Toi

Chacun de tes doigts de pied, longs, fuselés, si délicats, semblent animés d’une vie propre. Tu devrais porter des gants pour mieux les mettre en valeur. Après tout, la chaussure n’est qu’une convention. Ta silhouette est si élégante, magique, que, q…

Cheval roux

Cheval roux   Il avance sur trois pattes et galope vers le ponant survolant les pions, aussi agile que fragile, la licorne n’a pas de case fétiche mais un bois sur le front. Une fée triche, elle se colle une étiquette et harcèle la sale bêt…

Perthro

Je suis le thaumaturge au bord du précipice Dont le vide myrteux a collé le regard, J’ai traqué l’avenir, j’ai joué l’aruspice, Mais jamais je ne vois au-delà du Midgard.   Les Nornes m’ont vaincu : mon destin se dérobe. J’ai cherché tant et ta…

le Chant d'Isis

Le chant d’Isis.   Nil, écoute mon chant, vois mes larmes, mes pleurs, Et vous, tombeaux des rois, embrassez ma détresse. Comment de cet effroi dis-moi, toi, la prêtresse Puis-je effacer l’offense et chasser les douleurs ?   A quoi me sert la…

Phorésie

Phorésie     Douce association de la rémora et du barracuda, le premier auto-stoppeur n’a pas peur de la morsure du géant prédateur, il se colle et vole à sa vitesse de croisière protégé par sa ventouse, l’hôte insolite se balade sans danger dans …

Cendres et songes

Le lourd balancier d’or du temps qui se défait Comme un nœud de cravate aux couleurs de la page Touche les toits blottis contre un bout de plumage Qu’un perroquet trahit d’un regard imparfait.   La bouche d’une fée avouant son méfait Colle aux …

Serpent à sonnet

Persiflage lascif d’une dune ecchymose  Un serpent adonien à la mine assassine Force les cieux défaits que rien ne prédestine A semer le poison d'une acariose   Funeste trahison par-delà l’horizon D’un mutin pharaon à l’allure abyssin  Se muan…

Tiare à rimes

Pâle comme un flocon qui tombe d’une étoile La nuit se pose enfin sur le bout d’un rocher Qui garde le vieux port sous son regard d’archer Face aux vagues d’écume à la bouche de toile.   Les navires de guerre arrachés de leur voile Surgissent d…

Le grand Meaulnes, de Alain Fournier

Il arriva chez nous un dimanche de novembre 189… Je continue à dire « chez nous », bien que la maison ne nous appartienne plus. Nous avons quitté le pays depuis bientôt quinze ans et nous n’y reviendrons certainement jamais. Nous habitions les bâtiments du Cours Supérieur de Sainte-Agathe. Mon père, que j’appelais M. Seurel, comme les autres élèves, y dirigeait à la fois le Cours Supérieur, où l’on préparait le brevet d’instituteur, et le Cours Moyen. Ma mère faisait la petite classe. Une longue maison rouge, avec cinq portes vitrées, sous des vignes vierges, à l’extrémité du bourg ; une cour immense avec préaux et buanderie, qui ouvrait en avant sur le village par un grand portail ; sur le côté nord, la route où donnait une petite grille et qui menait vers La Gare, à trois kilo…

C'est là que l'on rêve

Enveloppée dans les nuages L’obscurité se remet des affres du jour Et se défie de la tristesse indolente C’est alors que des voix feutrées Appellent un monde silencieux Et c’est là que l’on rêve.   Les idées se bousculent et s’assemblent  L…