère avait trois vaches.

Ils  allaient les chercher au champ,

on les ramenaient, ils  faisaient la traite le matin.

Ils  riaient  entre cousins, cousines.

Ils  jouaient  à papa et maman,

on prenaient le café dans des tasses imaginaires,

Ils  s’inventaient des familles, des maisons, des vies.

Ils  jouaient sérieusement,

comme seuls les enfants savent jouer.

 

Ils allait se promener dans la forêt de sapins.

Un jour, il  trouvé une montre.

Ils ont  mis une annonce dans le journal.

Les gens l’ont récupérée et lui ont  donné 50 francs.

Il se souviens. Il était  fier.

 

Il y avait une fontaine,

juste à côté de la maison de sa grand-mère.

Les vaches venaient y boire.

Devant la maison, un petit jardin,

derrière aussi, avec des arbres fruitiers,

et partout, des capucines,

qui poussaient dans les rochers.

Il revois leur orange éclatant,

comme des rires accrochés à la pierre.

 

Sa grand-mère avait bricolé une balançoire

avec une corde à une branche solide.

Il s’y balançait haut,

comme si il voulait toucher le ciel.

Un soir, ils  avaient marché sur la  route étroite,

jusqu’au feu d’artifice du 14 juillet.

Il n’y avait pas beaucoup de voitures.

Il y avait surtout la nature,

et eux,

ensemble.

 

Puis ils ont grandi.

Les étés se sont faits plus courts,

les retrouvailles plus rares,

et un jour, la DS n’est plus venue. Ils étaient partis vivre à Nouméa et revenaient rarement. 

 

(Lorsqu’il voyait Luc son cousin que rarement  après le départ très loin. C’était un déchirement quand il repartait, Luc était beau souriant plein de vie et toujours accroché au cou de sa maman il l’enviait terriblement. Lorsqu’il partait, il lui fallait une semaine pour s’en remettre, il était malheureux et pleurait en silence la boule au ventre ) 

 

Quand la DS repartait

 

Ils avait ri,

Ils s’était salués cent fois,

Ils avait dit “à l’année prochaine”,

et il s’était presque promis

de ne jamais grandir.

 

Mais la DS repartait.

Elle tournait au bout du chemin,

et lui je restais là,

sans rien dire.

 

Il pleurais.

Pas fort.

Mais pour de vrai.

 

Parce que c’était fini.

Parce que c’était beau.

Parce que il le savais déjà.

 

Tellement de choses à dire, tellement de souvenirs… 

Son cousin Luc décéda d'un accident de moto à l'âge de 50 ans 

 

 

Publié le 19/07/2025 / 62 lectures
Commentaires
Publié le 20/07/2025
Bonjour Michel, ton texte bouscule et prend au tripe car tu parviens à bien partager la situation et l’émotion vécue. A la question est-ce que l’on est fou en imaginant certaines situations, la réponse est non je pense. De nombreux enfants par exemple se créent un personnage imaginaire. Cela peut paraître effectivement fou, sauf que cette création imaginaire, permet à l’enfant de provoquer des situations ou des dialogues dont il peut avoir besoin pour se développer. Cela arrive souvent avec des enfants seuls, et c’est donc plus un signe de bonne santé mentale puisque ce faisant il échappe à l’aliénation à certaines situations dont l’enfant ne voit pas d’issue possible. Lorsque des enfants jouent seuls avec des figurines ou poupées, ils les font parler simultanément et cela semble naturel et source de créativité « qu’est c’e qu’il s’invente comme histoire ». L’ami imaginaire ou tout autre imagination c’est la même chose, sauf qu’il n’y a pas l’objet (ou le dessin) pour servir de transfert à ce besoin et même parfois cette nécessité pour se construire, car l’on se construit aussi à travers des pensées et des idées qu’il faut bien faire exister d’une manière ou d’une autre s’il n’y a rien. En revanche, ce qui est source d’énormément de mal être qui peut conduire à des drames et même plus tard à de gros déséquilibres chez l’adulte, c’est de n’avoir pas compris et appris de ses émotions. Et ne sachant les gérer (et parfois même, ne pas les identifier tout court car le panel des émotions est très vaste et apprendre à connaître toutes les nuances et ressors des émotions n’est pas aisé), peuvent conduire à de la confusion et même des schémas de pensées ou de comportements qui ne reposent pas sur « de bons rails » ce qui peut conduire certaines personnes à dérailler, et même dérailler encore puiqu’il est difficile de comprendre et parfois remonter tellement loin dans le temps, pour comprendre toute cette mécanique et pourquoi l’enfant a pu se trouver par défaut et sans aide ni accompagnement de personnes éclairées… sur de bons rails. Je reste persuader qu’il faudrait que l’école puisse transmettre cette connaissance (émotions, comportements qui y sont liés…) car ce sont des socles et des bases indispensables pour apprendre à se connaître soi et être attentif aux autres et pouvoir les aider le plus tôt possible. Victor Hugo disait, "l’éducation c’est la famille qui la donne, l’instruction c’est l’Etat qui la doit » mais aussi, très complémentaire : « Ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons », ce qui est vrai… à la condition que ce qu’on y apprend, permette effectivement de mieux comprendre l’humain, ce qui n’est pas toujours le cas, à commencer par l’absence d’apprentissage des émotions dans toutes leurs nuances. A plus tard Michel.
Publié le 20/07/2025
Merci Léo, très belle analyse. Et je suis entièrement d’accord avec vous, que l’école aurait certainement un rôle à jouer. Le fait est, comment trouver cet enfant qui ne laisse rien paraître… c’est très très compliqué et cet enfant aura une vie bien difficile dans les épisodes suivants. Un écorché vif qui malgré tout aura du courage beaucoup de courage. Je ne sais pas si j’ai entré ce récit dans le challenge 7 ou 8 jours pour un récit ! I still find it difficult to understand Merci beaucoup Michel
Publié le 20/07/2025
Pour le faire participer il faut faire comme Marie-Noëlle, se rendre sur la page de l’atelier, cliquer sur « sélectionner un texte », choisir celui-ci donc et valider. Et pour te répondre au fond de ton texte, de l’importance des mots… la communication joue un rôle essentiel dans le développement humain, ça et tu l’abordes aussi très bien dans ton texte : le regard. Se sentir exister et aimé dans le regard des autres et à commencer par « les siens » c’est aussi très important. A plus tard.
Publié le 21/07/2025
Merci Léo, je commence à comprendre le fonctionnement et je vois que des déblocages ont eu lieu. J’ai rajouté sur le 1er chapitre un épisode de vacances et des modifications quand nécessaire.
Publié le 20/07/2025
Le désert affectif d'un enfant au milieu des siens, l'absence de mots, la rareté du geste tendre peuvent avoir de graves répercussions sur la psychologie des enfants. Et si une imagination hypertrophiée doublée d'une inconscience s'en mêle, on peut aisément s'inquiéter. " Ils l'aimeraient une fois mort " ... Un constat qui peut dans les cas extrêmes entrainer des gestes fatals ... Hâte de lire la suite. Merci du partage 🍀
Publié le 21/07/2025
Merci Sam, la suite avance doucement mais sûrement Bien à vous Michel
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